J'en ai trop dit...

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« Trois choses ne peuvent pas être cachées bien longtemps : le soleil, la lune et la vérité. - Proverbe Bouddhiste»

          - Raah, c'est pas comme ça, tu t'y prends mal !
          - Ouais bah je te signale quand même que je l'ai jamais fait avant, alors tes plaintes tu peux aussi bien les garder pour toi. – je soupire, exaspérée devant son air. Non mais, on le verrait on croirait qu'il a toute la raison du monde de son côté.
          C'est vraiment pas facile de supporter un caractère pareil, même assise sur mon lit je peux l'entendre râler dans sa barbe. Ici le temps est incontrôlable, tantôt il fait beau tantôt il pleut, ça peut être quelques semaines, quelques jours, quelques heures, on sait jamais trop à quoi s'attendre. Mais là, on est vraiment dans la période de pluie, il fait pire que froid et il pourrait ce montrer un peu reconnaissant que je l'aie sauvé du travail à l'air libre. J'ai décidé de mettre cet... incident derrière le dos pour de bon, oublier ce qui c'est passé. J'ai besoin de rendre ces prochains jours plus supportables.
          - Tu voulais un travail plus simple non ?
          - Quand t'as dit « plus simple » je m'attendais pas vraiment à ça. Je suis pas un major d'homme !
         - C'est juste un rideau ! Tu dois passer la tige en métal dans chacune des boucles de tissus puis, tu dois la remettre sur le support, c'est pas difficile, même moi je sais le faire !
          Je retire tout ce que j'ai pu dire avant sur le supporter ou quelconque pensée stupidement optimiste. Je regrette amèrement de l'avoir aidé, c'est pénible, je veux qu'il aille mourir sous la pluie dans le jardin ! En plus je vais quand même passer les derniers jours de ma vie avec une personne insupportable en qui je n'ai absolument pas confiance et que je n'apprécie même pas.
        - Facile à dire, c'est pas toi qui est sur une chaise à tenir une barre ou une tige ou s'que tu veux avec ton rideau de 5 tonnes. Pis comment tu t'es débrouillée pour le faire tomber déjà ?
        - Je te l'ai dit, je me suis pris les pieds et je l'ai tiré en tombant. – je suis officiellement inconsciente, comment l'idée de le faire m'aider moi a bien pu me sembler acceptable ?
          - Ouais bah tu dois être vachement maladroite ou alors vraiment lourde pour faire tomber un truc pareille.
          - Je ne suis pas lourde ! – je soupire pour la énième fois devant cet incompétent.
          J'ai dit à mon père qu'en se moment il m'arrivait souvent d'avoir besoin d'aide pour ce genre de choses. Je perds l'équilibre de plus en plus facilement et c'est vrai qu'avoir une personne qui puisse m'aider ne serait pas de refus. J'ai renforcé en disant que je me sentais plus alaise à l'idée que se sois une personne de mon âge et en parlant du mauvais temps dehors qui proportionne vraiment des mauvaises conditions pour le travail du jardin. Mais là tout de suite en voyant le beau résultat de l'affaire, je commence vraiment à me demander ce qui m'est passé par la tête...
          Je commence à sentir les conséquences de mon... petit excès de colère de l'autre soir dans le jardin. Ma tête me fait mal, parfois toute la journée. Au moins, je suppose qu'il pourra servir dans le cas où ça n'irait vraiment pas, c'est mieux que d'avoir une infirmière dans mes pâtes qui rappellerais tous les jours à tout le monde que « Mademoiselle Allen » a eu tel ou tel symptôme qui présage ceci ou cela et qu'elle « ne va pas bien du tout et devrait absolument se reposer plus ».
          Je ne sais toujours pas ce qui m'a pris... J'ai beau essayer de comprendre de ce qui c'est passé, mes pensées de ce moment là ne m'ont laissé qu'un vague souvenir... Je n'aurais vraiment jamais du sortir, et je n'aurais jamais fait quelque chose d'aussi stupide, j'en suis certaine... Comment je leur expliquerais si vraiment mon état devient inquiétant ?
          - Ouh ouh ? Terre appelle miss rideau, est-ce que vous me recevez ? Ici Jackson, j'essaye de vous contacter depuis... Eh Beatrice !
          - Quoi ?! – je relève la tête énervée et surprise quand je l'entends crier, il m'a coupé dans mes pensées pour quoi ?!
          - Je t'appelle depuis 3 ans ! J'ai fini ! En plus t'as arrêté de me répondre et tu regardais par la fenêtre avec un air hyper bizarre. – je soupire.
          - J'étais entrain de réfléchir, je sais que c'est aussi quelque chose de nouveau pour toi alors je comprends que ça te parle pas trop.
          - Ah ah ah. Absolument hilarant, ton sens de l'humour m'impressionne.
          - N'est-ce pas ? Je t'apprendrais si tu veux.
          - T'est vraiment insupportable, putain. Tu sais quoi ? J'aimerais autant être sous la pluie à chopper la crève, à bien y penser.
          - Et toi t'est détestable pourtant je ne me plains pas, on appelle ça la délicatesse. Cela dit ça fait beaucoup de nouvelles notions à assimiler, tu veux pas prendre des notes pour éviter que ton minuscule et unique neurone ne disjoncte ?
          - Si si, mademoisellejesaistout va me donner un cours de français ? C'est vrai que pas tout le monde n'a une vie parfaite remplie de grandes maisons et de profs particuliers.
          - Ma vie n'est pas parfaite ! – je me lève sur le coup, les joues rouges de rage, j'en ai plus que marre de l'entendre le dire.
          - Parce que t'es tellement pourrie gâtée que t'est même pas consciente de la chance que t'as.  J'aurais payé pour être à ta place, n'importe qui l'aurait fait !
          - T'as raison, j'ai vraiment pas idée de la chance que j'ai. N'importe qui aurait payé pour crever du cancer mais être riche, cela va de sois l'argent est tellement important !
          Je reprends ma respiration comme je peux, essoufflée d'avoir autant parlé d'un coup et maintenant mon équilibre grâce au mur tandis qu'il affiche une expression mitigée. Oh non qu'est-ce que je viens de dire...
          -  Q-Quoi ?
          - S'il te plait, oublie ce que j'ai dit... - ma poitrine me lance tandis que je tente de parler... Mais je le dit précipitée manquant de m'étouffer pour ça.
          - Tu rigoles ? Parce que c'est absolument pas amusant comme blague. – il a l'air vraiment surpris, je le lis clairement dans ses yeux, même malgré ma vue incertaine.
          - Parce que tu penses que je rigolerais avec une cho-
          La toux devient trop forte pour que j'arrive encore à prononcer quoi que se sois. Je ne sais pas si mes jambes tremblantes pourront encore me soutenir longtemps, mais je ne dois pas perdre connaissance, au moins pas ça...
          J'arrive de justesse à m'assoir sur le lit, sentant un bras me soutenir les épaules et ferme les yeux pour essayer de me retrouver et de voir les choses sans avoir l'impression que tout tourne autour de moi. Quand j'arrive enfin à le regarder, je le vois pour la première fois sans le moindre sarcasme, il a l'air réellement surpassé. On dirait qu'il me croit au final, je n'ose pas imaginer à quoi je dois ressembler...

Quand tout ne tiens qu'à un filOù les histoires vivent. Découvrez maintenant