Lorena - 2034
J'avais passé plus d'une demi-heure à regarder la photo de mon père. J'imaginais ma mère assise dans le métro, prenant cette photo alors que mon père l'ignorait. Cette photo m'intriguait. J'avais envie de savoir comment leur relation avait pu évoluer, de cette photo jusqu'à moi. Je sursautais quand la porte de ma chambre s'ouvrit. Théo pénétra dans la pièce en me lançant un regard interrogateur.
- " Tu fais quoi ?"
Je soupirais, je ne lui avais pas encore parlé de cette boîte. Il ferma la porte derrière lui et vint s'asseoir à mes côtés. Il jeta un coup d'œil à la photo que je tenais dans les mains en fronçant les sourcils. Je savais qu'il avait des dizaines de questions à poser mais qu'il attendait que je parle. Je pris une grande inspiration et lui tendis la photo.
- "C'est mon père."
Ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise. Il regarda la photo quelques instants avant d'attraper la lettre que je venais de lire. Je hochais la tête, lui signifiant qu'il avait le droit de la lire à son tour. Je le regardais en silence, alors que les mots de ma mère tournaient encore dans mon esprit.
- "C'est ta mère qui a écrit ça ?" demanda-t-il quand il eut finit de lire.
- "Ouais. Cette boite est remplie de lettres, de souvenirs, de trucs sur mon père.
- C'est bien qu'elle ait fait ça."
Je hochais la tête, le regard dans le vide. J'avais l'impression de redevenir cette enfant qui ne comprenait pas pourquoi sa maman n'était pas là. Elle me manquait tellement, j'aurais tellement aimé la connaître. Maintenant que j'avais l'occasion de le faire, j'avais peur de ce que je pouvais découvrir. Qui était mon père ? Pourquoi ma mère l'avait-elle quitté ? Les pires scénarios prenaient vie dans ma tête. Est-ce qu'il battait ma mère ?
- "Ne pleure pas, bébé !"
Je relevais la tête vers Théo. Je ne m'étais même pas rendu compte que les larmes avaient commencé à couler. Le jeune homme se leva et me souleva du sol. Il m'allongea sur mon lit. Il rabattit la couette sur nous avant de me serrer dans ses bras. Je me calmais rapidement. Théo avait ce genre de pouvoir sur moi. Il réussissait à me faire sentir bien sans avoir à parler. Je me sentais en sécurité dans ses bras.
Cela faisait quelques temps que, Théo et moi, nous nous étions rapprochés. Ça avait commencé tout doucement, je ne m'en étais pas rendue compte. Puis j'avais commencé à le regarder différemment, à le trouver beau, à passer plusieurs minutes le regard fixé sur ses lèvres. Nos câlins n'avaient plus la même signification. Il passa une main sous mon haut et la déposa en bas de mon dos. Un léger frisson parcourut mon corps. C'est exactement de ça dont je parlais. J'avais besoin de plus. Je déposais un baiser sur sa joue puis posais ma tête sur son torse. Je calais ma respiration sur la sienne. Nous nous endormîmes rapidement, rattrapant le sommeil manqué de la nuit dernière.
Quelques heures plus tard, je fus réveillée par Melissa qui pénétrait dans ma chambre. Je remarquais que j'étais seule dans mon lit, je ne m'étais même pas rendue compte que Théo était parti. Je m'assis en tailleur tandis que Melissa s'approchait de moi. Elle portait une jupe crayon noire, une blouse blanche et une paire de talons à bout pointus, la tenue attendue pour une banquière. Elle s'assit au bord de mon lit, un léger sourire se dessina sur ses lèvres en voyant que j'avais commencé à ouvrir les lettres de ma mère.
- " Alors, t'en es où ?
- J'ai seulement lu ses deux premières lettres, où elle parle de son arrivée sur Paris. J'ai un peu peur de ce que je pourrais trouver dans ses lettres." Avouais-je
- "Tu ne devrais pas, ma puce. Claudia voulait seulement se sentir proche de toi, te raconter son histoire comme si elle avait été là. Elle voulait que tu comprennes pourquoi elle a fait le choix de quitter ton père. Mais, je t'assure, il n'y a rien dont tu dois avoir peur de découvrir."
Elle me sourit et déposa un baiser sur mon front. Ma mère avait eu raison, je n'aurais jamais pu rêver meilleure mère adoptive. Elle était adorable et tellement aimante. Elle avait toujours été là pour moi. Elle m'avait appris à faire du vélo, à me faire des tresses, à nager, à me maquiller plus tard, elle m'avait serré la main à chacune de mes prises de sang, elle m'avait accompagné chez le dentiste, aux réunions parents-élèves. Elle ne m'avait jamais caché l'identité de ma mère. Elle parlait tout le temps d'elle et de leurs aventures. Si les souvenirs de ma mère n'avaient pas été aussi présent dans ma vie, j'aurais pu me résoudre à l'appeler maman.
- "Melissa." L'appelais-je alors qu'elle s'apprêtait à sortir. "Tu sais que tu resteras toujours la femme qui m'a élevé, une des personnes que j'aime le plus au monde. Je suis tellement contente de t'avoir.
- Moi aussi ma puce, je suis contente d'avoir élevé une personne aussi belle et géniale que toi."
Elle me fit un grand sourire puis sortit de ma chambre, non pas sans avoir lancé un dernier coup d'œil aux lettres de ma mère. J'avais compris le message. Je me rassis sur le sol et, après avoir regardé une dernière fois la photo de mon père, j'attrapais la lettre numéro 3. Je n'avais pas avoir peur.
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Retrouve-moi
FanfictionAprès 18 ans d'existence, j'ai enfin l'opportunité de rencontrer mon père. Avant de mourir, ma mère m'a laissé des dizaines de lettres, de souvenirs pour qu'à ma majorité je puisse connaître son identité. Maintenant que je le voyais en vrai, je ne...