Golden Youth

Chapitre 1

Pourquoi suis-je ici ? C'est la seule chose à laquelle je pense. Je suis actuellement dans l'aéroport et je vais bientôt décoller pour le Maroc. J'ai une boule au ventre ; ma phobie des avions s'accentue de plus en plus. Je cherche nerveusement le point de rencontre avec mes amis. Je n'ai pas envie de le voir. Je marche le plus lentement possible dans les halls bondés de l'aéroport immense de Charles de Gaules.  Je me suis habillée décontracté pour être à l'aise dans l'avion. Enfin, si je ne meurs pas...

Ma lourde valise tire mon bras. Elle doit faire le double de mon poids. Je regarde encore une fois mon iPhone. Sur le message groupé, Il est marqué qu'on se rejoint tous devant le « Relay ». Je suis à quelques minutes à pied. Durant mon trajet, plusieurs personnes ont retenu mon attention : Un homme avec un chapeau en peau de lézard. Une femme avec un sac Gucci, les nouveaux talons Prada et des seins particulièrement énormes et enfin une jeune adolescente qui part en voyage toute seule, elle doit avoir douze ans maximum et lit anxieusement son magazine « Fan de ».

Je vois le panneau rouge de la papeterie. Mon cœur s'accélère à chaque pas que j'effectue. Je perçois sa chevelure noire comme la nuit. Un an. Un an que je ne l'ai pas vu, et je peux encore le reconnaître parmi toutes ces personnes. Il est de dos à moi. Il porte un polo Ralph Lauren bleu ciel avec un pantalon noir et des chaussures laqués. Ses goûts vestimentaires n'ont pas changé : il s'habille toujours avec classe. Ma meilleure amie m'aperçoit et m'envoie un sourire rayonnant avec ses dents parfaitement alignées et blanches. Elle est belle, ses cheveux longs et bruns foncés contrastent ses yeux verts, ses fossettes s'accordent avec sa petite taille. Elle a un visage d'ange, d'un bébé tout juste venu au monde et qui découvre la vie avec curiosité. C'est mon contraire, la perfection incarnée. Nous l'appelons la Sainte Marie, puisqu'elle s'appelle Marie et qu'elle est encore vierge, même si elle sort avec son petit ami depuis trois ans. Mais il patiente, il s'en fiche. Il ne veut pas lui foutre la pression. Il est amoureux. Il la regarde avec une extrême douceur, sourit quand elle sourit, pleure quand elle pleure, rigole quand elle rigole. Ils se sont parfaitement trouvés et je les envie d'un amour aussi solide. Celui-ci me sourit également, c'est mon meilleur ami après tout, et il a toujours été reconnaissant envers moi depuis cette fameuse soirée où je lui ai présenté Marie. Quel joli couple font-ils ! Mais mon intention n'est pas vraiment sur ce couple parfait et sans malheur, elle est concentrée sur ce garçon qui m'a tant fait souffrir. Il tient sa valise d'une main, une cigarette non allumée dans l'autre. Il se retourne, mon cœur va me lâcher. J'avais oublié l'intensité de ses yeux bleus. Ils sont presque transparents et je n'ai jamais réussi à détacher mon regard du sien. Il a un peu changé : beaucoup plus musclé que l'année dernière et les traits de son visage ont un peu changé. Mais son visage angélique et parfait est resté figé. Ses lèvres tracent un sourire narquois à ma vue.

Mais qu'est-ce que je fous ici ?

Je suis à quelques mètres d'eux. Ma seule envie est de lâcher ma valise et partir en courant pour ne plus jamais revenir. Qu'ils partent s'ils le souhaitent, mais par pitié sans moi ! Mais je suis prise au piège, je ne peux plus reculer, il faut que j'assume mes choix.

-Comment tu vas ma puce ?

-J'ai connu des jours meilleurs mais je vais bien, je crois.

-Des jours meilleurs ? Alloooooo on part en vacaaaaaaances au Marooooc tu devrais péter de joie.

-Je suis très contente de partir avec vous.

Je regarde aux alentours, personne d'autre est là. Nous ne serons surement pas quatre, enfin, je l'espère ! Nous avons payé une maison avec six chambres, je souhaite qu'on soit douze enfin !

-Et moi tu ne me dis pas bonjour ?

-Toi ta gueule.

Son sourire demeure encore sur son visage. Son regard est hautain. Décidément il n'a pas changé. Il me dévisage avec insistance et ça me rend mal à l'aise. Tu crois quoi ? Que tu pourras encore tirer ton coup pendant ces vacances ? Tu me connais mal mon grand. J'ai fait ton deuil, tu m'as abandonnée pour cette connasse d'Isabelle ? Soit, c'est ton choix. Mais ne viens surtout pas pleurer après. Je te déteste à un point inimaginable. Ma vie a été un enfer durant sept mois, j'ai perdu huit kilos, je me suis défoncée à la coke tous les soirs, je séchais les cours pour baiser avec n'importe qui. Je m'étais jurée de continuer toutes ces conneries jusqu'à en crever. Et toi ? Au lieu de réagir ? Tu me regardais me détruire la santé en baisant ta chienne sur les banquettes du carré du Vip.

Aucun de nous deux ne baisse les yeux. Aucun mot ne sort de nos bouches, mais nos regards en disent long. Sa respiration est calme et il est décontracté. Son regard... Combien de fois ai-je rêvé que tu me regardes. Mais la réalité est encore mieux que mes rêves. Son regard est mieux que dans mes rêves. Je pourrais passer des heures à l'observer, à le scruter, à chercher où ça à foiré. Une voix me décroche de ces magnifiques yeux que j'ai tant chéris autrefois.

-Je vais fumer, qui m'accompagne ?

-Moi !

J'ai pris sa proposition comme une échappatoire et je le remercie de m'avoir donné cette perche. Tom sort deux cigarettes de son paquet et m'en offre une.

Je laisse ma valise en plan et marche avec énergie vers la sortie.

Mais pourquoi suis-je venue ?

Merci a Serenity_Imagination et a Let_me_Slap_you pour la correction, n'hésitez pas à lire leurs oeuvres !

Une vraie merveille !