Chapitre I

5.6K 481 14
                                    




            Les moqueries fusèrent durant pratiquement toute la matinée. Il s'avérait que la veille, la gamine avait bu une décoction purement écossaise qui l'avait rendu ivre. Sa future épouse ne tenait pas l'alcool et il s'en était voulu de la voir déblatérer des paroles incompréhensibles. Heureusement que sa dame de compagnie était venue à la rescousse. D'un regard furieux qu'elle lui avait jeté, elle s'était élancée jusqu'à la grande table où seuls les membres importants résidaient. Cependant, il s'avérait que ses hommes ne s'empêchaient de se moquer d'elle.

« Hic...Hic...La soie...Hic...Milord, la soie vous irait...à ravir, hic...Outch ! »

Un grognement sourd retentit aux oreilles du jeune homme qui devint aussi rouge qu'une pivoine. La mine d'Alaric lui fit ravaler ses paroles et, bredouillant des excuses, il baissa la tête devant son commandant, qui n'allait pas tarder à devenir son laird. Il aurait du être plus prudent, imiter sa prochaine maîtresse risquerait de lui faire perdre son poste, et il avait besoin de nourrir sa famille.

« Il suffit. Hier soir vous vous êtes bien amusés, mais la gamine ne doit pas savoir le revirement de la petite fête de la veille, déclara fortement Alaric, en levant le regard sur les autres hommes placés un peu partout dans la cour.

--Ach...Mais elle était toute pompette votre damoiselle ! lança Rodrick, un vieillard qui avait des tendances suicidaires depuis qu'il s'endormait sans boire une seule goutte d'alcool. »

Il était atteint d'une certaine maladie que le médecin avait décrétée comme du somnambulisme. Mais il était un gentil vieillard, pas très rusé, mais pas abruti non plus. Il avait été un guerrier aguerri autrefois et bien que cela puisse paraître surprenant, ce fut son précepteur, lorsqu'il fut petit.

En le voyant plaquer ses quelques cheveux gris sur les côtés de son crâne, et lui adresser un sourire en faisant apparaître ses dents jaunâtres, Alaric réprima l'envie de le jeter dans le loch. Il avait du passer sa nuit à boire vu sa mine affreuse et à vrai, dire, il empestait. Sa femme l'avait rendu ainsi. Enfin, depuis qu'elle l'avait quitté pour aller rejoindre le Seigneur, il ne s'était remis de son départ et avait croulé sous l'alcool. Et maintenant, lorsqu'il ne buvait plus il devenait paranoïaque et pensait qu'elle était à ses côtés. Il essayait de faire face à son chagrin comme il l'entendait et tout le monde savait qu'il se refusait de faire face à la vérité. Elle était partie. Et ne lui reviendrait jamais. Oui, avec lui le monde marchait à l'envers. Qui aurait cru que l'ivresse le remettrait sur le bon chemin ? Et que s'il ne buvait pas, on risquait de le voir se noyer dans le loch ?

« Si jamais j'en aperçois encore un se moquer de ma future femme, je l'embroche, reprit Alaric en fusillant Rodrick d'un regard noir. »

À ces mots, les quelques hommes rassemblés autour de lui se dispersèrent immédiatement pour vaquer à leurs occupations. La plupart s'entrainait, quelques-uns devaient s'assurer que les quartiers de Rowena et de ses servantes leurs conviennent. Mais il était plus préoccupé par les quartiers de la belle femme aux cheveux d'un roux flamboyant que ceux de sa femme, ce qui le rendait nerveux à chaque fois qu'il était face à l'une de ses deux femmes.

Marchant d'un pas décidé en direction du domaine, il pénétra dans la grande salle et eut l'heureuse surprise de voir Neassa. Pas dans une très grande forme à ce qu'il voyait. Pourtant sa mine radieuse et son visage légèrement rouge eut raison d'elle.

« Mon frère n'y est pas allé de main morte à ce que je vois, lança t-il en s'approchant d'elle.

Elle se tourna vers lui, confuse et gênée mais lui annonça d'une voix joyeuse.

Les Highlands, Tome 2: Une Lass FlamboyanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant