-Elle ne répond plus à mes appelles ni mes messages!
-Laisse lui le temps...
-Le temps de quoi Loucas? J'ai rien fais de mal putain!
-Je sais.
-Elle t'en a parlé?
-Oui on en a parlé un peu, sans plus.
-Qu'est-ce qu'elle a dit?
-... rien
-Arrête de mentir, qu'est-ce qu'elle t'a dit?
-Mais rien Gaia, juste que ça lui faisait chier mais qu'elle n'arrivait pas à te le dire c'est tout.
-Bha ce n'est pas rien.
-Bon écoutes, t'es sous tension je préfère te parler quand tu seras plus calmes.
-Ouais ok, à plus.
Sans lui laisser le temps de parler je raccroche et jette le portable sur le lit. Je ne comprend pas la réaction de Claire, elle n'est même pas venue pour me dire au revoir, elle ne daigne même pas répondre à mes messages et mes appelles. Si elle ne peut pas comprendre que c'est important pour moi de m'installer ici pour faire des recherches alors... alors je ne préfère même pas y penser.
Je retourne au salon ou papa travail sur l'ordi, à cause de moi il doit traiter des dossiers en retard mais surtout il a perdu certains clients. Cela fait maintenant 2 semaines que nous nous sommes installés en Ardèche, dans la petite ville d'Annonay. Ce n'est vraiment pas une grande ville mais bizarrement y être avec mon père ça change la donne.
-Il est tard. Lui dis-je en lui massant les épaules.
-Oui mais il faut absolument que je finisse de lire se dossier, il est extrement complexe.
-Alors je te laisse.
Je l'embrasse sur la joue et retourne dans la chambre. Mon portable est encore sur le lit, il clignote. J'ai un message de Max: "Salut Gaia, j'ai retrouvé d'autres photos mais surtout des journaux intimes de ma mère, il faudrait que je te scanne tout ça" - "Pas la peine, je passerais chez toi demain, donne moi ton adresse" - "tu es en Ardèche?" - "Oui je te raconterai demain". Après que Max m'est envoyé son adresse et l'heure à laquelle je pouvais passé, j'ai pris une douche et me suis endormie.
* *
*
Je suis devant la porte de l'appartement de Max, D'un geste un peu maladroit j'appuie sur la sonnette et quelques secondes plus tard j'entends les bruits de pas approcher de la porte. Enfin il est devant moi, un teint pale les yeux un peu cernés, des cheveux bruns en batailles et pas trés bien habillé. Nous restons face à face sans dire un mot puis sans crier gare il me prend dans ses bras. Un peu déstabilisé je lui rend son étreinte. J'aime son odeur, une odeur de sommeil, de grenier poussiéreux, de vieux parfum... de patchouli.
Son appartement est celui d'un artiste, des tableaux aux murs, des peintures des sculptures des fleurs fanés et des vieux meubles nichés dans les brocantes. Une senteur de vieux bois et une atmosphère mystérieuse que j'apprécie particulièrement.
Maxime à toujours était un collectionneur, un nicheur et un rêveur. Après la mort de ses parents il a trouvé une sorte d'exutoire dans l'art et les objets anciens. Faut avouer que son parrain Claude était un fervent artiste, bien connu en Ardèche, sculptant dans le bois et toute sorte de matériaux au rendu magnifique. En grandissant nous nous sommes perdu de vu même si nous nous voyons de temps en temps, c'était que nous ne nous ressemblions plus trop à cette époque. Lui trop mure pour son age et mois trop enragée nous ne nous comprenions pas.
-Assied toi. Me dit-il gentiment en m'offrant une place sur le divan. Tu veux boire quelque chose?
-Non merci. Dis-je en souriant.
-Alors... Tu es revenue en Ardèche.
-Oui, mon père et moi avons pensés que c'était la meilleur solution pour... pour le... retrouver.
Max baisse les yeux tout en acquiesçant, il semble mal à l'aise. Le silence est coupé par le "tic tac" d'une horloge. En regardant devant moi, sur la table basse je vois des vieux livres à la couverture usée mais enfantine. Mon cœur s'accélère et j'ai soudainement la bouche très sèche. Max vient s'asseoir à côté de moi et prend le livre que je fixe.
-C'était à ma mère. Claude les avaient chez lui depuis l'accident et il me les a amené quelques jours avant que ta mère ne décède.
-Il y en a plusieurs?
-Oui, ma mère devait adoré écrire parce qu'il y en a une vingtaines.
-C'est énorme. Dis-je d'une faible voix toujours les yeux rivés sur le bouquin.
Ses doigts se baladent sur la couverture d'un rose défraîchis, d'un geste presque solennelle il pose sa main dessus et ferme les yeux, sa respiration devient plus lente et profonde. Je pose alors ma main sur son épaule ce qui le fait revenir.
-Tu es la seule famille qu'il me reste Gaïa.
-Qu'est-ce que tu racontes?
-Claude a... a un cancer il n'en a plus pour longtemps. Dit-il les yeux larmoyants.
Je ne sais pas quoi répondre, je suis totalement désorienté. Je prend sa main dans la mienne et la presse pour lui dire que je suis là. Il lève le regard sur moi et me donne un petit sourire mal tracé qui est à deux doigts de se briser.
-Je suis la Max, tu pourras toujours compter sur moi. Tu sais... Je ne suis pas tellement forte pour réconforter les gens mais je peux être là quand tu auras besoin de quelqu'un.
-Merci beaucoup Gaïa.
Du revers de sa manche il se sèche les yeux et recommence à caresser le livre. Le bruit de l'horloge me donne mal au crane et de le voir si triste et vulnérable me fend le cœur.
-Je peux en prendre un?
-Oui prend...
Dans la pile je choisi le plus petit, une sorte de petit carné vert pale avec des petite marguerites dessus. La couverture est en carton plutôt bien conservé. inconsciemment mes doigts font comme ceux de Max, ils se baladent sur la couverture comme s'ils voulaient analyser chaque parcelle de ce papier. En ouvrant la première page je peux lire une écriture d'enfant mais avec de très jolies lettres que nous ne faisons plus de nos jours : "Journal intime de Francine 1971 à Annonay"
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Les parapluies noirs
General FictionJ'ai pris connaissance des lettres dans le bureau de papa, j'ai de suite compris. J'ai conduit toute la nuit pour te retrouver et tu n'es même pas là. A quelle moment la vie est devenue si compliquée? Il pleut, les parapluies sont noirs et sur...