Chapitre I

266 36 35
                                    

La sonnerie de l'école retentit lorsque je range mes affaires dans mon sac. C'est mon sac préféré, un vieux rose et du gris comme couleurs. Il est assez grand pour que j'y mette ma farde et mes livres. À mon habitude, je dis "au revoir" à mon professeur en sortant de la classe et à mon grand étonnement, il me stoppe et me demande de rester cinq petites minutes. Bien évidemment, j'accepte et je pose mon sac ainsi que ma veste sur le premier banc pour aller jusqu'à son bureau.

- Cordellia , je te retiens quelques instants pour te parler à propos de ton devoir.

Inquiète, je me demande ce qu'il a à me dire et à son regard, je constate bien qu'il ait remarqué mon inquiétude.

- Est-ce toi qui l'as écrit ? Toi seule, me demande-t-il.

- Oui monsieur, c'est bien moi. Pourquoi ? N'est-il pas correcte ?

- Si, bien sûr que oui. C'est justement pour cette raison que j'aimerais te parler.

- Ah bon, vous l'avez aimé ?

- Ah, ça oui! Je l'ai dévoré de la première à la dernière ligne. Ton histoire est si passionnante et pleine de rebondissements! Elle est tout simplement fantastique.

- Merci beaucoup, ça fait plaisir, lui dis-je.

- Avec plaisir. Mais, dis-moi, tu aimes la littérature?

- Oui beaucoup, j'ai déjà lu un tas de livres.
Je lui répond avec beaucoup d'enthousiasme.

- Et tu écris aussi?

- Oui, j'adore, vous savez cela me permet de m'évader, peu importe le contexte, et ça me calme beaucoup, lui répondis-je fièrement. J'approfondis, et dis "ce que je préfère, c'est le fantastique".

- Je me demandais, n'as-tu pas déjà envisagé de faire connaître tes histoires ?

- Si, mais je ne sais pas comment je dois m'y prendre pour ça.

Bien évidemment, je mens... Mes parents sont contre, mais je n'ai pas envie de le lui dire. Ils pensent qu'écrire ne sert à rien, ils ne me voient pas faire carrière dans ce domaine. Pour eux, je devrais faire de la médecine. Ce sont deux médecins très doués, ils sauvent des vies, mais moi je n'aime pas ça. À la vue du sang, j'ai la nausée.
Je commence à me perdre dans mes pensées lorsque Monsieur Dieze les interrompit.

- Cordellia ? M'as-tu écouté ?

- Excusez-moi, monsieur, je me suis égarée dans mes pensées. Que me disiez-vous ?
Je lui pose cette question, embêtée de ne pas l'avoir entendu la première fois.

- Je te disais que si tu le souhaitais, je pouvais passer ton histoire à un ami. Il travaille dans une maison d'édition et pourra essayer de la faire parvenir à son patron s'il trouve que l'on peut en faire quelque chose.

Ne sachant que lui répondre, je lui dis que je réfléchirai à cette offre et que je le tiendrai au courant. Nous continuons à en parler encore durant une dizaine de minutes lorsque je reçois un appel de ma mère. Elle et mon père ont pris leur weekend pour passer un peu de temps avec moi. Surprise et contente, je souhaite un bon weekend à mon professeur et me dirige jusqu'à la voiture de mes parents. Ils étaient parqués devant l'entrée de l'école. J'entre dans la voiture et leur demande comment s'est passée leur journée.

- Super, ton père et moi avons sauvé deux, trois vies, raconte ma mère le sourire aux lèvres. Une dame et sont mari ont eu un accident de voiture. La dame avait une longue barre en métal plantée dans son ventre et le mari, lui, a eu un choc au cerveau à cause de l'air bag. Cela a été compliqué pour aider la femme mais nous y sommes parvenus. Et toi, comment s'est passée ta journée?

- Bien. Elle s'est bien déroulée.

- C'est tout, me questionne mon père.

J'hésite à leur dire ce que mon professeur m'a dit pour mon histoire. Je sais qu'ils seront contre mais, j'en ai tellement envie que je ne peux m'en empêcher.

- En fait, mon professeur de français nous avait donné comme devoir d'écrire une histoire pour un peu évaluer notre écriture et notre niveau, voir si nous savons développer nos idées et notre imagination.

- Et alors?
Mon père s'impatiente.

- Et alors, il a aimé la mienne et m'a proposé de la faire parvenir à son ami qui travaille dans une maison d'édition et il ...

- Hors de question, m'interrompent mes parents en même temps. Ils ont l'air très contrariés. Tu sais bien que ça n'est pas pour toi, reprit ma mère, nous te l'avons déjà dit.

- Non, tu te trompes. J'aime beaucoup et je suis plutôt douée pour ça.

- Tu ne l'es pas, toi, c'est la médecine, me dit-elle froidement.

- Non !

Je me mets hors de moi. C'est tellement blessant de leur part. Comment peuvent-ils être aussi égoïstes? Ils ne peuvent pas me forcer à faire quelque chose qui ne me plait pas.

- Vous êtes médecins, mais moi, je veux être écrivaine. C'est ça, c'est ma vocation, poursuivis-je sur un ton calme pour changer d'atmosphère.

En colère, mon père se retourne pour crier sur moi à cause de mon attitude, mais il perd le contrôle de la voiture qui fait des tonneaux pour finir par s'écraser contre un mur. C'est arrivé si vite. Je n'arrive pas à me dégager, je suis coincée. J'ai peur, tellement peur, aucun de mes parents ne bouge, aucun d'eux ne parle. Moi, je suis bloquée à cause de ma ceinture et je n'arrive pas à la détacher. J'ai fort mal à mon bras droit, je pense qu'il est cassé et j'ai le pied coincé sous le siège de ma mère. J'essaie de me sortir de la voiture, mais c'est sans résultat. J'ai la tête à l'envers, la voiture est retournée mais, j'arrive à voire des arbres. C'est la seule chose que je vois car de l'autre côté, il y a un mur qui bloque la vue.

- Maman , papa!

Personne ne répond.

- MAMAN , PAPA, criais-je de plus en plus fort. J'ai la voix qui tremble et les larmes coulent en masse sur mon visage.

J'entends qu'il y a quelqu'un près de la voiture. Oui, deux personnes sont là et j'entends quelqu'un qui appelle l'ambulance tandis que l'autre regarde dans la voiture et demande si on l'entend.

- Est-ce que vous m'entendez ? Êtes-vous blessés, dit la personne.

Avant même d'avoir le temps de répondre, j'entends quelqu'un dire :

- Oh mon dieu, regarde! Cela m'etonnerait qu'ils te répondent.

Qu'est-ce que cela veut dire ? Ils ne peuvent pas mourir, je n'ai qu'eux. Ma famille est morte l'an dernier. Leur bateaux a coulé et ils se sont noyés. Mes larmes coulent encore plus et j'ai comme une envie de mourir. Je n'ai pas de famille, je n'ai que mon père et ma mère. Je suis fille unique. Mais, ils sont morts par ma faute. J'entends l'ambulance, mais ça ne sert à rien. Mes parents sont morts.

Tout a basculé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant