Je ne dois pas oublier

5 0 0
                                    

          "C'est ce que tu te dis le soir ?"

"Un jours de moins... Un jour de moins Tris..."
Je pose mes deux mains sur les oreilles, les serrant de toutes mes forces pour que la voix se taise, pour qu'elle me laisse en paix.
"Pourquoi tu fais ça ? Tu vas mourir de toute façon"
Les larmes coulent sur mes joues tandis que je leur hurle de toutes se taire, toutes autant qu'elles sont.
"Je lui souhaite de tenir encore 2 mois"
Non... Non... NON !
- Non ! Ah..!
Quand j'ouvre les yeux je me rend compte que je suis sur le sol, au pied de mon lit, prise dans les draps. De vraies larmes inondent mes joues et mon corps est couvert de sueur... Je ne compte plus le nombres de nuits mouvementées que j'ai eu ces derniers temps... Je ne sais plus quoi faire pour que ça s'arrête... Depuis ce qu'il m'a dit il y a quelques jours ça ne fait qu'empirer. Je ne sais par quel miracle j'ai réussis à l'éviter depuis... Je l'ai bien vu quelques fois, mais il n'a pas eu l'occasion de m'adresser la parole. Au début je dois dire qu'il n'a même pas essayé.
Je me traîne sur les planches du parquet lisse et régulier pour m'assoir contre mon lit, mes jambes pliées et collées à mon buste, tandis que, contre mes genoux, les larmes coulent de plus belle. Je serre mes jambes entre mes bras de toutes mes forces pour retenir mes sanglots, je ne voudrais surtout pas qu'on m'entende. Je ne peux pas... je ne peux pas me permettre de flancher.

* * * *

Je sent le regard de la gouvernante sur moi, un regard peiné ou inquiet. En me levant ce matin, de grosses cernes noires marquaient mes yeux du au manque de sommeil, comme si j'avais voulu faire un maquillage de panda pour Halloween ou mieux, que je m'étais prise un poing dans la figure. De chaque côté, par soucis de symétrie peut être. Je suis certaine que depuis le début de mon traitement je n'ai jamais eu l'air aussi livide... Je suppose que c'est cette période "terminale". Cette fois je me surprend à retenir mes larmes à cette pensée. Une tâche difficile pour mes yeux déjà bien douloureux et fatigués. En m'asseyant à ma place, dans le fauteuil de la salle de chant qui m'es destiné, je me demande vaguement si le stock de larmes de mon corps a une limite infranchissable, ou si ce sont simplement les larmes qui avaient déjà été prévues pour les nombreux mois ou je n'en ai pas senti la présence ni l'envie d'être déversées. Mon professeur n'a jamais eu le moindre retard, pour aucune de mes leçons, depuis des années. Cependant, aujourd'hui, je l'attend... C'est étonnant qu'il ne sois pas là. Cinq minutes, dix, quinze. Où est-il ?
Je me lève précipitamment en entendant la porte en bois s'ouvrir. Pourtant, la personne qui me rejoins n'est pas celle que j'espérais...
- Tu saurais m'expliquer pourquoi ma leçon de chant est aussi retardée ? - je fronce les sourcils en observant la mine dépitée de la rousse en face de moi.
- Eh bien... Pour tout te dire... Ton cours n'aura pas lieu. - elle baisse les yeux et je ne comprend pas.
- Pourquoi pas ? Le professeur est souffrant aujourd'hui ?
- Pas... exactement... - elle marque une pause de quelques secondes, comme pour se retrouver dans ses pensées. - Les médecins ont... demandé à ce que tu n'en aies plus. Selon eux c'est trop dangereux de t'efforcer comme ça. Alors les cours de chant ou de dance qu'il te restait sont annulés.
- Quoi ?! Définitivement ? - je serre les poings. - Pourquoi ? Tu sais que j'en ai besoin, tu sais que sans ça je...
- Pardon... C'est le mieux pour toi, on ne peut rien y faire. - tout ce à quoi j'ai droit en plus est un long soupir, comme si elle venais de terminer une tache difficile et qui lui aurait coûté énormément.
Difficile ? C'est moi qui vais devoir arrêter la dernière chose qui me rattachais à moi ! À qui je suis ! Je me sens mes yeux humides tandis que je sort de la salle sans même lui adresser un regard. Je marche le pus rapidement possible dans les couloirs de la maison pour retrouver ma chambre, je veux simplement être seule, je veux simplement retourner dans mon lit et m'endormir en espérant qu'à mon réveil rien de tout cela ne sois arrivé. Que ce ne sois pas vrai....En entrant je ne peux m'empêcher de me demander ce qui pourrais m'arriver encore dans cette fichue journée.
- Eh ! Enfin je te vois. T'es consciente que si tu continues de m'éviter j'aurais pas de travail et si on continue de me voir rien faire ils vont finir par s'en rendre compte et me forcer à me remettre au-
- Ta gueule ! C'est pas le moment, je m'en fiche complètement de tes problèmes ! Fiche le camp ! - excellent, non vraiment magnifique. Il fallait qu'il soit là maintenant, qu'il me regarde avec cette tête idiote la bouche ouverte comme si il venais de voir un fantôme ou un autre spectre quelconque. - Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? Je sais, je ressemble à Casper, tu peux t'en aller maintenant ? C'est pas le moment, j'aimerais écouter n'importe qui sauf toi. - ses yeux s'ouvrent un peu plus, comme si il venais de remarquer quelque chose. Et il finis juste par... éclater de rire ?
Mes joues sont encore humides et malgré la colère les larmes me rendent toujours aussi peu crédible... Pourquoi il ris. Ça l'amuse de me voir malheureuse ? Ou c'est peut être mon visage... Ou les larmes ou...
- Tu m'as dit quoi ? - il parle tout en pouffant comme si il était en face d'un clown ou d'un chat qui se suicide en sautant depuis sa fenêtre. (pourquoi j'ai internet ?)
- Je t'ai demandé de te taire et de me laisser tranquille, qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
- Non, c'est pas vrai, tu m'as demandé de "fermer ma gueule". Attention, c'est un vilain mot pour une fille comme toi. - il continue de rire comme un imbécile appuyé contre mon bureau tandis que je roule les yeux de désespérance. - Je t'avais jamais entendu dire un gros mot, quel qu'il sois. Jamais. J'étais certain que t'en connaissais même pas.
- Bah bien-sûr, et puis je viens d'une autre planète aussi. - je soupire, c'est ça qui le tue autant ? J'ai vraiment pas la tête à ça.
- Eh bien vas-y, dis m'en un, un très mauvais.
- Sort de ma chambre et arrête de dire n'importe quoi.
- Oh allé, j'adore la voix que tu as quand tu le dis. Ça te va tellement mal que c'est comique. - je m'assois sur le lit et lève les yeux au ciel en réfléchissant, si il y tiens. - Alors ? C'est si difficile que ça ?
- Non, j'en connais des tonnes tu sauras. - au fur et à mesure que son regard se fait pus pesant je sent mes joues rougir. C'est n'importe quoi son truc.
- Bah tu devrais avoir aucun mal à m'en donner un alors. - il ris encore et je mord ma lèvre. - Je le savais, tu n'en connais aucun.
- De toute façon, c'est quoi l'utilité de quelque chose d'aussi stupide et irrespectueux à dire yn ? Le fait que tu donnes autant d'importance à quelque chose comme ça prouve seulement que t'es qu'une tête de nœud !
- Tête de quoi ? - je pense l'avoir perdu sur ce coup là.
Je me retrouve avec ce débile littéralement assis contre mon mur, mort de rire, à se ficher ouvertement de moi parce que je ne connais pas de mots vulgaires et inutiles et que je l'ai traité de...
En voyant son expression et repensant bien à mon choix d'expression, je finis moi aussi par rire avec lui durant un temps que je ne sais pas déterminer.
Je l'admets, il y avait probablement plus crédible.
- Alors ? Tu vas me dire pourquoi tu pleurais ?
Je n'avais même pas remarqué l'absence de larmes sur les joues, à vrai dire, j'avais finis par même oublier ce pourquoi je n'allais pas bien.
          Cette mine triste reprend place sur mon visage et je m'éloigne un peu de lui, j'avais presque oublié en face de qui j'étais... Je ne peux pas avoir confiance en lui.

Quand tout ne tiens qu'à un filOù les histoires vivent. Découvrez maintenant