Les Highlands, Tome 2: Une Lass Flamboyante

Chapitre XI

Elle n'avait jamais passé une nuit aussi merveilleuse et forte en émotions. Mais lorsqu'elle avait ouvert ses paupières, que la lumière du soleil était entrée par la petite fenêtre de la pièce, Kenna remit les pieds sur terre. Il allait se marier. Pour son clan. Un écossais prenait à cœur ses responsabilités et même s'il sacrifiait une chose qui lui était plus ou moins précieuse, il ne regretterait qu'en silence son choix. Ayant tourné son visage à sa droite, elle le découvrit à ses côtés. Il ne dormait pas. Il la regardait avec des yeux pétillants de malices et visiblement heureux de ce qu'il s'était passé la veille.

« M'eudail...Tu as bien dormi j'espère ? »

Elle prit un temps avant de réagir. Nerveuse, oh que ça oui elle l'était ! Rien qu'à voir le regard avec lequel il la couvait, jamais Kenna ne s'était sentie autant désirée par un homme. Se redressant brusquement, elle remonta les draps devant sa poitrine dénudée et se prit la tête entre ses mains. Ce serait mentir de dire qu'elle n'avait pas apprécié cette nuit, et ce serait étrange de sa part qu'elle réagisse froidement vis-à-vis de lui. Kenna opta pour la troisième option. Se glissant jusqu'au bord du lit, s'entourant d'un drap blanc, elle passa une main dans sa longue chevelure flamboyante puis s'apprêta à se lever. Toutefois, dans son élan, elle sentit une poigne lui serrer le bras. Elle se rassit sur le lit à cause de son geste puis, se retrouva subitement entre les bras d'Alaric.

« La veille...Tu pleurais.

Assis derrière elle, sur ses deux genoux, il la nicha entre ses cuisses, seul le drap l'empêchait d'avoir un infime contact avec sa peau. Celle qu'il avait tant aimé caresser la veille.

--Pourquoi Kenna ? »

Demeurant silencieuse, elle se dégagea doucement de lui, ou du moins tenta de le faire avant que ses bras musclés ne la resserrent contre lui.

« Je suis désolée monseigneur. Je dois partir. »

La froideur dont elle fit preuve le cloua sur place. Lâchant alors sur le moment la jeune femme, il se décala doucement en arrière et la laissa se lever sans qu'il ne la dérange une nouvelle fois. D'un visage inexpressif, il osa l'observer reprendre ses vêtements éparpillés sur le sol de la pièce puis il la vit se rhabiller rapidement. Elle lui était de dos et elle n'osait même pas le regarder. Cependant il savait à sa manière de lui répondre qu'en lui ayant répondu de cette manière, elle n'avait pas la même interprétation de cette nuit que lui. Alaric avait pensé qu'elle avait des sentiments pour lui. Qu'elle se l'avouait finalement. Néanmoins, elle lui montrait clairement qu'ils n'avaient été contrôlés que par le désir et qu'une fois cette nuit achevée, ils reprenaient leurs places.

« Je demanderais à l'une de vos domestiques de vous apporter de quoi déjeuner.

D'une brève révérence, elle lui dit ses quelques paroles avant de se redresser doucement.

--Ce ne sera pas nécessaire. Mes hommes et moi devons partir tôt ce matin, avait-il répondu d'un ton froid. »

Ce qui transperça son cœur. Mais elle l'avait bien cherché. A vrai dire, Kenna se souciait plus de bien-être de son clan que du sien. Non par acte d'héroïsme, mais parce qu'elle-même savait qu'un clan était la définition d'une famille unie. Pour elle, cette famille était plus importante que n'importe quelle passion ou amour. Son père n'avait jamais cessé de lui répéter que si leur clan avait subsisté, elle en serait à la tête avec Niall. Et qu'elle aurait du prendre des décisions, nécessitant souvent des sacrifices.

Un choix qu'elle respectait profondément.

Décidant de quitter la pièce, Kenna fit en sorte d'être la plus discrète possible néanmoins lorsqu'elle vit juste devant la porte sa maîtresse faire les cents pas, elle s'arrêta net devant elle et son cœur manqua un bond. Rowena la regarda de haut en bas d'un air méprisant, une chose qu'elle ne s'était jamais permise de faire autrefois jusqu'à aujourd'hui. La Lass Flamboyante abaissa sa tête et prit la décision de passer son chemin, honteuse de lui faire face devant la chambre où elle et son futur époux avaient forniqué.