Chapitre 5

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"Quand l'envie est plus forte que l'acte en lui même."

Cette fois-ci, je l'aurais. Peu importe comment, mais je ne le raterai pas. S'il ose s'échapper encore une fois, je me suis suicide. Intérieurement, peut être, mais je le fais quand même. Ça suffit d'attendre des réponses qui ne viennent jamais. Je suis déjà à bout force et pourtant il me reste toute la vie devant moi. Comment font les autres ? Peut être qu'ils se sont déjà suicidés intérieurement eux aussi. Cette pensée me rend triste. Encore plus que d'habitude. Oui, c'est possible. On peut toujours être plus triste qu'on ne l'est déjà. D'où le vrai suicide. Bref, j'essaie de chasser cette idée de mes pensées, tout en ne quittant pas le bout de papier des yeux. Tout à coup, je sens une main se poser sur mon épaule. Je me retourne, c'est ma mère qui me regarde, d'un air inquiet.

- À quoi penses-tu mon ange ? m'interroge-t-elle d'un ton agitée.

Si seulement tu savais maman, peut être que tu pourrais m'aider...

- Oh à rien de spécial, lui réponds-je d'un air nonchalant.

- Tu sais, si c'est cette histoire de "vivre ensemble" qui commence à t'inquiéter, saches que je suis contre, me dit-elle en espérant me convaincre.

C'est vrai ? Oh maman, tu ne sais pas à quel point je t'aime...

- Tu as réfléchi vite, lui réponds-je sèchement.

- Oui, c'est vrai, j'espère que tu ne m'en veux pas, commence-t-elle, mais je ne me sens pas prête encore à te voir quitter le nid familiale...

- Je comprends ton point de vue, mais saches que ça me déplaît totalement. Je vais me marier avec un homme, et je ne pourrais même pas le voir quand je voudrais, lui dis-je, agacée.

- Je sais ma puce, mais c'est comme ça. Si votre histoire ne marche pas à distance c'est que ce n'était pas le bon, me déclare-t-elle, confiante.

Je lève les yeux au ciel et consulte ma prochaine action. 15:58 : aller dans ma chambre et claquer la porte derrière moi.

16:00

Bon, ça y'est, je suis dans ma chambre et j'ai claquée la porte derrière moi. Je fais quoi maintenant ? Bonne question. Encore une journée où mes actions arrivent au compte goutte. L'image du bout de papier me revient à l'esprit, puis je repense à la conversation que j'ai eu avec ma mère. Je suis heureuse. J'espère de tout cœur que la distance qui nous séparera sera fatale pour notre couple et que le mot "divorce" apparaîtra dans une de mes prochaines actions. Pas tout de suite, évidemment. Laissons la vie suivre son cours, lentement mais sûrement. Du moins c'est ce que j'espère.

Ne sachant que faire, ni que penser, les minutes défilent sans que je m'en rende compte, puis les heures. Mon esprit parvient à s'endormir, malgré mon corps resté debout au milieu de la chambre. Quand on a une vie comme la mienne, on apprend à faire ce genre de chose. Bien sûr, quand il n'y a pas d'actions qui viennent nous interrompre. Soudain, une action venu de nul part me tire de mon sommeil éveillé. Je me retrouve dans la cuisine, en train de placer les plats sales dans le lave-vaisselle.

Je me demande combien de temps je me suis "endormie" mais n'ai pas le temps d'y répondre, que déjà, mon corps me guide jusqu'au salon. Je me penche, ramasse quelque chose sur le sol et m'en vais dans ma chambre sans dire un mot. Je sens le regard de ma mère qui s'interroge mais je n'y prête pas attention. Je ferme la porte derrière moi et m'assieds sur mon lit. Mes mains s'entrouvrent et un bout de papier se trouvent dans leurs creux. Je regarde l'heure : 22h22. Encore une fois, le temps me semble infini, comme toujours vers ces eaux-là. J'ouvre le bout le papier, puis mes yeux s'ouvrent à leur tour. Puis se referment. Je sombre dans un évanouissement profond.

23:00

À mon réveil, je me souviens d'abord de rien. Puis de tout. Je cherche des yeux un repère pour savoir où je suis. Puis je constate que je me trouve encore dans ma chambre, allongée sur mon lit. Bon, avec un peu de chance, personne ne s'en est rendu compte, quand on toque à la porte de ma chambre. Mince, pas les pompiers, pitié. 23h05 : se lever du lit et ouvrir la porte. Sur ce, je m'exécute. À ma grande surprise, j'y découvre ma mère, en nuisette, qui me demande si je lui fais la tête parce que je ne lui ai pas dit bonne nuit. Soulagée, je la rassure, puis elle s'en va se coucher.

Ce que j'ai découvert me rend perplexe. J'ai toujours été rationnel, et voilà que j'apprends quelque chose qui ne l'est pas. Je suppose alors qu'il s'agit d'une blague. Mais une blague de qui ? Personne ne sait ce que je ressens et ce que je pense vraiment à part moi-même. Le mot disait "Je sais ce que tu endures, mais saches que ça va bientôt changer. Laisse moi te guider et suis mes conseils. Tous les soirs, à 22h22, un mot sera déposé près de la porte d'entrée." Je ne comprends vraiment pas.
Ce mot devrait me réjouir, étant donné que cet(te) inconnu(e) répondra peut être à des questions restées sans réponses jusqu'alors, mais connaitre la vérité me fait peur.

Comment se pourrait-il que ma vie change tout à coup ? Et puis comment faire pour lire le bout de papier si aucune de mes actions me demandent de le faire ? En effet, il ne peut s'agir que d'une mauvaise blague. C'est la seule solution qui serait envisageable pour résoudre ce mystère. Mais qui ? Tom ? Ma mère ? Pourquoi auraient-ils fait ça ? Une blague est censée être drôle. Tout cela me semble vraiment très étrange, j'essaierai d'en savoir plus demain. En attendant, je meurs de fatigue. J'espère que ma prochaine corvée aura pour but de mettre au repos mes lourdes paupières. Bingo ! Sur ce, j'obéis à l'action qui vient d'apparaître dans mon esprit, me mets au lit en m'endors aussitôt.

Sans HasardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant