Josh.

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☆☆☆

Au bout de la rue, Ella klaxone, et réveille sûrement par la même occasion, tout le quartier.

- Tais-toi ! je lui lance.
- Oh ça va, répond-elle. Il n'y a pas d'ambiance ici.

Dylan se tourne vers moi et me demande:

- Alors, c'était comment ?
- Ça va, je mens.

Il secoue la tête et insiste.

- Non, vraiment ?
- D'accord. C'était horrible.

Je ne me sens pas bien tout à coup. C'est vrai, je suis certain qu'Olivia a tout fait pour que ça se passe bien. Mais c'était impossible.

- J'ai dû leur dire ce que je comptais faire après le lycée, j'ai dû serrer la main à des gens à qui je dégoûte. J'ai dû écouter les ricanements de ses deux amies. Ah, et j'ai assisté à l'ouverture des cadeaux. Attendez un truc de malade.
- Qu'est-ce qu'elle a eu ? demande Ella en traversant le grand pont.
- Une deuxième voiture, un chèque avec une somme faramineuse j'imagine puisque même Olivia était choquée. Et des trucs par ses potes.

Dylan a l'air de se tordre complètement en deux pour me regarder.

- Une deuxième voiture ? Elle a en déjà une pas vrai ?
- Oui ! je m'exclame. Je comprend pas. Et moi je lui ai offert un dessin et un petit collier en argent.

Je vois Ella me regarder quelques secondes dans le rétroviseur et me demande:

- Comment elle était Olivia ?

Je soupire en me remémorant le repas.

- Extrêmement mal à l'aise. Elle les a à peine remercier. Et elle n'a pas arrêté de me défendre. Mais ça ne servait à rien: leur opinion s'est faite quand ils ont appris ma situation financière.

Plus personne ne parle dans la voiture. Je pose ma tête contre la vitre. Je suis épuisé.

C'est dingue comment on remarque la différence entre les deux rives même la nuit. Tout paraît plus vieux, moins beau ici. Toutes les lumières ne fonctionnent pas, la route est moins belle et on entend des sirènes n'apportant pas de bonnes nouvelles.

Je rentre chez moi silencieusement mais ma mère est dans la cuisine. Toujours en tenue d'infirmière, elle se fait un sandwich. Lorsqu'elle me voit, elle m'embrasse sur le front et me demande:

- Alors cette soirée ? 

J'hausse les épaules, mais ça ne lui suffit pas. Elle veut plus, elle veut des infos, des détails, des anecdotes. J'aimerai lui dire que la famille d'Olivia est géniale, qu'ils m'ont bien accueillis, que j'ai fais des efforts d'intégration. Mais ça serait mentir.

- Pas terrible.

Ma mère s'approche de la petite table et tapote ses genoux pour que je vienne m'installer.

- Je suis trop grand...

Elle insiste, alors j'accepte, tout en essayant de paraître le moins lourd possible. J'ai l'impression d'avoir fait un bon en arrière. Je me revois là, il y a plusieurs années, sur ses genoux, autour de cette table. Rien n'a changé. Cette toute petite table me parait encore trop grande pour nous deux. Il y a toujours cette place vide qui semble attendre quelque chose. 

- Qu'est ce qu'il s'est passé ? m'interroge-t'elle en caressant mes cheveux.

Je soupire et je me demande si je dois tout lui dire. Je ne veux pas qu'elle s'inquiète ou pire, qu'elle souhaite rencontrer les parents d'Olivia. 

- Ils n'ont pas fait d'effort pour me mettre à l'aise. Même ses amies. Ils m'ont posé des questions sur mon avenir, sur ce que je voulais faire après le lycée. Bien sûr je n'ai pas dis "avocat", "docteur", "chercheur" ou je ne sais quoi, alors, je n'ai eu aucun intérêt pour eux. Pire, ils m'ont méprisés. 
- Et Olivia ?
- Elle avait honte je crois. Je ne comprend pas... Elle n'est pas comme eux. Je le sais bien, pourtant... je n'arrête pas de me poser pleins de questions...
- Quelles genres de questions ?

Avec Le TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant