Prologue

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☆☆☆

J'entre dans le bar en traînant des pieds. Il n'y a pas beaucoup de monde ce soir.
J'aperçois immédiatement Josh derrière le bar qui sert un whisky au vieil homme. Je compte m'asseoir juste à côté mais je vois Josh demander sa pause à Éric.

Habituellement, il dépose un baiser sur mon front mais cette fois, il m'entraîne dehors par les épaules. Lorsque la porte se referme derrière nous et que nous nous retrouvons seuls, il me dit en baissant les yeux:

- Je t'aime Olivia. Je t'aime genre, vraiment.
- Je t'aime aussi, dis-je en commençant à m'inquiéter.

Il se racle la gorge, m'attrape les mains et continue:

- Je n'ai jamais ressenti ça pour personne et tout ce qu'on a vécu ensemble, je ne pourrais jamais l'oublier. Jamais...
- Josh, tu commences à me faire peur.
- Olivia... On ne peut pas ignorer le fait que toi et moi... on est complètement différents.

Je sens les battements de mon coeurs s'accélérer.

- C'est ce qui fait que je t'aime, je m'exclame.
- Oui mais réfléchi: tu vas aller à la fac l'année prochaine et moi, je resterais ici, dans ce bar.
- On le savait Josh. On le savait et on s'était dit qu'on se verrai dès qu'on en aurait l'occasion. Tu te souviens ?

Josh ne daigne même pas lever la tête, me regarder dans les yeux.
Moi je sens les larmes qui commencent à couler le long de mes joues.

- Tu te souviens ? je répète plus fort.

Enfin, il lève le menton. Lui aussi est en train de pleurer.
C'est impossible. Il ne peut pas me faire ça. Il ne peut pas nous faire ça. Il m'aime. Il me l'a dit!

- Olivia. Je suis désolé... murmure-t'il.

J'éclate en sanglot et couvre ma bouche avec ma main, comme pour retenir un bruit.

Josh reste là, à me regarder,en pleurant. Le voir dans cet état me fait l'aimer davantage. J'ai envie de le protéger. J'en ai même besoin. Couvrir ses pleures, sécher ses larmes. Je m'approche de lui mais il recule immédiatement et lâche mes mains.
C'est comme un coup de poignard qu'il m'enfoncerait en me regardant droit dans les yeux: il a conscience de ce qu'il me fait, mais ne semble pas regretter.

- Alors c'est fini ? je lui demande entre deux sanglots.

Josh me regarde, les yeux pleins de larmes. Si ça le blesse autant, pourquoi le fait-il ?

- Je suis désolé, répète-t'il.

Je devrais lui rendre le collier qui est toujours à mon cou. Je devrais, pour lui montrer à quel point il me tue. Mais j'aime ce collier. Je n'ai pas la force de l'abandonner.

Je crois ne pas avoir la force non plus pour bouger, pourtant, je me retourne, stoïque, vers ma voiture et me dirige vers celle-ci. J'entre à l'intérieur et met le contact.

J'aperçois dans le rétroviseur Josh, qui n'a pas bougé. Démarrer la voiture est une des choses les plus difficiles que j'ai faites.
Pour une fois je ne branche pas ma clé USB et conduit en silence. Je connais le trajet jusqu'au pont par cœur et c'est sans réfléchir que je m'y dirige.

Comment Josh a-t'il pu me quitter ? Pourquoi maintenant ? Depuis quand a-t'il pris cette décision ?

Pendant que je me pose toutes ces questions, j'arrive au pont. La route est déserte. Je suis seule. Comme je l'ai toujours été d'ailleurs. Je me suis souvent fait cette remarque: nous naissons seuls, nous mourrons seuls. Et au fond, on vit seul. Nos choix, nos problèmes, nos peurs: on y fait face seul.
Quand j'ai rencontré Josh, j'ai pensé que ce n'était plus mon cas. Je n'étais plus seule. Quelqu'un m'aimait pour ce que j'étais. Quelqu'un était là pour moi, pour mes choix, mes problèmes, mes peurs.

À cet instant, je me rend compte que je me voilait la face. Nous sommes tous seuls. Et les gens s'en rendent compte quand ils sont seuls dans leur lit, tard dans la nuit.

Et je m'en rend compte ce soir, au bord du vide, au bord du pont, les yeux fermés.

Avec Le TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant