Je me trouve dans un pré verdoyant. Le soleil brille. Les oiseaux chantent. Il ne manque qu'un Prince Charmant. Il est peut-être caché derrière ce pommier. Non. Mais des pommes juteuses sont tombées au sol. Elles semblent délicieuses. J'en ramasse une, mords dedans. Elle a un goût métallique effroyable. Je recrache immédiatement le morceau, écœurée.
D'un coup, la pomme se transforme. C'est le visage cadavérique de ma sœur. Je hurle. Le pré était couvert de pomme. Ce sont leurs visages, mains, jambes...Ils sont pris d'un soubresaut et semblent revenir à la vie.
Je tente de m'enfuir mais une main m'empoigne la cheville. Je suis coincée. Comme aimantés, ils se dirigent tous vers moi. Je distingue les yeux vitreux de mon père, percés de débris de pare-choc et parsemés de croûtes noirâtres de sang coagulé. Sans vie, globuleuses, ses pupilles me fixent d'un regard accusateur.
Un doigt se pointe vers moi. Il est couvert de plaies béantes, comme le reste. Il m'indique de le suivre. Le grognement qui s'échappe des crocs de Cookie me dissuade de résister. Je suis à moitié traînée dans la boue pestilentielle d'un cimetière - à l'aune du pré auparavant présent. Je crie, me débats mais toute force m'a quittée.
Finalement, ils me poussent dans un mausolée et je m'écrase au fond. Une douleur aiguë m'envahit mais ce n'est rien par rapport à la vision d'horreur que j'aperçois. Le mausolée a été refermé et l'obscurité ne me laisse pas distinguer grand chose. Je devine cependant trois tombes et une urne. Tous les quatre. Ils sont là. L'air commence à me manquer et je suffoque violemment. Je vais mourir. Les rejoindre. Enfin.
Une sensation de fraîcheur me sortit de mon cauchemar. La vieille Mrs Jones passait un torchon humide sur mon front brûlant - on aurait pu y faire cuire un œuf.
Elle me tenait la main tout en murmurant des paroles encourageantes. Enfoncée dans la fièvre, je n'en saisis pas un mot. Elle me consumait sans répit. Je brûlais de l'intérieur. Je gelais de l'extérieur. J'avais mal. Chaque seconde était un combat. Elle se propageait par vagues dans l'ensemble de mon corps. Le temps passait au ralenti. Je voulais hurler mais je n'en avais pas la force. Dans mes rares moments de conscience, des murmures me parvenaient, ainsi que du froid sur ma peau. Je me débattais pour échapper au monstre qui me maintenait. Des paroles sortaient parfois de mes lèvres, je délirais.
Enfin, une voix me parvint.
Celle, qui la magie ailée possédera L'élue sera et vaincra Par l'intérieur le royaume du sang Le jour du fils naissant Et l'Humanité Sera sauvée.
Divine, angélique, implacable. J'étais au Paradis.
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Forever mine #Wattys2016
Teen FictionEffondrée suite à un tragique accident, Lise perd le goût à la vie. Tout lui semble fade. Lorsqu'elle arrive à Londres, elle découvre un monde nouveau et oublie ses remords. Cependant un mystérieux secret lie celui qu'elle aime et celle qui la détes...