Bad boy or bad teacher ?

Chapitre 11. Une mauvaise entente

Blake et moi continuâmes les cours de français pendant une heure encore, puis au bout d'un moment nous commençâmes à en avoir marre. Blake remballa ses affaires et les jeta sur son bureau tandis que j'enfilai mes chaussures, prête à partir.

— Tu t'en vas déjà ? s'étonna-t-il.

— Bah ouais, j'suis venue pour te donner des cours maintenant on a fini donc je rentre chez moi.

— Tu veux pas rester un peu ?

Je fronçai les sourcils. Il avait l'air vraiment... sympathique pour une fois. Cet aspect venant de lui me troublait.

— Euh...

Je faillis dire oui pour ne pas le vexer, mais à quoi bon ? Jade ressaisis-toi...

— Nan j'suis pas à ta disposition, d'ailleurs je devrais même te les faire payer, ces cours.

Blake haussa les épaules et se redressa de son lit, il trifouilla dans la poche arrière de son jean avant d'en sortir un billet de cent dollars et de me le tendre. J'étais presque étonnée de voir qu'il se moquait de me payer autant pour deux heures, mais après tout pour lui cent dollars c'était comme cinq dollars. Nous n'avions vraiment pas la même vision de l'argent lui et moi.

— T'as raison, on a presque passé deux heures là donc j'pense que ça devrait faire l'affaire.

Je fis virevolter mon regard de son billet à ses yeux, plusieurs fois avant de lever les yeux au ciel.

— Je plaisantais, idiot. Même les profs sont pas autant payés de l'heure que ce que t'étais prêt à me donner.

— Mais moi je plaisante pas, prends les.

— Garde tes cent dollars j'tai dit. Salut.

Blake fronça les sourcils, ne comprenant pas mes changements d'humeur. Moi-même je ne les comprenais pas pour être honnête. Je pris mon sac à main puis tournai les talons, lui fis un dernier signe de main en guise d'au revoir et sortis de sa chambre. En traversant le couloir je ne pus m'empêcher de regretter mon comportement envers Blake. Pour une fois il avait été gentil avec moi, carrément aimable, et je faisais la fille froide et hautaine. Je n'aimais pas me comporter comme ça, bien même si la personne le mérite.

Je sortis enfin de l'immense demeure de mon camarde et marchai en direction du même chemin que j'avais pris à l'aller, pour retrouver mon arrêt de bus et rentrer chez moi.

Je m'engageai dans la rue mais me sentais épiée, je suis sûre que vous connaissez ce sentiment, et contrairement à la plupart du temps, j'avais raison. Monsieur Stevens était juste derrière moi avec son 4.4 encore garé, cette situation commençait à me paraître familière malgré moi.

— Je peux te ramener ? Je pars aussi, me proposa-t-il après avoir ouvert sa vitre côté passager.

Son moteur ronronnant troublait le court silence qu'il y avait entre nous. J'eus envie de dire non, mais je savais qu'il insisterait alors autant me résigner à l'avance. Et puis... je dois avouer que ça m'arrangeait bien de ne pas payer un second ticket de bus.

— Ouais, je veux bien.

Je m'approchais de sa voiture, et comment dire... à ce moment-là je savais que ce que je faisais était presque dangereux. Au moment où ma main se posa sur la clenche de la portière, Blake arriva en courant, son casque de moto à la main. Il vint à hauteur de notre professeur, enfin... de son cousin.

— J'allais la déposer, pas la peine de te déranger, lui dit-il.

Quel menteur éhonté il faisait, avant d'imaginer que je monte dans sa voiture il n'avait eu aucune intention de bouger le petit doigt.

— Non c'est bon, tu peux rester à la maison je pars aussi donc ça ne me dérange pas de la déposer.

— Je t'assure, ce n'est pas la peine, insista Blake.

Je me sentais presque gênée que ces deux-là se battent presque pour me ramener chez moi. D'autant plus que ça me paraissait très étrange de voir Blake tutoyer mon professeur, mais bon... j'allais devoir m'y habituer désormais. Je voulus me rétracter et dire que je pouvais rentrer chez moi par mes propres moyens, mais M. Stevens me devança.

— Comme tu veux, céda-t-il presque à contre coeur. Fais attention avec ton engin ramène la demoiselle chez elle en un seul morceau.

Il me lança un regard, sonda ma silhouette entière puis fit rugir son moteur avant de s'en aller, me faisant un dernier signe de tête en guise de salut. Je ne sais pas pourquoi mais ce jour-là, et à ce moment plus particulièrement, son regard me troubla plus que jamais. Il avait comme un sentiment de possession au travers de ses pupilles, et de rage... je ne sais pas... je ne comprenais pas. De toute manière, Blake m'interrompit dans mes pensées :

— C'était quoi ça ? me demanda-t-il une fois que mon professeur de maths fut parti.

— Quoi ?

— T'allais accepter qu'il te ramène ?

— Mais qu'est-ce que tu voulais que je lui dise ?

— Que tu dises non, c'est tout.

— Oh ferme ta gueule je fais ce que je veux.

Blake prit sur lui plus que jamais pour ne pas surenchérir, je le vis. Il soupira et m'ordonna de monter derrière lui sur sa bécane. Je m'exécutai sans un mot supplémentaire et passai mes bras fermement autour de sa taille. Pendant le trajet je me contentais juste de lui dire quel chemin prendre, indications qu'il accueillait d'un simple hochement de tête. Nous arrivâmes vite devant chez moi, je descendis de sa moto tout en le remerciant. Tout s'était de nouveau refroidi entre nous, presque glacial comme entente...

— Merci de m'avoir ramenée, me contentai-je de dire.

— Y a pas de quoi, m'assura-t-il, si par hasard t'as besoin d'un chauffeur je préfère que tu me demandes à moi plutôt qu'au prof, OK ?

Je ne pus m'empêcher de rouler des yeux, agacée.

— Eh mais c'est quoi le problème entre vous deux ?

— Y en a pas, trancha-t-il directement. Mais... c'est pour toi que je dis ça, tu viens d'arriver imagine qu'on te voit seule avec le prof tout le monde va parler. Déjà qu'ils t'apprécient pas trop au lycée.

Je soupirai.

— Bon bref voilà, tout ça c'est pour toi que je le dis, dans tous les cas c'est mieux que tu te tiennes loin de lui.

— Wow, tu dis ça comme si c'était un mec horrible.

— Bon écoute Jade tu le connais pas moi j'le connais il fait partie de ma famille donc fais ce que je te dis, d'accord ?

Vous savez ce qu'est l'esprit de contradiction ? Oui, j'en suis sûre, c'est comme quand on dit à un enfant de contourner la flaque d'eau près du trottoir et qu'il saute bien à pieds joints dedans, eh bien moi c'était la même chose, j'avais envie de faire tout le contraire de ce que Blake me disait. Ça allait peut-être me porter préjudice, et plus que je ne le pensais...