9 Mars 2010, 5h45
Daegu, Chambre de Min Yoongi :
Je me suis réveillé en sursaut peu avant que mon réveil sonne. Cette sensation d'être sale, le T-shirt que je porte pour dormir me colle a la peau. Je soupire et éteins mon réveil avant de me lever lentement pour me diriger vers la salle de bain. Tous les ans, le jour de mon anniversaire, ce souvenir refait surface et je vis alors le réveil le plus désagréable de l'année. Couvert de sueur. C'est presque devenu une habitude même si je redoute toujours cette nuit-là.
L'eau coule lentement contre moi. Je les regarde, ces milliers de gouttes qui laisse une trace humide sur ma peau. 7 ans que je vis dans le peur constante de cette chose. Prendre une douche ne m'effraie pas réellement, de même que voir une bouteille d'eau ne me donne pas envie de prendre mes jambes à mon cou. Mais il m'est impossible de prendre un bain. Il m'est impossible de m'approcher d'une piscine et il n'est même pas concevable pour moi d'aller à la mer, même si je devais simplement regarder les vagues se former et retomber si brutalement sur le sable. Ce doit pourtant être un si beau spectacle. Mais j'en suis à la limite de penser que le bruit si apaisant de la mer me terrorise.
Vous devez penser que ce n'est pas tout les jours facile mais, croyez moi, en 7 ans, vous avez vite fait de vous habituer à une phobie. Evidemment que ça n'a pas été facile. J'avais 10 ans quand ça s'est produit, j'étais encore un enfant, je pensais ne jamais m'habituer à ça. J'avais toujours l'impression que mon corps se remplissait d'eau, que je ne pouvais plus respirer et je m'effondrais comme si mes jambes n'étaient plus capable de me retenir. Plusieurs fois j'ai essayé de vaincre cette peur si peu commune aux autres. En vain. Ce n'est pas aussi simple...
Surtout quand vous êtes seul face à vous-même.
Je secoue la tête pour me sortir de mes pensées. Combien de temps cela fait-il que je suis ici ? Sortons d'ici.
9 Mars 2010, 7h00
Gare de Daegu:
Je n'habite pas très loin de la Gare et oui, je dois prendre le métro tout les matins. Le lycée le plus proche de chez moi se trouve à environ 45 minutes de Daegu, à Keimyung, en comptant les arrêts toutes les 12 minutes sur la ligne que prends.
Je suis plutôt du genre à me faufiler entre les gens pour me trouver une place près de la porte. J'ai toujours peur de rater mon arrêt.
Trois quarts d'heure plus tard, je suis descendu du train, Keimyung au petit matin s'offre à moi. Une petite brise fraîche vient se coller à mon visage rougi par le froid régnant encore. Un léger brouillard s'est déposé sur la ville dans la nuit.
Les portes du lycée ouvrent seulement à 8h mais je préfére être en avance, lorsqu'il n'y a pratiquement personne devant l'établissement.
-Sugaaa !
J'ai bien précisé "pratiquement".
-Content de me voir ?v
-Bonjour à toi aussi Tae.
Taehyung est mon meilleur ami depuis le collège. On a été mis côte à côte pendant plusieurs cours et on a donc commencé à avoir une certaine affinité durant la deuxième année. On a toujours trouvé le moyen d'être dans la même classe, faut dire qu'on a fait les 400 coups ensemble.
On a continué à parler jusqu'à l'ouverture du Portail du Lycée.
-Dis Suga. J'ai un truc à te proposer, me demande-t-il en regardant une affiche à l'entrée. Il y a la compétition de natation du lycée cette après-midi, ça te dit qu'on y aille ?
-Tae, tu sais très bien que.. Je ne peux pas...
-Mais on se mettra loin de la piscine, tout en haut des gradins, il y a une porte pour y accéder ! Promis je te forcerais pas à aller près de la piscine, tu sais bien aussi que je ferais pas ça.
-Je vais y réfléchir, dis-je en soupirant.
Bien sur que l'idée me terrorise tout simplement. Cette phobie me pourrit la vie, il y a tellement de choses que je ne peux pas faire. Mais en regardant Taehyung, je vois bien qu'il a vraiment envie d'y aller. Et puis, si nous sommes assez loin de la Grande Piscine, je ne vois pas pourquoi je n'essaierais pas. Je n'ai jamais été voir la compétition anuelle de natation les autres années. Je trouvais toujours une excuse, jusqu'à en énerver Tae s'il le fallait. Mais, bizarrement, cette année, j'ai le pressentiment que je devrais y aller.
Qu'est-ce qui m'attend là-bas ?
