Chapitre quatre

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Gray cligne des yeux à plusieurs reprises, le doigt figé en l'air comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose d'intelligent ( alors qu'on sait tous pertinemment que ça n'arrivera jamais ). A la tête que font tout les autres, j'ai l'impression que je viens de lâcher une bombe à retardement ( ou un pet, ça dépend des gens ) alors que je viens juste de lui proposer de se mettre avec Lucy s'il en avait envie, puisqu'il m'a dit qu'il l'aimait. Donc je ne vois pas où est le problème, jusqu'à ce qu'il se mette à baragouiner en agitant les bras comme un imbécile.

"- Mais-mais nan, enfin, espèce de crétin arriéré ! Je t'ai juste dit qu'elle était jolie ! Juste jolie ! Ça n'a aucun rapport avec... "

Il s'arrête net en remarquant son erreur ( que j'avais déjà remarqué dès qu'il avait ouvert la bouche, lol. L'erreur, c'est simplement le fait que ce ne soit pas interdit par la loi que des gars comme lui puissent s'exprimer ). J'ai juste le temps de voir une tornade bleue sortir de la salle en pleurant ( au passage, depuis quand les tornades ça pleure ? ), laissant derrière elle une traînée de liquide lacrymal impressionnante sur laquelle Gray glisse à plusieurs reprises en voulant la suivre.

"- Attends, Jubia ! "

Ah ! Alors c'était elle. J'aurais dû m'en douter. Je suis sûr que Luc... Oups. C'est vrai.

Elle doit être vachement en colère. J'ai peur, maintenant. Qu'est ce qui se passera si je tourne la tête ? Est ce qu'elle va faire exploser la classe juste par la force de son regard ? Un peu comme Cyclope dans les X-Mens ? Je fais une petite prière silencieuse au professeur Xavier, lui promettant un nouveau fauteuil roulant et peut être même une perruque pour cacher sa calvitie si je suis encore en vie a la fin de la journée, puis tourne lentement la tête. Centimètres par centimètres. Toi même tu sais, bro, il faut être prudent dans la vie.

"- Lu... Cy ? "

En fait, elle a l'air... Je sais pas. Je m'y connais pas en expressions faciales, moi ! On dirait qu'elle a été mise sur pose. Genre vraiment. J'agite la main devant ses yeux pour la réveiller, mais on dirait qu'elle a bel et bien pété une durite. De petites larmes se forment au coin de ses yeux, presque invisibles. Il n'y a pas mouche qui vole dans la salle. Même Aries Sensei a cessé de s'excuser, du moins pour l'instant.

Puis je vois les rouages du cerveau de la blonde se remettre lentement en route. J'imagine presque une voix off annoncer : Défaillance du système. Redémarrage dans trois, deux, un...

Lucy s'assoit et ouvre son cahier en stupide papier recyclé. Puis elle sort son stylo et... Reste suspendue au dessus de la page.

J'en profite pour m'asseoir à nouveau et écouter le cours, qu'Aries Sensei reprend en s'excusant, complètement stressé de me savoir assis à côté de quelqu'un d'aussi imprévisible que Lucy, mais je ne peux pas retenir le petit élan de sympathie que je retenais depuis un moment :

"- Est ce que ça va ? "

Elle lève les yeux, me fusillant sans vergogne, moi, pauvre victime, d'un regard meurtrier qui aurait fait trembler Superman en personne, et me crache :

"- Mêle-toi de ce qui te regarde, Natsu. "

Mais elle a beau avoir l'air effrayante, elle ne peut pas faire disparaître les petites larmes qui gouttent de ses yeux si durs.

J'ai envie de lui répondre que si mon amie pleure ça me regarde quand même un peu, parce que oui, je la considère comme mon amie même si elle ne semble pas m'apprécier, mais mon instinct de survie m'oblige à détourner le regard et à cesser cette discussion. Je le sais, si j'insiste je vais m'en prendre une.

Je laisse donc filer le reste de la journée sans lui adresser la parole, trop idiot pour me rendre compte qu'elle est blessée dans son amour propre.

Les vents de Natsu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant