Chapitre 8. Ne pas faire la même erreur deux fois

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Je rentrai chez moi en claquant la porte de mon appartement, essoufflée d'avoir monté les escaliers des dix étages à pied. L'ascenseur était en panne, c'était bien ma veine...

Ma mère m'envoya un second message pour s'assurer que j'étais bien rentrée à la maison, je répondis par la positive en mastiquant un bout de pain, assise au fond de mon canapé et les pieds en éventail sur la table. Je m'ennuyais à mourir ici, nous n'avions pas encore reçu la télé, et il n'y avait pas non plus internet. Heureusement que j'avais la 4G. Quoiqu'il en soit, j'étais restée seule à la maison en attendant le retour de ma mère pendant un bon bout de temps. Après avoir tenté de résoudre quelques équations dont je ne comprenais absolument rien (depuis quand y a des lettres avec les chiffres ?), j'abandonnai l'optique de faire mes exos de maths et m'attaquai à mes cours d'anglais. Je devais lire un chapitre du livre que nous étions partis pour étudier pendant tout le trimestre, et faire un petit commentaire dessus. Rien de bien compliqué pour le moment. Je terminai mes devoirs en une heure et allais prendre le repas que ma mère m'avait laissé dans le frigo ; des lasagnes.

Je souris en l'imaginant me préchauffer le repas surgelé et le laisser en vrac dans un Tupperware avant de partir au boulot, sûrement trop en retard pour prendre un petit déjeuner.

Au bout de quelques instants assise dans mon lit et mon assiette de lasagnes préalablement posée sur les genoux je me rappelais que j'étais censée faire une stupide "punition" pour monsieur Stevens. Je ris intérieurement, moqueuse. Ce psychopathe pouvait toujours rêver pour que je la lui fasse...

« Ça me regarde plus que tu ne le crois ».

Ses paroles restèrent ancrées en moi. Il y avait bel et bien un sous-entendu là-dedans. Un sous-entendu que je n'arrivais pas à percer. Ce mec était mon professeur, ma vie personnelle ne le regardait pas, mais pourtant, je sentis que Blake et lui étaient liés. Par quoi, je ne savais pas encore... Mais dès l'instant où j'avais prononcé son prénom mon professeur avait changé d'expression, et je comptais bien savoir de quoi il s'agissait...

•••

Le lendemain matin je me levai du mauvais pied ; il pleuvait encore des cordes. Je jetai un coup d'œil à mon téléphone qui continuait d'émettre cette alarme stridente que j'avais envie d'anéantir sur le champ, me rendant compte qu'il n'était que six heures trente-quatre. Avec un peu de chance, si je ne me rendormais pas, j'aurai pu me préparer tranquillement et arriver à l'heure à l'arrêt de bus, pas question pour moi de marcher sous cette pluie.

Je me redressai afin de m'asseoir en tailleur dans mon lit, repoussant ma couette douillette. La bouche pâteuse et les yeux mi-clos, j'espérais secrètement que Blake me laisserait tranquille, et que monsieur Stevens m'épargnerait au moins pour la journée.

— Toc, toc, toc... T'es réveillée ?

Ma maternelle ouvrit lentement la porte pour ne pas faire de bruit et constata que oui, j'étais bel et bien réveillée et sur le point de me lever.

— Ouais, je vais aller prendre une douche.

— Elles étaient bonnes les lasagnes ?

Je souris bêtement, jetant un coup d'œil à l'assiette vide que je n'avais pas débarrassée et qui était restée au pied de mon lit.

— Délicieuses. Tu maîtrises de mieux en mieux le préchauffage des surgelés, on dirait.

— Qu'est-ce que tu crois ? rétorqua-t-elle. C'est des années de pratique, ça !

Bad boy or bad teacher ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant