7.

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Je n'avais pas passé la nuit avec Théo. Nous nous étions embrassé pendant de longues minutes puis j'avais rejoint ma chambre. Aucun mot n'avait été échangé. Sur le moment, ça ne m'avait dérangé. Je repensais à son corps contre le mien en m'endormant. Mais maintenant, alors que je me préparais pour aller en cours, je n'étais plus sûre de moi. Qu'est-ce qu'on allait faire ? Melissa nous considérait comme des frères et sœurs et nos amis nous prenaient pour des cousins. On était dans la merde putain !


Je soupirais en enfilant une paire de basket. Je n'avais pas la motivation ce matin. J'avais la boule au ventre. La voix de Melissa me sortit de mes pensées. J'attrapais mon sac de cours et me regardais une dernière fois dans le miroir. Je pouvais le faire. Je pris une grande inspiration avant de les rejoindre dans la cuisine. Théo ne me lança pas un regard et quitta la maison.


- "Passe une bonne journée, ma puce.

- Toi aussi." Répondis-je avant de sortir


Je montais dans la voiture alors que Théo avait déjà allumé le moteur. Un silence s'installa alors qu'il quittait notre lotissement. Je mis en marche le chauffage et vérifiais les messages de mon téléphone. J'essayais seulement de trouver quelque chose à faire pour ne pas penser à ce silence qui m'oppressait, en vain.


- "Bon, ça commence à devenir gênant là. Dis quelque chose !"


Il se tourna vers moi et, après quelques secondes, me fit un grand sourire. Je lui donnais une tape sur l'épaule. Il m'avait fait peur ce con. Il commença à rire et à se vanter sur son jeu d'acteur. J'avais vraiment eu peur qu'il regrette. Je me détendais un peu.


- "On va dire quoi à Melissa ?

- Pour le moment, on voit ce que ça donne, on garde ça pour nous. Et puis, on avisera plus tard."


Je hochais la tête, contente qu'on soit sur la même longueur d'onde. On devait d'abord voir comment notre relation allait évoluer. En le regardant, je me rendis compte que j'avais fait le bon choix. J'étais heureuse d'avoir enfin pris mon courage à deux mains et de lui avoir montré ce que je ressentais. Je remerciais ma mère de m'avoir poussé à le faire.


- "Allez bébé, sors de ma voiture !

- C'est la première et dernière fois que tu m'appelles bébé !"



Mon ange,

Cette lettre est sûrement celle que j'ai eu le plus de mal à écrire pour le moment. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas si je suis censé te donner le nom de ton père maintenant, ou plus tard. J'ai peur que si tu connais son nom, tu arrêtes de lire mes lettres. J'ai peur que tu te lances à sa recherche sans connaître la suite de notre histoire.

Mais j'ai décidé de te faire confiance. Je sais que tu feras le bon choix. Alors je vais simplement continuer de te raconter.

J'avais donc décidé de demander le prénom de ton père. J'étais un peu stressée car, comme je te l'ai déjà dit, il me déstabilisait facilement. J'avais peur d'oublier ou d'être incapable de lui demander face à son regard perçant. Je n'arrêtais pas de me passer la main dans les cheveux, c'est un de mes tics nerveux. D'ailleurs ton père l'a remarqué et m'a demandé ce qu'il se passait.

Alors je lui ai posé la fameuse question, en bégayant bien sûr. Sur le moment, il m'a regardé un peu comme si j'étais folle. Tu sais, comme si on demandait à Justin Bieber son numéro. J'espère que tu connais Justin, sinon tu ne comprendras pas ma référence. Bref, après quelques secondes de silence, il m'a dit.

Framal, appelle-moi Framal.

Ouais, moi aussi j'ai trouvé ça bizarre sur le moment. J'ai appris plus tard que c'était de cette façon que ses amis l'appelaient, c'est le verlan de malfrat. N'essaie pas de comprendre, tous ses amis ont des surnoms de ce genre. J'ai donc décidé de l'appeler Fram' je trouvais ça beaucoup plus mignon.

C'est ce jour-là que ton père m'a donné son numéro de téléphone. Je l'ai écrit dans un livre que j'avais avec moi, mon téléphone n'ayant plus de batterie. Bien entendu, le livre est dans la boite. C'est un de mes livres préférés en plus. Je ne sais pas si le numéro lui appartient encore. Tu peux toujours essayer.

Je t'embrasse, je t'aime fort.

Claudia, ta maman.


Je posais la lettre à mes côtés et cherchais le livre dont ma mère me parlait. Je le trouvais rapidement. Il s'intitulait sans un adieu d'Harlan Coben. Je n'en avais jamais entendu parler. Mais j'allais le lire. Si ma mère aimait ce livre, alors j'allais voir de quoi ça parlait. Lire ce livre me ferait me sentir encore plus proche d'elle. Je l'ouvris et tombais sur le numéro de téléphone.


J'attrapais mon portable. Je ne savais pas pourquoi j'essayais d'appeler, j'allais sûrement tomber sur quelqu'un d'autre. Mon cœur battait tellement fort que j'avais l'impression qu'il allait quitter ma poitrine. A chaque sonnerie, je me disais que personne n'allait répondre.


- " Allo ?"


C'était une voix d'homme. Je restais silencieuse quelques secondes, qu'est-ce que j'étais censé faire ?


- "Framal ?

- Ouais, c'est qui ?

- Désolé, je me suis trompée !"


Et je raccrochais. J'avais paniqué. J'avais entendu la voix de mon père. Je restais immobile, les yeux dans le vide. J'avais un peu du mal à comprendre ce qu'il venait de se passer. Pourquoi ne lui avais-je pas dit qui j'étais ? Pourquoi j'avais agi comme ça ? Il savait que je ne m'étais pas trompé, j'avais dit son prénom. Mais, en vérité, je savais pourquoi. Je n'étais pas prête. Il fallait d'abord que je finisse de lire les lettres de ma mère. Il fallait que je connaisse toute l'histoire entre mes parents.


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⏰ Dernière mise à jour : Jan 24, 2017 ⏰

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