** dimanche 21 février 2016, 05h48 **
Les premiers rayons du soleil n'avaient pas encore commencé à percer le jour que la pièce était déjà baignée de lumière par les gros néons à l'aspect vieillissant fixés au plafond. Ils donnaient un rendu très artificiel. Cette pièce n'était autre qu'un bureau. Bien plus grande qu'une salle de classe, elle paraissait trop vaste pour occuper la fonction première de simple bureau. Un énorme meuble en ébène trônait en son centre. Il ressemblait plus à une table familiale au vu de ses dimensions qu'à du mobilier de travail. Installé sur une chaise de solide facture, un homme y était en train de remplir des papiers. Des dizaines de dossiers étaient étalés devant lui tandis que de nombreuses piles attendaient sur le côté. De nombreux stylos et quatre gros tampons étaient éparpillés ; le halo de lumière émis par une lampe en fer forgé reflétait faiblement sur un globe terrestre et un téléphone situés à côté. Un long tapis rouge orné de dorures partait du bureau pour venir mourir devant la double porte d'entrée en bois massif. Le mobilier était proportionnel à la taille de salle, c'est-à-dire, énorme. Tout dans cette pièce paraissait démesuré. Les canapés et fauteuils en cuir vieilli pouvaient accueillir une famille entière ; les armoires étaient grandes que plusieurs hommes tiendraient à l'intérieur ; plus d'une centaine de livres était entassé sur la bibliothèque poussiereuse.
Disposés le long du bureau, de majestueux drapeaux flottaient légèrement dans l'air, frappés par l'action de ventilateurs portant de nombreuses marques de rouilles. Après un rapide coup d'œil, il était facile de constater l'absence totale de fenêtres dans la pièce, ce qui donnait un côté oppressant à la scène. Aucune lumière naturelle ne pouvant pénétrer, il y avait un nombre impressionnant de lampes, qu'elles soient à pied ou de bureau. Toutes étaient allumés en cette heure avancée du matin. Sur l'un des murs de la pièce, était accrochée une carte de l'Afrique de l'Ouest, longue de près de deux mètres, portant de nombreuses annotations manuelles et des punaises de couleurs, qui semblaient marquer des endroits. Le plus frappant se trouvait derrière le bureau. Une peinture de plusieurs mètres de haut, représentant l'homme attablé, était accroché au mur. Ce tableau le montrait sur un cheval blanc, brandissant une épée d'un air fier sur un fond de champ de bataille. Cela ressemblait beaucoup aux peintures faites pour les rois ou les empereurs d'antan. Une plaque dorée était apposée sur le bas du cadre, et portée la légende "Général Igor Camara, sauveur du peuple".
Le Général Camara saisit l'un des tampons devant lui et l'apposa sur le premier dossier. On pouvait y lire la mention « CONDAMNE AUX JEUX DU PEUPLE » en rouge puis il ferma le dossier et le posa sur une pile à côté de lui. Soudain, des bruits de pas se firent entendre depuis le couloir, puis trois détonations suivirent. Quelqu'un tapait à la porte d'entrée du bureau.
- Entrez ! fit l'homme attablé d'une voix profonde et caverneuse.
Les deux énormes portes en bois s'ouvrirent lentement. Des silhouettes apparurent sur le seuil et avancèrent jusqu'au milieu de la pièce. Il s'agissait de trois hommes noirs, de grande taille et vêtus de tenues militaires kakis. L'un d'entre eux retira la casquette d'officier qu'il portait et fit un pas en avant, comme pour prendre la parole. Il semblait être important au vu du nombre de médailles et de décorations accrochées sur sa poitrine.
- Désolé de vous déranger à cette heure si tardive votre Excellence, mais nous avons une nouvelle de la plus haute importance à vous annoncer, déclara le militaire d'un air solennel.
- Je vous écoute Colonel Diarra mais dépêchez-vous, j'ai d'autres choses à faire, répondit le Général Camara.
- Un avion a été repéré près des côtes et se dirige vers nos terres.
- Et alors ? Allez droit au but Colonel.
- Il s'avère, votre Excellence, qu'aucune arrivée est prévue avant quinze jours. La prochaine venue est une délégation soviétique. D'ici là, aucun avion est censé arriver. Il était de mon devoir de vous l'annoncer.
- C'est un avion ennemi ? demanda l'homme attablé.
- Nos hommes affirment qu'il ne s'agit que d'un simple avion de tourisme étranger.
- Hum, il se dirige vers nos terres, rétorqua le Général Camara. Où exactement ?
- D'après la trajectoire actuelle, l'appareil se dirige au nord de la région de Vassiligrad.
- C'est une zone agricole. Aucun danger. Suivez le alors, forcez le à atterrir et cueillez ceux qui en sortent.
- Faut-il tous les tuer votre Excellence ?
- Non, je les veux vivant.
- Très bien, j'en avertis mes hommes, ça sera fait selon vos ordres. Vous en serez le premier averti. assura le Colonel Diarra.
- Une fois qu'ils seront capturés, enfermez les dans la caserne la plus proche du lieu d'atterrissage de l'appareil. Je veux savoir pourquoi ils se sont approchés de nos terres. Ce n'est pas normal. Je me déplacerai personnellement pour les interroger.
- Mais, votre Excellence, si je peux me permettre, nous avons des hommes spécialisés en la matière, ils pourront les faire parler facilement. Vous n'êtes pas obligés de...
- Colonel Diarra, je vous ai dit que je viendrai ! coupa le Général Camara, d'un air autoritaire. Maintenant, déguerpissez de mon bureau.
- Très bien. Merci votre Excellence. Tout sera fait selon vos ordres, affirma le militaire la tête baissée.
Le Colonel Diarra eut à peine finit ses quelques mots, qu'il fit un salut militaire en guise de respect. Il claqua les talons pour émettre un bruit qui raisonna dans tout le vaste bureau puis fit demi-tour. Il fit un léger mouvement de la tête aux deux hommes l'accompagnant et ils se précipitèrent sur les portes massives afin de les ouvrir. Les trois militaires franchirent le seuil du bureau, puis veillèrent à refermer les portes sans le moindre bruit.
- Vous avez entendu le Général Camara ! Prévenez le Capitaine Traoré de Vassiligrad. Qu'il se mette en chasse, souffla le Colonel Diarra, tout en s'éloignant dans le couloir.
- Vous êtes sur que le Capitaine Traoré est le plus apte pour ça ? demanda l'un des soldats.
- C'est l'officier le plus gradé de cette région, c'est à lui que revient la mission. Sergent Soumah, prévenez le qu'il nous les faut vivant, donc pas de méthode musclée ! Sergent Bangoura, commencez à préparer un véhicule dès maintenant pour que le Général Camara puisse se rendre dans la région Vassiligrad au plus vite.
Les deux soldats firent un signe de tête et partirent chacun d'un côté du couloir. Le Colonel Diarra se retrouva seul et murmura « mais quelle merde ».
VOUS LISEZ
AFRIKA
Science-FictionSuite à un événement météorologique inexplicable, un avion de tourisme se retrouve coincé dans un univers où le communisme règne sur le monde et où l'Afrique de l'Ouest est devenue un état totalitaire, paranoïaque et violent. Ainsi, les passagers de...