NIAN (Tome 2) : Mon autre

Chap. 10 - Se mentir pour ne pas souffrir

PDV Nina

Nous nous dirigions en silence vers l'hôtel. J'osais à peine regarder Ian. Et je dois reconnaitre que cette situation était totalement inédite et sidérante. Je sais qu'en tant qu'acteurs, nous sommes souvent obligés d'accepter des situations abracadabrantesques mais la ça dépassait tous les délires que nous aurions pu nous imaginer. Comme modifier notre contrat par exemple. Finalement, rien n'avait changé. Nous arrivions dans le parking souterrain de l'hôtel et sortions de la voiture.
Il me tendit la main galamment comme il l'avait toujours fait. Je le regardais dans les yeux avant de sortir et attrapa le bout de ses doigts. Depuis que nous avions quitté Julie tout était un peu surréaliste.

Dans l'ascenseur je le regardais et lui demandai.

- Crois-tu que nous pourrions manger ensemble dans ta chambre ?

Il me dévisagea avant de me dire élégamment

- Si tu ne me l'avais pas demandé je te l'aurais proposé.

Pour appuyer ses propos, il me fit un sourire qui s'effaça aussitôt.

Une fois chacun installé dans sa chambre, après avoir retrouvé nos affaires, je sentis mon téléphone vibrer. Ian m'annonçait que le repas était arrivé. Je prenais à nouveau l'ascenseur et descendait le retrouver. Il m'accueillit et nous commencions à manger, toujours dans un silence de mort.
Je ne pouvais pas laisser les choses ainsi. Il était tiraillé entre le plaisir d'être avec moi et sa femme. Je devais le libérer d'un poids. Et le seul fardeau que je pouvais lui retirer c'était le mien. Sinon les trois prochaines semaines seraient longues, très longues. Je devais tenter de le rassurer sur mes intentions et pour cela lui mentir. Je posais mes couverts bruyamment dans l'assiette pour attirer son attention. Il leva les yeux et me regarda.

- Ian, je sais que la situation est plus que bizarre en ce moment entre nous. Mais voilà, nous allons devoir vivre ensemble trois semaines alors ...

Il commença à se redresser pour dire quelque chose, mais je ne le laissais pas faire.

- Non s'il te plait laisse-moi finir. En l'espace de 48 heures j'ai l'impression d'avoir vécu quatre vies. La première ce fut l'inquiétude de te revoir, puis le plaisir de te retrouver, ensuite beaucoup de sentiments ont refait surface ce qui m'a totalement déboussolée et toi aussi je crois, ce fut alors le temps de l'incertitude. Maintenant voici ma quatrième et dernière vie avec toi, celle du plaisir, celle de l'amie qui ne souhaite que ton bonheur et rien d'autre. Si jamais tu as le moindre doute, saches que je ne veux toujours pas me marier et encore moins avoir d'enfants. Alors prenons ces trois prochaines semaines comme nos dernières vacances que nous nous accorderons ensemble ... seuls ... entre ami. Et rien d'autre car je ne saurai t'apporter plus.

Je me mordais l'intérieur de la bouche en lui disant cela pour m'en convaincre également. Je vis alors son visage passer par plusieurs stades celui de la déception puis de la résignation pour enfin se de détendre légèrement.
Je n'avais pas d'autre choix que de lui dire ça, sinon il se refermerait comme une huitre sur lui-même et attendrait que les 3 semaines ne se passent, tout en partageant le moins de temps avec moi. J'espérais simplement que mes mensonges ne se retourneraient pas contre moi.

PDV Ian

Ce qu'elle venait de me dire nécessitait une réponse. Lorsqu'elle m'a coupé la parole j'allais lui faire part de mes interrogations quant à mes sentiments pour elle, que ce temps ensemble coupé de notre quotidien serait un bon moyen de savoir si un « nous » était encore envisageable, mais elle venait d'y répondre et d'une manière sans équivoque. Il n'y aurait pas de nous, ce n'était pas son souhait.
J'avais l'impression qu'elle venait de me retirer l'épine du pied pour m'enfoncer un pieu dans le cœur à la place. Soulagé mais en même temps tellement déçu. Mais advienne que pourra, c'est ce qu'elle voulait alors elle l'aurait.