Une vie facile

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         « Quand tu deviendras une grande artiste, les gens ne vont pas toujours te comprendre exactement comme tu es, mais ce n'est pas important tant que, toi, tu n'oublies pas s'qui est vrai et ce qui ne l'est pas. »

        J'essuie mon front avec un linge tout en buvant une grande gorgée d'eau, tandis que je m'assois sur un banc pour me reposer. J'ai l'impression que je n'ai pas tenu aussi longtemps aujourd'hui... Je me rends compte que, petit à petit, je commence à me sentir de plus en plus fatiguée, de plus en plus vite.
        Pas que je n'aie pas toujours été consciente que ma maladie n'allait pas rester à un point stable, j'étais au courant que malgré tout l'argent dont mes parents puissent faire preuve, un cancer n'est pas une personne, on ne peut pas simplement lui demander son prix et le lui offrir pour que plus jamais il ne vienne nous tourmenter, malheureusement, c'est bien plus compliqué.
        Je me considère chanceuse évidement, mes parents m'ont payé de bons traitements, mes cheveux sont assez fortifiés pour ne pas tomber tout de suite donc je parviens à les maintenir à la hauteur des épaules. J'ai clairement une vie plus agréable que celle de la majorité des personnes dans ma situation, jamais je n'oserais me plaindre, je ne saurais pas être aussi égoïste. Mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir... Vide. Je ne saurais pas expliquer la raison de ce sentiment.
        C'est comme si tout l'argent qu'ils épuisent pour me maintenir en vie était inutile, comme si ma simple existence était une perte de temps.
       Au final, qu'est-ce que je suis ? Qu'est-ce que je représente pour les gens qui m'entourent ? Je suis une source à problèmes, je ne peux pas contenter ma mère, ni tranquilliser mon frère ou quoi que se sois d'utile. J'aurais beau chanter je ne deviendrais rien dans ce milieu et même si par miracle j'en étais capable, je ne tiendrais jamais la route. Je ne peux pas faire un voyage, je ne peux pas jouer dans un parc, je ne peux pas suivre mon aîné dans une course dans le jardin, j'ai l'impression d'avoir perdu les meilleurs parties de ma vie, les choses qui illuminaient mes journées dans cette maison.
        Je suppose que ce soit ce qui devrait m'inquiéter n'est-ce pas ? Les autres, ma famille, ceux que j'aime. Je devrais être triste de les laisser ici sans moi, je devrais être triste de leur rappeler tous es jours que je ne vais pas bien, dans toutes les choses que je ne suis pas capable de faire. Et c'est le cas, je suis certaine que ça l'est, je le suis. Simplement... J'ai le droit aussi de vouloir des choses pour moi, non ? J'essaye comme je peux de ne pas me montrer égoïste, de ne pas m'apitoyer sur mon sort. De penser aux gens qui s'en font pour moi, je suppose que c'est le plus correcte. Et je sais que c'est ce que je ressent, je le sais.
        Je relève ma tête, penchée en arrière, contre le mur, et soupire avant de me lever pour aller manger quelque chose dans la cuisine. J'essuie les quelques larmes qui se sont formées à mon insu, au bord de mes yeux bleus et prend un sandwich dans une assiette probablement prévue pour moi, sans qu'elles ne disparaissent totalement pour autant. Je ne me souviens pas l'avoir demandée à la gouvernante, mais c'est sympa, je mourrais de faim avec tout ça.
        Assise sur le bord du plan de travail je m'apprêtais à mordre dans mon sandwich quand j'entends quelqu'un pester.
    - Mon sandwich putain ! C'est mon déjeuner que t'as pris !
    - Mais tu vas arrêter de me crier dessus oui ? – mes joues rougies par les larmes deviennent encore plus rouges sous cette continuelle et gênante rage qu'il provoque chez moi et je fronce mes sourcils, le regardant avec des yeux mauvais.
    - Me regarde pas comme ça, c'est toi qui est venue m'emmerder. – il croise les bras, plus calme.
    - C'est toi qui es venu dans ma cuisine ! – je crie autant que lui au par avant.
    - Tu sembles oublier que je suis un employé pas un esclave, j'ai droit à une pause ! Et puis je te remercierais de me parler autrement blondinette.- comme toujours il me parle avec une voix de profond mépris.
    Vous vous souvenez quand je vous ai dit que je n'étais pas capable de l'éviter dans la maison ? C'est exactement à ce genre de moments que je faisais référence ! Je baisse mes yeux en soupirant et pose le sandwich sur l'assiette sans y avoir touché, je ne suis pas d'humeur à me disputer pour ces bêtises.
    - Comme tu veux.
        Je me lève pour m'en aller et le laisser ici mais quand je suis sur le bas de la porte je me fais retenir par une main serrant fermement mon bras.
    - Attend un peu boucles d'or, laisse moi voir ça... - il passe son pouce et son index sous mon menton et le soulève vers lui tandis que j'essaye tant bien que mal de me dégager.
    - Ne me touche pas toi !
    - Ooooh, tu pleurais ? Qu'est-ce qui c'est passé ? Papa t'a pas donné ton poney pour ton anniversaire ? Tu vas pas me dire que c'est de ma faute. – en le disant il caresse ma joue avec un rire moqueur exécrable.
    - Tu ne me connais même pas, je ne te connais pas non plus et honnêtement ton avis sur mes problèmes je m'en fiche. – je tire plus fort mais je n'arrive pas à me dégager de son emprise.
    - Doucement... Arrête de bouger. J'essaye juste de comprendre s'qu'une petite riche coincée comme toi peut avoir comme soucis. Remarque c'est peu être ça, tu t'es disputée avec ton amoureux ?
    - Je m'appelle Beatrice espèce d'imbécile ! Pas « petite riche » ou « boucles d'or » ou quoi que se sois d'autre.
    - Alors tu ne nies pas Beatrice, j'ai raison ? Pourtant je ne vois pas un mec s'intéresser à toi. Changeons de théorie. Chiante comme tu est tu dois au contraire manquer d'un peu d'autorité non ? T'as jamais du sortir avec qui que ce sois. – sa main redescend jusqu'à mon cou et son sourire s'élargis – C'est peu être pour ça aussi que t'arrêtes pas de tout faire pour me croiser.
    Il rit et descend la main qui était sur mon bras jusqu'à mes hanches, qu'il serre avec beaucoup moins de force.
    - T'est vraiment pire que s'que je pensais, lâche-moi ! – d'un coup de bras j'éloigne sa main de mon cou et lui met une gifle du plus fort dont je suis capable, les larmes coulant maintenant vraiment de mes yeux, je n'ai pas la moindre idée de la force dont j'ai fait fait preuve, je ne sais pas si je lui ai réellement fait mal, mais je m'en fiche éperduement. En le regardant j'ouvre la bouche pour pouvoir dire quelque chose mais devant son air surpris je me contente de mordre ma lèvre et m'en aller dans ma chambre, montant les escaliers en courant.
    Je ne peux pas croire qu'on puisse être capable de juger une personne aussi facilement, comment il peu me parler comme si il savait déjà tout de moi ?
        L'amusant c'est qu'il assume tout de suite que ma vie est facile, que je suis gamine pourris-gâtée qui est tellement habituée à tout avoir facilement et dont la vie est tellement parfaite, qu'elle ne pourrait pleurer que pour une raison stupide. Il est définitivement une mauvaise personne je ne sais même pas pourquoi j'ai l'impression de découvrir une nouveauté !

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Ce chapitre me parais un peu plus long que les autres, j'en suis assez contente et il a été plus fluide et facile à écrire que certains autres.

J'espère qu'il vous plaira !

~ Rachel

Quand tout ne tiens qu'à un filOù les histoires vivent. Découvrez maintenant