Chapitre 31: Sandy

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Cela fait maintenant des mois que je travaille pour Nick Johnson. J'ai désormais dix-huit ans. Je n'ai pour l'instant assisté que de petites transactions sans grande envergure.

Aujourd'hui, non, un gros client potentiellement dangereux et véreux a passé commande auprès de nous. Je serai en quelque sorte la négociatrice, je dois vérifier la somme d'argent et ne pas tomber dans un guet-apens. Nick a des doutes sur ses intentions et il me fait confiance pour déjouer une quelconque action malhonnête.

Cette transaction est prévue depuis des semaines via des messageries que seules quelques personnes dont moi et Jake connaissent l'existence.

Oui, Jake fait partie de l'opération. J'ai peur, non pas pour lui, mais pour moi. Il n'y a ici aucune trace d'égoïsme, il est juste mieux préparé que moi.
Moi non, je me sens prête physiquement mais mentalement je ne me sens pas capable d'ôter la vie à un de ces hommes si tout ne se passe pas comme convenu. Mais Nick semble me vouer une véritable confiance, comme s'il anticipait mieux que moi mes réactions.

L'heure d'y aller vient et mon angoisse m'accompagne aussi.

Nous arrivons dans un endroit désert de toute population. L'endroit est véritablement bien choisi, il n'y a même pas un junkie venu atteindre le nirvana à l'abri des regards.

Ils arrivent dans des voitures d'où ils sortent des mallettes qui je suppose contiennent l'argent.

Jake commence la négociation même si tout est joué d'avance.

Jake continue de parler avec l'homme qui ne cesse de jeter des coups d'œil à ses compagnons.
Jake empoigne la première valise, la soupèse et une expression de surprise se peint sur son visage que son interlocuteur perçoit sans doute car il attrape la valise et l'envoie de toutes ses forces dans le visage de Jake qui titube. Les autres qui se trouvent avec lui ouvrent les valises qui contiennent toutes des armes. Je ne comprends pas, le deal était équitable de toute part.
Jake arrive à maîtriser non sans mal son adversaire que je finis d'un coup de pied au visage. Les autres hommes qui étaient venus avec nous s'occupent des autres mais face à leur professionnalisme, le combat se passe mal, encore pire lorsque l'un des hommes braque son arme sur la cohue en criant.

- Police! Baissez vos armes!

Et merde. Instinctivement mes mains se posent sur l'arme froide qui repose dans mon dos que je n'avais jusque-là pas ressenti le besoin de sortir. Je regarde Jake qui s'est lui aussi figé à l'entente de leur fonction.

- A trois, je lui murmure.

Il hoche imperceptiblement la tête, signe qu'il a compris.
Je resserre ma prise sur la crosse de mon arme.

- Trois !

Nous sortons notre arme tous les deux et abattons simultanément les deux flics les plus proches de nous et courons nous mettre à l'abri dans le hangar proche de nous.
Des coups de feu se font entendre entre les deux camps puis le bruit si singulier des menottes qui se resserrent.
On est mal barrés pour le moment, une femme et deux hommes entrent dans l'entrepôt vide, faisant résonner chacun de leur pas au rythme de mon coeur.
Des gouttes d'eau tombent une à une d'une canalisation dans un bruit sinistre.
Nous marchons discrètement dans la pénombre priant silencieusement pour que rien n'interrompe cette marche.

- Là-bas!

Mon coeur sursaute en même temps que mon corps. Nous courons mais nous sommes bientôt rattrapés par les trois flics. La femme ne fait que nous sommer sans jamais tirer puis dans un geste que je considère comme désespéré elle se lance dans mes jambes faisant tomber par la même occasion Jake qui vient percuter le béton du sol. Elle me pointe avec son arme pendant que Jake se relève avec lenteur afin de ne pas finir avec une balle dans la jambe ou entre les deux yeux. La femme continue de me mettre en joue et les deux hommes se tournent vers moi subrepticement mais assez longtemps pour laisser à mon compagnon d'infortune le temps de rouler sur lui-même afin de retourner dans la pénombre puis se relève en faisant claquer ses semelles sur le sol. Les deux hommes sont envoyés à sa poursuite. Un silence se fait puis la voix de la femme se fait entendre. Je l'entends mais je ne l'écoute pas. Trop occupée que je suis à tenter de discerner le bruit d'une détonation qui me donnerait l'issue de la fuite de Jake. La femme crie me détournant de mon objectif.

- Ton nom!

Je ne réponds pas.
Sa réponse est plus violente puisqu'elle m'envoie son pied en plein visage. Je lui crache aux pieds le sang que j'ai dans la bouche.
Un rictus méprisant s'étale sur son visage, se croyant intouchable. Lui faisant relâcher la prise sur son arme, j'en profite pour balayer ses jambes et la faire tomber lourdement. Son arme s'éloigne dans un glissement qui lui fait immédiatement changer de regard car sans cette dernière ses chances de survie s'amenuisent tant que personne ne la rejoint. Des détonations claquent dans l'air, plusieurs, des bruits sourds se font entendre, des corps s'affaissent. A qui appartiennent- ils? Elle ne bouge pas, se contentant de me fixer d'un regard qu'elle veut imperturbable mais au fond d'elle, je suis sûre qu'elle a peur, tout comme moi. Elle se relève lentement . Nous nous faisons face puis les coups partent, nous jouons notre vie toutes deux. Ma tête part en arrière sous son crochet implacable mais ma réplique ne se fait pas attendre faisant entendre un craquement lorsque mon poing percute son nez et le casse avec certitude. Des coups partent dans le vide, brillamment esquivé par l'une ou l'autre.

- Rends-toi!

Je lui souris. Je n'ai plus rien à perdre depuis que je suis passée du mauvais côté. Si la mort vient me chercher aujourd'hui j'espère que cela ne fera pas trop de mal à Jake. J'entends des pas précipités résonant. Elle est distraite, mon pied part percuter son estomac qui la plie en deux et la fait reculer. Ils s'approchent. Leur arme au poing mais ils ne sont pas encore assez proches pour viser. J'attrape l'arme tombée tout a l'heure et vise la flic. Les hommes sont proches. Je redresse la femme et pointe sa tempe. Je leur crie de s'arrêter, ma voix se répercutant sur les parois. Ils hésitent puis obéissent. Ils m'ont dans leur ligne de mire et me gardent en joue. Mon doigt se resserre autour de la détente. Nos regards s'accrochent avec les hommes en face de moi.

Nous tirons en même temps.

L'arme dévie du crâne de cette flic mais je parviens à loger une balle dans son corps sans que je ne sache où car mon propre corps est atteint. Mon bras, voilà pourquoi je l'ai loupé.

Dommage.

La mort ne veut pas de moi aujourd'hui.





Comme Une Aide De L'au-delà ( Terminé / En Correction )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant