Chapitre 2

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     Un bruit très désagréable m'avait sorti de mon sommeil. C'était mon réveil. Ce jour là, il y avait cours bien évidemment. Je regardais l'heure et comme d'habitude, j'avais deux heures pour me préparer. Ça valait la peine de se réveiller à cinq heures: j'avais une heure pour jouer à Zelda et une heure pour me préparer ! Généralement je jouais même une heure trente. Pour ne pas perdre de temps, j'attrapais mon GamePad et allumais rapidement la console. Il fallait que j'avance dans Twilight Princess. Ce n'était que la troisième fois que je le faisais et cette fois c'était en héroïque. Ce qui signifie qu'il n'y avait aucun coeur pour se régénérer et que les dégâts subits étaient doublés. C'est assez dur au début, lorsqu'on ne possède que trois pauvres petits coeurs. Mais à ce moment là, j'étais à l'entrée du Temple du Temps. Le milieu du jeu approximativement. La musique de ce lieu est splendide. Due à une subite envie, je lâcha la manette quelques instants pour attraper mon ocarina. Près de la télévision, je jouais le chant du temps en harmonie avec le jeu. Le son que je produisais était fort mais parfait ! C'est un peu comme la mélodie d'une simple flûte. Vous savez, cet instrument que l'on obtient lors de notre rentrée en sixième. Après avoir fait mon petit bordel à cinq heures et quart du matin, j'avais pris la décision d'emmener l'instrument avec moi au lycée.

     Synchronicity. C'est une musique de Vocaloid, à écouter ! C'est la première musique que mon lecteur m'avait offert lorsque j'avais cliqué sur "Lecture en mode aléatoire". Les voyages en train ne pouvaient pas être aussi agréables sans écouter de la musique. Bien sûr, une personne désagréable à côté de moi enleva mon écouteur, pour m'embêter je suppose.
     - Tu écoutes quoiii ? Du Zelda encore ?
     - Laisse-moi tranquille, Loris.
     - Tu ne peux pas écouter de la musique basique comme tout le monde ?
     - Mais qu'est-ce que ça peut bien te faire ? J'écoute ce que je veux.
     Il était à côté de moi pendant le trajet, écoutant des clips que tout le monde écoute. Et si je n'avais pas envie d'être comme tout le monde ? J'aimais bien les musiques basiques mais pendant mon trajet je préférais écouter des chansons connues au Japon. Pour une fois, mon frère n'avait plus dit un mot. Il ne comprenait pas que je le détestais et que rien que de voir sa figure j'avais envie de lui mettre un pain ? C'était déjà arrivé d'ailleurs... A cause de lui, j'avais dû recommencer tout un jeu, tout ça parce que monsieur avait appuyé sur toutes les touches du clavier de mon ordinateur. On s'était tellement pris la tête que ça avait fini en coups de poings. Mon frère était le genre de personne superficiel, qui tente de ressembler à tout le monde pour être apprécié. Je n'avais pas besoin de cela moi, au contraire, je voulais que les gens s'éloignent. Au bout de quelques minutes, nous arrivâmes à destination. Mon frère se leva et se dirigea vers la sortie. Par habitude je sortis en dernière. Lorsque mon pied toucha le trottoir, j'heurta quelque chose qui fit tomber mon téléphone.
     - Oups, s'excuse faussement mon frère, je l'ai fait tomber.
     J'avais récupéré mon téléphone dont l'écran était face au sol. Évidemment, il était mort et affreusement fissuré.
     - Loris !!!
     - J'ai pas fait exprès !
     Il me vola le téléphone des doigts et le regarda. Il se mit à sourire comme un idiot avant de s'en aller avec. Bien sûr, j'essayais de le poursuivre, en rogne. Après une petite course, il le passa à son copain qui le passa à un autre pote et qui lui, le lança à un de ses collègues. J'en avais marre de jouer à chat, je n'avais pas que cela à faire. J'abandonnais en me dirigeant vers ma salle de classe, sachant que lorsque le soir viendrait, quand ma mère sera mise au courant, elle le tuera.

     - J'ai embrassé Zelda pour obtenir la Triforce.
     - Si tu veux t'embrasser toi-même, tu vas avoir du mal, se moquait Saya.
     Des éclats de rires pouvaient se faire entendre de loin.
     - Nous avons une heure de trou après, leur rappelais-je.
     - Pourquoi ne pas visiter l'église d'à côté ?
     Tout le monde était d'accord. Je l'avais déjà visité des milliards de fois avec ma mère, ma grand-mère, mes amies. Mais une fois de plus ne me dérangeais pas !
     - J'ai apporté mon ocarina. On pourrait faire comme si c'était le Temple du Temps, non ?
     - Il ne te manque plus que la sublime robe de la princesse Zelda, dit Miliana.
     - Je l'ai chez moi. Tu ne te rappelles pas ?
     - Ah oui ! Ta mère t'avait offert le costume de Zelda dans Skyward Sword qu'elle avait fait quand elle était jeune ! Avec le châle qu'elle a parfaitement fait d'ailleurs !
     - Oui, dis-je d'un air triste. Elle l'avait offert à mon père a la base. Mais maintenant qu'il n'est plus là...
     Confuse, ma très bonne amie me serra dans ses bras.
     - Bravo, la félicitait Saya. Tu as fait pleurer ma Zelda !
     Et elle se jeta sur moi, essayant de dégager notre amie. Ça m'avait fait rire. Après les avoir rassuré, nous nous dirigeâmes vers la sortie afin de regagner l'église. Comme dans toutes les églises, la façade était belle et offrait deux immenses portes en bois. A l'intérieur, près de l'entrée se présentait l'eau bénie. Et comme à chaque fois, je passais devant sans y mettre les mains et sans faire ces mouvements étranges de purification je-ne-sais-quoi.
     - Eh bien Zelda, tu ne le fais pas ? Me demandais Elodie.
     - Mais enfin ! Tu sais très bien qu'elle ne le fait jamais !
     - Mon père m'a dit que les personnes qui ne ressentent pas le besoin de le faire en entrant dans une église c'est parce que ce sont des anges, ils sont chez eux, rajouta Saya.
     Peut-être bien. Personnellement, c'est vrai que je ne ressentais pas le besoin de toucher cette eau. Mais c'est surtout parce que de nombreuses personnes mettaient leurs mains sales dedans ! Je n'aimais pas les gens déjà, alors aucune raison que j'aime leurs microbes. Par la suite, on visitait l'église comme si c'était la première fois qu'on le faisait. J'admirais les vitraux, les murs usés, les sculptures et les statues d'or.
     - Pour protéger les humains des démons, Dieu fait garder notre Terre par des anges. La plupart des personnes sont suivies par des anges gardiens sans qu'ils le sachent. C'est la protection de Dieu contre le mal.
     Un prêtre faisait son discours traditionnel. Je n'avais pas la même opinion que lui. Pour commencer, je ne croyais pas en Dieu. Pour moi, le monde était protégé et créé par les déesses fondatrices d'Hyrule ! Du moins, c'est ce que j'essayais de me faire croire. Car même en cela, je n'y croyais pas en réalité. J'étais fan de la série, je savais lire l'Hylien, j'avais la majorité des jeux et je passais ma vie dessus. Mais je savais très bien que c'était un jeu-vidéo. J'essayais de croire en quelque chose qui n'existait pas. C'était assez compliqué dans ma tête... Mes amies écoutaient attentivement les dires du vieillard. Faisant rouler mes yeux, je pris Miliana par le bras afin de continuer la visite. Nous arrivâmes là où je voulais que l'on arrive: une petite pierre rectangulaire qui faisait partie du mur avait une Triforce gravée sur elle. C'était sûrement un fan qui l'avait fait. Je sortis mon ocarina de mon sac à dos.
     - Ça te dis je fais comme dans le jeu ? Ça manque de musique ici.
     - Zelda, on va se faire tuer ! Riais Miliana.
     Rien à faire. J'avais envie de faire de l'ocarina ici, sur cette Triforce. Je joua alors le chant du temps qui résonnait dans toute l'église. Un son merveilleux, vous ne pouvez même pas l'imaginer sans le faire vous même ! Au risque de vous faire jeter, bien sûr... Lorsque j'avais fini la musique, évidemment il ne se passait rien. Encore plus surprenant, personne n'était venu me dire d'arrêter. Je joua alors la berceuse de Zelda comme dans le jeu, mais toujours rien. Le mur n'avait pas bougé non plus. C'était évident. Cependant, j'étais satisfaite. Un quart d'heure s'écoulait et nous decidâmes de sortir de ce lieu.
     - Où allons-nous maintenant ?
     - Il nous reste vingt minutes avant notre prochain cours, dis-je à Saya.
     - Allons faire les boutiques ! Proposait Elodie.
     - Rayon livres, il faudrait que je trouve le fanbook de Vampire Knight, avouais-je.
     Mais nous n'avons pas eu le temps de faire quoique ce soit. A peine sortis de l'église, on voyait des gens courir de partout, une fumée se déplaçait dans toute la ville pour l'engloutir.
     - Il y a le feu... ? Demandais-je.
     Effectivement, des flammes plutôt proches se faisaient voir. Mes amies me proposèrent d'aller nous mettre à l'abri. Mes yeux observaient les maisons se faire dévorer petit à petit. Derrière nous, le prêtre nous invita à entrer dans l'église à nouveau. Faite de pierres, peut-être serons-nous protégés un temps ? Nous n'avons pas énormément réfléchis et nous nous sommes réfugiés dedans.
     - Merci, dis-je.
     - C'est normal voyons. La fumée peut nous empêche de respirer et d'y voir clair. Ici vous serez protégés, Dieu veille sur vous.
     Je ne pus m'empêcher de lâcher un léger rire. Je ne croyais absolument pas à ce qu'il disait. L'homme âgé m'observait de la tête aux pieds.
     - Tout à l'heure, dit-il, je vous ai vu entrer sans passé vos mains dans l'eau.
     - Je n'en reçois pas le besoin, repondis-je d'un air hautain.
     - Cela signifie donc que vous êtes un ange envoyé par Dieu... Votre physique pourrait presque le dénoncer. Vous acceptez de prendre mes mains ?
     - Un ange ? Riais-je. Si je l'étais ça se saurait ! Je me qualifierai plus de "démon". Je ne crois pas en Dieu.
     Il semblait surpris et fort déçu.
     - ... Vous êtes un ange déchu.
     - Un quoi... ?
     Il n'avait pas eu le temps de me répondre. Pendant que notre attention était ailleurs, les flammes avaient avancées et entouraient le monument. Les portes en bois commençaient à prendre feu, la fumée nous empêchait de respirer convenablement. Nous cherchâmes une autre sortie, chacun de notre côté. Des pompiers étaient arrivés, je pouvais les voir à l'opposé de l'endroit où je me trouvais.
     - Zelda ! Les secours sont là !
     - Allez-y, j'ai trouvé une sortie ! Dis-je.
     En effet, en face de moi se trouvait une porte ouverte qui menait vers l'extérieur. Je me mis à courir vers elle, mais le sol qui n'était pas droit me fit trébucher et je perds étonnamment connaissance sans savoir si j'avais dépassé la porte.

     J'entendais des oiseaux chanter. Je ne voyais rien, aveuglée par une très forte lumière qui m'obligeait à garder les yeux fermés. Quelqu'un semblait me parler, je ne comprenais pas ce qu'il me disait. Il avait posé sa main sur mon épaule. Un pompier... ? Il me souleva, m'emmenant avec lui loin de cette chaleur, sûrement.

L'ange déchu et le monde de ZeldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant