Bon ! Tout est prêt ? Tu n'oublies rien ? La sacoche ? C'est bon ! Plus rien qui traîne ? Non. Les papiers ? Les clefs ? OK. Les lumières ? Eteintes.
Ta routine des matins gris. Ou bleus, ou roses, voire même noirs en plein hiver. Tes mêmes gestes sous des immensités aux couleurs changeantes. Tes mêmes trajets dans le grouillement des automates. Les autres que toi. Les feux, les stops, coup d'œil à droite, à gauche, tu freines, tu te faufiles, tu guettes l'horloge sournoise qui profite d'instants d'inattention pour sauter quelques minutes et compliquer tes affaires. Le réveil brumeux de l'esprit dans les grognements des machines et des gens, le viol progressif des oreilles par les moteurs, les publicités, les blagues éculées et les infos attendues, les chansons trop usées. Merde ! Encore un feu rouge !
Et Sarko qui gagne des points dans les sondages... Et le monde qui va pas mieux... Et le Sida qui va pas pire... Une rentrée motivante, quoi ! Tu te gares, le regard furtif qui se coule de petite silhouette en silhouette moins petite, ombres qui convergent, dociles, bossues, vers le bâtiment qui tentera de les apprivoiser, en vain, mais qui ne parviendra qu'à les emprisonner un peu plus, sauvageons en sursis, dupes du monde adulte.
Ta portière qui claque, ton cœur qui tente une échappée. Rodéo discret de l'obligation pécuniaire sur le dos formidable de la bête apeurée et rebelle. Inspiration. Tu remontes ton pantalon, discrètement, l'aire de chercher un truc dans les poches, tu ajustes le manteau, l'air de vérifier que rien n'a été oublié sur le siège, puis tu te redresses : c'est-à-dire que tu tentes de te dresser, que le poids sur tes épaules t'en empêche, puis que tu te dresses quand même, statut de professeur oblige.
Puis tes pieds qui trahissent tes envies et qui t'entraînent vers ton piédestal aux marches aiguisées, si aiguisées que peu en réussissent l'ascension, que beaucoup en dégringolent au péril de leur vie et que rares sont les élus qui, couronnés d'aubépine, n'en attendent pas une rapide et prompte crucifixion.
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Des nouvelles de mon adolescence ! ...et autres projets inachevés...
NouvellesIl faut bien commencer à écrire pour développer sa maîtrise et son imaginaire : je vous propose ici mes premières nouvelles, plus ou moins achevées d'ailleurs, mais qui vous donneront sans doute quelques idées et vous décomplexeront ! Bah oui, avant...