「13」

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6 Mai 2010, 23h52 (donc trois semaines après hein)
Chambre de Min Yoongi:

Cela fait maintenant quelques jours que j'ai du mal à dormir. Ces trois dernières semaines ont été, mentalement parlant, une assez dure épreuve. Namjoon et moi ne nous sommes pas retrouvés pour les entrainements hebdomadaires dont j'avais pris l'habitude. Il m'a prétendu ne pas se sentir bien ces deux jours là. Bien entendu, je n'arrive décemment pas à croire en ce mensonge. En effet, depuis la dernière séance, Namjoon ne daigne pas montrer signe de sa présence. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayer de lui parler mais Monsieur n'a rien trouvé de mieux que de s'éloigner de moi le plus possible et de ne plus m'adresser la parole.

Ais-je déjà précisé que la dernière chose que je voulais était quitter Namjoon ?

Cette idée ne m'est toujours pas sortie de la tête. Je ne sais pas quoi faire. J'aurais aimé lui parlé en face de ce qu'il s'est passé la dernière fois dans la piscine mais tant qu'il refuse de me voir, je ne peux rien faire. J'ai essayé de lui envoyer quelques vagues messages pour ne pas l'agresser avec le sujet mais rien n'y fait, il ne me répond pas et semble simplement ignorer mes messages. La lumière de mon téléphone commence à brûler mes yeux tandis que je relis sans cesse les messages que j'ai pu lui envoyer.

« Namjoon, pourquoi tu refuses de venir me voir ? »

« Répond moi... »

« J'ai peur Namjoon... »

« J'ai vraiment peur de te perdre juste pour ce qu'il s'est passé... »

« Parle moi, s'il te plaît... »

Ce que je peux me sentir faible...
Pourtant ce qu'il s'est passé à notre dernière séance ne m'a, je le crois bien, pas du tout laissé indifférent face à lui.  Je n'étais alors encore sûr de rien. Je n'aurais jamais imaginé que tout cela puisse se produire aussi vite. En seulement quelques séances, comment avais-je pu autant m'attacher à lui ? C'était stupide et inconcevable mais je ressentais le besoin de l'avoir avec moi. Je ne m'imaginais pas une seule seconde de plus sans avoir de nouvelles de lui.

Pendant ce temps, je pouvais tout imaginer. J'essayais de trouver ce qui pouvait bien lui passer par la tête pour vouloir m'ignorer de cette façon. Peut-être regrettait-il son acte ? Ou bien restait-il honteux de s'être ainsi « mis à nu » ? J'avais ressenti tellement de choses à travers ce baiser pourtant. Et le plus honteux chez moi, c'est que je ne demande qu'une seule chose : que cela se reproduise. Que je puisse à nouveau établir ce contact que je savais avoir attendu depuis que mes sentiments naissants se sont clarifiés dans ma tête. Depuis que j'étais sûr que quelque chose de bien plus intense nous liait.

Je devais faire quelque chose. Son silence me faisait trop de mal.

Sans arrêter de relire les messages ignorés et comme si je m'étais complétement abandonné à une chose qui pouvait prendre le contrôle de moi-même, mon doigt vint effleurer la surface tacile sur les mots « appel vocal » tandis que je portais le téléphone à mon oreille.
Je ne savais pas ce qui m'avait pris. Mais au fond, je priais pour qu'il réponde et que je ne tombe pas sur la désagréable voix monotone de la messagerie.

Première sonnerie.

Deuxième sonnerie.

Troisième sonnerie... Qui n'a pas le temps de prendre fin.

J'entends sa respiration calme et posée à travers l'interphone. Aucun de nous ne parle. Je sais qu'il a décroché et il sait que je suis là, à l'autre bout du fil. Mes yeux écarquillés de surprise visent un point invisible dans l'obscurité de la chambre. Pris de court, je ne sais pas quoi dire. Mais bizarrement, notre silence me fait du bien. Je sais qu'il est là et le fait qu'il ait décroché me prouve qu'il ne m'a finalement peut-être pas abandonné. À cette idée, ma vue se brouille tandis que mes paupières retiennent tant bien que mal les larmes qui menacent de venir s'écouler contre mes joues. Je prends une grande bouffée d'air comme pour me donner le courage de prononcer quelque chose, n'importe quoi. Mais les larmes coulent en première et ma voix se brise dans ma gorge quand je m'étais pourtant décidé à parler.

P H O B I A || NamGiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant