NIAN (Tome 2) : Mon autre

Chap. 5 - Complicité retrouvée

PDV Nina

Il me tenait le menton et paraissait sincère. Mais qu'attendait-il de moi ? Et moi qu'est-ce que j'attendais de lui ?

- Ian, s'il te plait, j'ai besoin d'être seule.
- Nina, je ne peux pas te promettre autre chose que ma sincère amitié. Mais j'espère que tu me pardonneras un jour. Ça compte beaucoup à mes yeux.

Il se leva et quitta la pièce. Je le regardais sortir et fixais la porte longtemps après son départ. Les mots que nous avions prononcés avaient été forts et profonds. Je crois que nous avions enfin dit tout ce que nous avions sur le cœur. Etrangement, je me sentais libre. J'avais mis en mot tout ce que je j'avais toujours voulu lui dire mais que je n'avais jamais réussi à faire. Les compteurs étaient à zéro. Enfin presque, je ne lui avais pas tout dit à propos de Nikki et ne lui dirais certainement pas. Cette histoire n'était pas la mienne. Et puis, il le savait peut-être déjà.
Je m'allongeais sur le lit et fermais les yeux quelques minutes. Ces minutes durèrent des heures. J'eus du mal à émerger, quand j'ouvris les yeux. Je m'assis dans mon lit et je vis posé sur ma table de chevet une assiette avec un sandwich et un petit mot posé  dessus. J'attrapais le bout de papier et esquissai un sourire en le lisant. C'était Ian m'écrivant ceci :

« Ma chère belle au bois dormant, il est hors de question que vous quittiez cette chambre sans que vous ayez mangé ce délicieux sandwich, fait en toute amitié avec, si ma mémoire ne me joue pas des tours vu mon grand âge, que des ingrédients que tu aimes. J'espère que le ventre plein, tu auras un peu pardonné l'égoïsme, dont j'ai fait preuve ces dernières années. J'étais sincère en disant à l'aéroport qu'avant d'avoir été un couple nous avons été amis. Mon amie me manque.
Je crois que c'est ça que j'ai essayé de te faire ressentir en te prenant dans les bras tout à l'heure.

Sincèrement, Ian »

Je repliais le morceau de feuille et regardais le sandwich, soulevant la tranche du dessus pour voir ce qu'il avait mis dedans. Il ne s'était pas trompé : du fromage frais, du saumon fumé et de la salade coupée en lamelle. En commençant à le croquer, je sentis le zeste de citron qu'il avait ajouté. Son casse-croute était un régal. Même si, sans vouloir minimiser son œuvre, j'avais tellement faim que je me serais rassasiée de n'importe quoi.
Je terminais la dernière bouchée et me levais. Avant de sortir j'allais regarder ma tête dans le miroir de la salle de bain et vis un zombie. Moi, qui d'habitude n'avais pas besoin de beaucoup de maquillage, il allait falloir que je mette le paquet pour être présentable. Pendant que je me refaisais une beauté, il restait néanmoins quelques questions qui n'avaient toujours aucune réponse. Etais-je toujours amoureuse de Ian ? Ou était-ce simplement l'idée de me retrouver seule et de recommencer avec un inconnu qui m'empêchaient de construire quelque chose ? Mais avais-je envie de construire quelque chose ? A toutes ces interrogations je n'avais aucune réponse satisfaisante à donner. De toute façon à chaque fois que j'étais avec Ian toutes mes certitudes s'envolaient alors je décidais de me laisser porter par les évènements, attendant un signe de quelque chose ou de quelqu'un pour m'aiguiller dans mes choix.

Je sortais de ma chambre plus que jamais dans le flou artistique, me dirigeant vers la terrasse et le jardin où Ian devait probablement se trouver.

PDV Ian

Je relisais mon texte mais avec difficultés. J'avais tellement de mal à me concentrer pensant à ce qu'il s'était passé avec Nina. Ce que sa présence avait réveillée en moi. Elle m'apportait ces deux sentiments totalement opposés, à la fois je me sentais libre avec elle mais en même temps la frustration m'envahissait lorsque je la regardais. Elixir de vie et poison, elle coulait dans mes veines et j'en aimais la sensation. Mais j'étais marié, à une superbe femme qui avait changé pour moi.
Je la connaissais depuis longtemps, avant de nous marier, c'était une amie de Nina. Et plus d'une fois, à la demande de Nina, j'avais dû aller la récupérer plutôt alcoolisée dans des boites de nuit. Alors c'est évident qu'à cette époque je ne me serais jamais imaginé marié avec elle, mais voilà la vie est capricieuse voire un peu farceuse. Et puis nous essayions d'avoir un enfant...
J'entendis la porte s'ouvrir et levais les yeux de mon scripte alors que je sentais l'angoisse intérieurement monter légèrement .
Je la vis arriver vers moi celle qui aurait pu être aujourd'hui ma femme, elle semblait reposée et ... souriante. J'étais soulagé de retrouver ce sourire qui la rendait encore plus belle. Elle s'avançait vers moi en me regardant, je ne pus m'empêcher de répondre à son visage par un sourire agrémenté d'un petit clin d'œil. Si l'on me demandait à ce moment précis à quoi je jouais avec Nina, j'aurais été incapable de répondre. Ne sachant pas moi-même pourquoi je réagissais de la sorte. Mais c'est ce qu'elle m'inspirait. Je continuais à la regarder se mouvoir et s'assoir en face de moi. Elle était si gracieuse et heureuse.