6- Louis

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SINCE HOW MUCH TIME ?
Ou comment très vite comprendre la phrase "L'amour rend stupide".



C'était gênant.

Ça, tu peux le dire.

Je crois que j'ai... Hum... Aimé ça ?

De quoi ?

Le... Le "lemon", sur le chapitre précédant.

Ha oui ?

Oui. C'était... Excitant.

Excitant ?

Excitant.

Oh, et bien, d'accord.

Ok.

Ça tombe bien, y en a d'autres...

Cool !

Ouais.

Ouais.

Je... Hurm... Je te laisse commencer le chapitre ?

Ah, oui ! Euh... oui, bien-sûr ! Donc, hurm... Si on se remet dans le contexte d'avant le flashback, je suis entrain de faire une crise de panique, c'est ça ? Attends, deux secondes, que je me mette dans le personnage... Voilà, c'est bon, on peux y aller.

Quand tu veux !

J'ai envie de rire. Sous ma respiration hasardeuse, sous la peur et la panique, j'ai juste envie de rire aux éclats en me remémorant tout ça : quels cons on était !.. Mais à la place, ma poitrine se soulève plus régulièrement, plus profondément.. Je me calme peu à peu. Je sors ma tête de mes mains, la pose contre le mur, et inspire longuement l'odeur médicale de l'hopitale, détendant mes muscles.

-Ça va mieux mon ange ?

Je ré-ouvre les yeux, et surprends le regard inquiet d'Harry. Ironique, n'est-ce pas ? C'est lui que je suis venu rendre visite, mais moi qui ai besoin d'être réconforté.

-Oui, je souffle. Merci.

Il sourit faiblement. J'observe à nouveau son visage bleu et violet, noir part endroit. Il est recouvert d'hématomes. Seul une de ses joue, son front et son menton ont été épargnés. J'ai l'impression d'avoir un Harry bas budget devant moi, comme si on lui avait volé son corps, et qu'on lui en ai redonné un autre, abîmé.

-Je t'aime, dit-il. Je suis désolé.

Je soupire... Qu'y peut-il de toute façon ? Ce qui est fait est fait. Maintenant, autant se concentrer sur ce qui reste à faire.

-Je sais, Harry. Je sais...

Je me lève avec difficultés, légèrement tremblant, et commence à parcourir le maigre espace qui me sépare d'Harry. Je jette un coup d'oeil à la fin du reportage. Mauvaise idée. Les questions rappliquent au quart de tour, refont surface et kidnappent toute mon intention, déferlent sur mon cerveau en un grand tourbillon : "Et si je me faisais harceler, frapper, moi aussi ? Et si je perdais tous mes amis à cause de mon homosexualité ? Et si tout le monde me rejetait ? Est ce que j'arriverais à le supporter ? Et si je me retrouvais sur un autre lit d'hôpital ? Et si je n'avais pas cette chance ?? Si, pire, je..."

Non ! Stop ! Tu arrêtes, Louis !
Un vent d'Ouest, que j'appelle ma raison, chasse cette mauvaise atmosphère. Mais elle ne fait que la repousser..
Je secoue la tête, comme pour m'enlever de l'esprit ces mauvaises pensées, et reprends ma route.
Je rejoins Harry, qui ne fait qu'être spectateur de mon débat intérieur. Je me penche, enlace avec délicatesse et précaution le corps fragile de mon Amour, et profite de la sensation de bien-être qui m'envahit alors. Il mêle sa main à mes mèches, tandis que l'autre, plâtrée, repose sur son ventre.

I Saw It In Your Eyes. [L.S] ARRÊTÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant