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Lorena - 2034


Mon ange,

Avant de recommencer à te parler de ton père, je voulais que tu sache que j'ai encore fait une échographie aujourd'hui. On commence à voir tes petites mains, tes pieds. Tout ça me rend super émotive. Je peux te sentir bouger. Je t'aime déjà tellement mon ange.

Bon allez, parlons d'autre chose sinon je vais me remettre à pleurer. Je m'étais arrêté sur la photo de ton père. J'aurais voulu te dire qu'après avoir pris une photo de lui, je suis allée lui parler comme la femme indépendante que je suis. Sauf, qu'à l'époque, j'étais une jeune femme encore timide. Alors je te laisse imaginer comment j'ai réagi quand ton père m'a dit qu'il m'avait vu le prendre en photo.

J'étais tellement mal à l'aise. Je bégayais, je disais n'importe quoi. J'étais très forte pour me taper la honte devant ton père. En plus, il avait ce regard qui me déstabilisait. Et, lui, il rigolait sûrement fier de l'effet qu'il provoquait en moi. Mais son sourire est la plus belle chose qu'il m'ait été donné de voir. J'espère que tu hériteras de son sourire. Il a le genre de sourire qui peut illuminer une pièce, qui peut rendre le sourire à n'importe qui.

Enfin bref, après ce jour, nous avons commencé à parler. En vérité, j'étais la seule à parler. Il me posait des questions sur ma journée, sur mes goûts, sur ma vie. Je parlais, je parlais, sans me rendre compte que je ne savais rien sur lui. Je ne connaissais même pas son prénom. Alors qu'on parlait depuis plus de deux semaines. C'est pour te dire à quel point il me déstabilisait. Tous les jours, je me disais qu'il fallait que je lui demande son nom. Et chaque jour, je croisais son regard et j'en oubliais mes questions.

Même si sur le moment, je me sentais stupide d'être la seule à parler, avec du recul je me dis que je suis chanceuse. Je suis tombée sur un homme qui m'écoutait quand je parlais. Il m'écoutait vraiment, il retenait tous les petits détails, il avait l'air vraiment intéressé limite passionné. Il me donnait de l'importance et, sans que je m'en rende compte, il me redonnait confiance en moi.

J'espère qu'un jour tu trouveras quelqu'un qui t'écouteras de la même façon, comme si chacune de tes paroles est la chose la plus importante et la plus intéressante qu'il lui ait donné d'entendre.

Je t'embrasse, je t'aime fort.

Claudia, ta maman.



Je relisais encore une fois cette lettre qui m'avait plus chamboulé que ce que j'osais me l'avouer. Je pensais à la façon dont mon père devait regarder ma mère, la façon dont il l'écoutait. En écrivant ces mots, elle avait l'air de tellement l'aimer. Je ne comprenais toujours pas pourquoi elle l'avait quitté. Quelle raison peut-nous pousser à quitter une personne qu'on aime autant ? Mais surtout, pourquoi l'avoir quitté alors qu'elle le décrit comme la plus belle chose qu'il lui soit arrivé ?


Je soupirais encore une fois, chose que je faisais sans arrêt depuis cette dernière demi-heure. Je me disais que c'était parce que cette lettre me perturbait et que j'avais du mal à la comprendre. Mais je me voilais la face. Cette personne que ma mère décrivait, j'étais presque sûre de l'avoir trouvé. Et j'en avais marre de jouer les aveugles, il fallait que je passe à l'action.



Je me levais et quittais ma chambre pour rejoindre celle de Théo. J'avais besoin de lui. Il était cette personne qui écoutait quand je lui parlais, qui remarquait les petits détails. Il était celui qui pouvait me faire sourire même dans les moments les plus tristes. La lumière était éteinte mais il était sur son téléphone. Je n'eus aucun mal à le rejoindre dans son lit.



-          "Qu'est-ce que tu fais là ? Ça va ?"


Je me blottis contre lui. Il verrouilla son téléphone et le posa sur sa table de nuit pour pouvoir refermer ses bras autour de moi. Je relevais la tête et déposais un baiser sur sa joue. Voyant qu'il ne réagissait pas, je déposais un second baiser plus près des lèvres. Puis un troisième. Et avant que je puisse l'embrasser, il fut celui qui plaqua ses lèvres contre les miennes. Je lâchais un petit gémissement puis plaçais mes mains dans ses cheveux. Ça faisait du bien. Ça faisait longtemps, trop longtemps qu'on attendait ça.

Retrouve-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant