Skryliai

426 51 3
                                    


Je ne sais pas comment j'ai réussi à te convaincre de me donner ton adresse qui s'avère être une chambre de motel. Dans tous les cas, nous voilà tous les deux dans cette petite pièce et jusqu'à présent personne n'a prononcé ne serait-ce qu'un seul mot, le silence règne et je ne cesse de t'observer. Te voir dans cet état me compresse les poumons, j'ai du mal à comprendre comment tout ça a bien pu se produire, comment tu as pu te laisser aller à ce point, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je ne peux pas y croire, je sais que le Hannibal que je connais est toujours là, quelque part. Mais pour l'instant tout ce que je vois c'est un inconnu, assis sur l'une des chaises de la chambre et qui ne fait que tirer sur ces cheveux désordonnés. J'ai mal. J'ai mal au cœur, j'ai mal pour toi. J'ai mal pour moi. C'est donc dans un soupir que je décide finalement de m'installer en face de toi, à nouveau et c'est sans hésiter que je m'empare de l'une de tes mains afin de la serrer entre mes doigts. D'habitude c'est moi qui suis instable, c'est moi qui laisse mon côté torturé apparaître un peu trop. D'habitude c'est toi qui es à mes côtés, c'est toi qui m'aides. Alors laisse-moi être là pour toi, pour une fois.

Mon geste semble te ramener à la réalité, tu me regardes comme si tu ne savais pas que j'étais encore là et tu dégages rapidement ta main de mon emprise pour te redresser convenablement sur ta chaise. Ne me repousse pas, laisse-moi t'aider.

- Tu perds ton temps. Je te l'ai déjà dit, Hannibal est mort.

Après tes mots, je ferme mes yeux durant quelques secondes avant de les ouvrir à nouveau tandis que tu détournes ton regard du mien, une nouvelle fois. Depuis quand tu fuis le regard des autres ? Et quand bien même j'ai envie de te poser toutes ces questions qui se bousculent dans ma tête jusqu'à ne plus pouvoir réfléchir correctement, je me retiens. Je me retiens parce que tu n'es pas prêt à me fournir des réponses. Alors je prends sur moi et je réplique bien vite.

- Tu es ivres et tu n'as pas dormi depuis des jours visiblement, tu ne sais plus ce que tu dis.

Mes paroles te font rire et je hausse mes sourcils, étonné de te voir si... Dérangé.

- Mon cher Will, crois-tu vraiment que le Hannibal que tu connaissais aurait pu se laisser aller de cette façon ? Moi qui pensais que tu le comprenais, que tu le connaissais.

C'est de trop, je renverse le verre de whisky qui se trouve au milieu de la table, quand bien même le liquide s'enfonce dans la moquette. J'attrape une seconde fois ta main que je serre un peu plus, et c'est en haussant la voix que je reprends.

- T'as raison. Le docteur Lecter n'est pas dans cette pièce, mais il existe toujours. Il n'est pas mort. Et je le connais assez pour savoir qu'il est bien plus fort que ça, on ne peut pas s'en débarrasser si facilement. Je ne te demanderai pas de me le ramener, parce que je vais le faire pour toi. Tu m'entends ? Je vais le faire pour toi, Hannibal. Et je ne te lâcherai pas, je ne te lâcherai plus. Parce que tu fais parti de moi. Parce que je n'ai pas traversé l'océan pour te laisser dépérir à petit feu, que tu le veuilles ou non, je ne partirai pas. Alors laisse-moi t'aider.

Un ange passe après ces dires et pour une fois, tu as le courage de soutenir mon regard. J'ignore ce qu'il peut bien se passer dans ta tête à cet instant précis, mais je sais que ce que je viens de dire vient de faire l'effet d'une bombe et tu ne tardes pas à exploser dans les secondes qui suivent. J'ai l'impression de me voir.

- Ils l'ont... Ils ont Mischa et je...

Tu n'as pas le temps de terminer que tu te lèves presque aussitôt en renversant ta chaise, et avant que tu n'en viennes à te faire mal, je me lève également. Mes mains se posent de part et d'autre de ton visage en cherchant dangereusement ton regard afin que tu puisses te concentrer simplement sur ma personne. J'ai tellement l'impression d'avoir déjà vécu ce moment, mais j'étais à ta place et toi, tu étais à la mienne.

- Hannibal, calme-toi. Regarde-moi. Tu vas dormir et tu me raconteras ce qu'il s'est passé, je veux tout savoir. Et qui que ce soit, on viendra la chercher et on lui fera payer. Je te le promets Hannibal qu'ils ne s'en sortiront pas.

C'est à cet instant précis que j'aperçois dans tes yeux la même noirceur qui te possédait autrefois. Ces mêmes démons qui me hurlent que tu es toujours là, que tu n'es pas mort, que tu peux toujours revenir. Que le docteur Lecter n'est que submergé par ses cauchemars et qu'il attend de refaire surface.

Et quiconque se tiendra sur ton chemin, ami ou ennemi, devra tomber avant toi.

Inside your veinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant