Chapitre 18: Sandy

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Nous nous regardons quelques secondes puis je détourne les yeux. Lui pas. Je sens son regard peser sur moi.

- Eh bien, tu m'as l'air plus timide que lorsque tu parles en pleine nuit avec mes agents. dit-il avec un air quelque peu arrogant.

Pour une raison inconnue le rouge me monte aux joues. Il est plus charismatique que les deux rigolos de l'autre nuit et plus intimidant.

- Nous allons commencer par une question simple. Comment vous appelez-vous?

Nous sommes passés du tutoiement au vouvoiement, bien.

- Sandy, dis-je en relevant la tête.

- Moi, je mappelle Nick.

Pourquoi me donne-t-il son prénom ? Peut-être n'est-ce pas le bon. Où peut-être ne me laissera-t-il pas m'en souvenir très longtemps.

J'ai l'impression qu'il fait durer tout ceci comme s'il sait en ce moment même ce que je ressens. Comme si tout ceci n'est qu'un jeu. Le seul problème c'est qu'il en connaît l'issue, pas moi. C'est déstabilisant. Mais je ne me laisserai pas faire, je ne le laisserai pas m'intimider.

Un silence pesant se fait, comme si personne ne sait quoi dire, comme si lui seul avait ce privilège.

- Sais-tu pourquoi tu es ici ?

- Eh bien, je suis au courant de vos activités et j'ai vu le visage de trois de vos hommes ainsi que le vôtre désormais.

Encore un silence. Un silence mortuaire. Même les hommes aux quatre coins de la pièce n'esquissent pas un geste. L'on entend même pas leur respiration, seul le léger soulèvement régulier de leur poitrine nous permet de savoir qu'ils vivent. Jake, qui est derrière moi est lui aussi muet comme une tombe. Cet homme est manifestement respecté. Je ne saurai dire si le silence est pesant ou bien rassurant. Sûrement un peu des deux. Mais à chacune de mes respirations j'ai comme l'impression qu'il se fait plus oppressant. Cette pression me donne l'impression que seul ma respiration est bruyante ce dont je me moquais royalement il y a quelques minutes.

J'ai l'impression d'être une élève punie attendant son jugement. Il y a tellement de façons de décrire ma situation.
Au contraire de la sentence, il n'y aura qu'une seule solution. Cet homme est totalement respecté et il ne mettrait pas ce respect en doute en me proposant plusieurs issues. Cela se voit rien qu'à son regard d'acier qui me scrute.
J'ai envie de me retourner pour voir Jake. Voir quelqu'un de familier mais je m'abstiens de peur de paraître impoli. Et aggraver mon cas ne m'aiderait sûrement pas.

- Bien, j'ai quelque chose à te proposer.

Je déglutis difficilement. C'est le moment fatidique. J'ai l'impression que ma voix est inaudible. Un filet de sueur froide coule le long de ma colonne vertébrale. Je relève la tête et mes yeux rencontrent ses orbes couleur acier. Son regard est impénétrable. Comme s'il était imperméable à toute émotion. Moi, je suppose que la peur se lit ouvertement sur mon visage crispé.

- Travaille pour moi.

Trois mots. Il suffit de trois mots.
Trois simples mots qui me donnent l'impression que tout mon univers s'écroule. Moi qui pensais que la mort était la pire des sentences. Si j'accepte c'est comme si je soufflais moi-même sur les cendres de mes rêves que je ne pourrais jamais accomplir.
Et si je dis non Dieu seul sait ce qu'il pourrait me faire.

Les deux solutions qui s'offrent à moi me font perdre quelque chose. D'un côté ma vie tant rêvée pour troquer celle de criminelle et de l'autre mon dernier souffle, qui se fera sûrement dans cette pièce.

J'amorce un demi-tour. Je commence à marcher vers la sortie. J'ai l'impression que mes pas résonnent dans un écho insoutenable. Je continue de marcher vers la porte. Je l'atteins et commence à tourner la poignée. Je sursaute quand j'entends que l'on arme le chien d'un pistolet. Je commence à ouvrir la porte. Une voix s'élève dans la pièce totalement silencieuse.

- Laissez là.

Est-ce qu'il me laisse partir, vraiment ? J'ai l'impression que c'est un piège mais je préfère ne pas y penser pour le moment et continue ma marche. Des pas se font entendre derrière moi. Je me retourne et vois que ce n'est que Jake. Sûrement pour me raccompagner, après tout c'est lui qui a la voiture et je lui fais confiance.

Comme Une Aide De L'au-delà ( Terminé / En Correction )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant