Chapitre 6 (partie 1)

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Hey, ça va bien ? La famille tout ça, tout ça ?

Bon, dernier chapitre séparé en deux parties pour une raison qui vous sera sûrement plus évidente à la fin.

Allons-y !

***

Je suis arrivé. C'est étrange que tu m'aies donné rendez-vous ici. Je ne m'attendais pas à une vieille usine de chaussures désaffectée. Encore moins quand une fusillade, cause de l'abandon de cette usine, y a eu lieu, il y a quelques années. Tu me donneras certainement une explication, bien que je préfère un endroit désert à un endroit bondé de monde. Je décide donc de rentrer dans le bâtiment sordide. Je me dirige automatiquement dans la bonne direction ? L'intuition, probablement. Je finis par arriver dans une grande salle encombrée de quelques machines qui m'accueillent. Et au fond, je te vois. La joie et la peur m'envahissent soudain. J'avais tellement hâte de te revoir, mais je ne peux pas m'empêcher de rester éloigné, à cause de lui.

-"Antoine ?"

Ma voix déraille un peu sous l'émotion. Toi, tu te retourne, souris en me voyant et cours dans ma direction. Mais moi je recule. Tu semble étonné, perds ton sourire mais respecte mon choix en t'arrêtant.

-"Mathieu, qu'est-ce qu'il se passe ? On voit ta photo partout sur des avis de recherches mais il disent juste que t'es dangereux, pas ce que tu a fais."

je baisse les yeux sur mon T-shirt, poings serrés. Oui, j'avais pris soin de retirer son costume, je ne voulais pas que tu me vois avec ses vêtements.

-"Je... J'en sais rien, Antoine, je comprends plus rien."

Tes yeux chocolats ma fixent derrière tes lunettes rectangulaires. Un regard plein de pitié.

-"Mat', je..."

Tu soupire, comme si tu risquais quelque chose en me parlant.

-"Tu ?"

Tu semble hésitant. Puis, tu finis par dire:

-"Je voulais te prévenir. Te dire de fuir. Le gouvernement te cherche, il a demandé à plusieurs tueurs-à-gage de te retrouver. Mais aucun d'eux n'est revenu."

Je te regarde, légèrement étonné. Alors, c'est le gouvernement qui envoie toutes ces personnes qui cherchent à me tuer et qui y ont laissé leur peau en s'attaquant à lui ? Moi qui croyait que c'étaient juste des ennemis du patron.

-"Antoine, je...Argh"

Je mœurs de mal et me prends la tête entre les mains, essayant de me retenir de hurler de douleur. Et toi, tu paniques.

-"Mat', ça va pas ?! Il se passe quoi, là ?!"

-"Je...Ant-Et comment tu sais ça, gamin ? Aaarh..."

Tu ne dis plus rien alors que je lutte contre la douleur pour l'empêcher de me contrôler de nouveau.

-"M-Mathieu ?"

-"Je-J'attends toujours ta réponse, gamin et je suis pas très patient."

Je lis dans tes yeux beaucoup d'incompréhensions et une légère terreur alors que les miens te supplient.

-"An-Antoine, réponds-lui... Pitié..."

Et tu t'empresses de répondre, ne supportant pas de me voir plié de douleur.

-"Ils... Ils sont venus chez moi. Les mecs du gouvernement. Ils m'ont demandé de les mener jusqu'à toi. Au début, j'ai refusé, je leur ai dis que tu étais mon ami, alors ils m'ont menacé. Je leur ai aussi dit que c'était immoral. Et ils m'ont répondu que ce que tu avais fait l'était aussi. J'ai fini par accepter quand..."

Tu baisses les yeux et serres la mâchoire. Une larme commence à couler.

-"Antoine... Aaarh... Oh, mademoiselle à la larme facile, on dirait."

Un rire sardonique s'empare de mon corps alors que j'essaye de reprendre le contrôle. Et j'y parviens, petit-à-petit, pendant que tu continues, persuadé que je t'entends encore.

-"Ils m'ont expliqués ce qu'ils attendaient de moi. Que je devais t'amener dans un endroit où tu ne pourrais faire de mal à personne. Je devais t'occuper en les attendant. Ils ont posé un mouchard sur mon portable, mais je l'ai jeté sur la nationale pour ne pas qu'ils ne me trace et te trouve. Ils m'ont aussi dit que si tu devenais menaçant, je devais..."

Un simple signe que je comprends immédiatement. Juste ton doigt qui dessine un trait sur ton cou. Tu me regardes, moi, maintenant à genoux à cause de la douleur. Mais tu ne t'y attendais pas, hein ? Tu ne t'attendais pas à ce que je te lance cette arme que j'avais vue à quelques mètres de moi en entrant dans cette grande salle. Pourquoi elle était là ? On l'aurait oubliée en "nettoyant" les lieux de toute trace de crime, sans-doutes. Et tu la fixes, les yeux grands ouverts baignés de larmes.

-"Q-quelqu'un finira bien par... Argh... par me tuer. Si je dois être délivré de cette ... de cette malédiction, au-autant que ce soit de la main de mon... Aaarh... mon meilleur ami."

Je suis toujours au sol, luttant tant bien que mal contre la douleur qui m'accable.
Tu me regarde de nouveau, mais cette fois, ce sont tes yeux à toi qui me supplient.

-"Mat'... Me fais pas ça... Me demande pas de..."

Je parviens, dans un ultime effort, à te faire un fantôme de sourire légèrement encourageant.
Lentement, tu tends une main tremblante vers l'arme, comme si tu allais te bruler la main en la touchant. Et tu as peur. Non pas du lourd métal qui repose maintenant au creux de ta main, mais de la promesse plus lourde encore qui l'accompagne. Et, avec supplication, tu me lances un dernier regard, espérant me voir renoncer à cette idée.

-"Vas... Argh...Ne t'avise même pas de faire ça, gamin...Vas-y, Antoine."

Tu vises, fermes les yeux et dit d'une voix entrecoupée de sanglots :

-"Je... Je suis désolé, Mathieu."

Coup de feu.

Et j'évite la mort de justesse. A cause de lui. Lui qui s'est jeté sur le coté pour éviter la balle et qui me l'a fait éviter aussi par la même occasion. Je suis trop secoué que pour reprendre le contrôle, alors il se relève.

-"Je t'avais prévenu, gamin, t'aurais jamais dû faire ça. Et crois-moi, je vais pas être tendre avec toi."

Un sourire cruel se dessine sur mes lèvres et je m'avance lentement vers toi. Toi qui es tétanisé et qui en lâches ton arme. D'un geste vif, je la ramasse et te plaque au sol, le canon froid sur ta tempe. Et, avec un rire à glacer le sang, je dis tout bas :

-"Une dernière volonté ?"

-"Ma-Mathieu, je..."

-"Oups, trop tard, le temps est écoulé."

Et je tire.

Souffrance, désespoir, colère. Trois sentiments trop présents en moi pour qu'il garde le contrôle. Je me jette à tes côtés en pleurant.

-"Antoine, non, je suis désolé, je voulais pas, je...!"

Et d'un coup, je réalise. Je me lève, le visage crispé par la haine, hurlant à celui qui avait détruit ma vie :

-"JE TE HAIS !"

Je saisis ensuite l'arme qui baigne dans le sang et avec un sourire fou, la braque sur ma propre tempe.

-"Une dernière volonté ?"

Et je tire.

L'âme du démonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant