J'ouvris les yeux. Ils me semblaient peser des tonnes et j'avais peine à ne pas les refermer. Un torchon encore humide me glissa du front tandis que je me redressai avec précaution. Les couvertures étaient éparpillées sur l'extrême bord du lit - j'étais même bordélique dans mon sommeil, maintenant! - et mon corps tout enkylosé. Je me sentais pâteuse et faible.
C'est alors que je me rendis compte que je n'étais pas seule. Jess était là, avachie sur une chaise.
Mon réveil sembla la tirer de sa somnolence et elle se précipita à mon chevet.
-" Lise are you ok? How do you feel? I was in panic when i knew you had fever! You were so...hot. Do you need something? ( Lise tu vas bien? Comment tu te sens? J'ai eu peur quand j'ai appris que tu avais de la fièvre! Tu étais tellement...chaude. Tu as besoin de quelque chose?)
- Just water please. I'm so thirsty." (Juste de l'eau s'il-te-plait. J'ai trop soif.) Ma voix était rauque et rêche et fit grimacer mon amie.
Après un verre d'eau j'eus le courage de me lever et fis l'état des lieux dans le miroir de la salle de bain - la seule de la maison. Cheveux en bataille, yeux bouffis, visage cadavérique: un zombie dans The Walking Dead!
Une demi-heure plus tard, après une bonne douche et une séance de maquillage - coiffure, assistée par Jess j'avais retrouvé une allure convenable. Je n'avais pas la force de penser à autre chose qu'à ma faim.
Un encas m'attendait dans ma chambre et je m'empressai de l'avaler. Tout allait mieux le ventre bien rempli.
Aprés l'avoir rassurée et remercié, Jess partit chez elle et je me retrouvai seule. Mon accident me revint en mémoire. Mais qu'est-ce qui m'avait pris? Je n'étais pourtant pas suicidaire - bien que j'aurais pu l'être. Me revint alors en tête celui qui se trouvait dans l'équipe adverse - Luke- et que j'avais voulu impressionner. Pour le coup c'était réussi, il devait me trouver complètement stupide. Et si j'avais bien interprété son geste - s'il avait réellement essayé de m'embrasser sur le banc - il avait du penser que je le rejettai, que je ne voulais pas de lui. J'avais encore tout gâché! Il devait me détester.
Il est vrai qu'il n'avait pas été très bavard lorsqu'il me ramenait à la maison mais je n'avais pas trop la tête à ça- s'être pris 80 kg de graisse dans la tronche ça n'aidait pas franchement.
Le lendemain matin - jeudi, j'avais été inconsciente le mercredi, ravagée par la fièvre - je me sentis assez bien pour revenir en cours. Jess avait été adorable et m'avait pris tous les cours donc l'excuse de " j'ai pas pu faire les devoirs je les avais pas" ne pouvait pas être utilisée. Comme on me le fit comprendre.
Je repris les cours, toujours aussi ennuyants. Jess se révélait une amie en or, j'avais échangé quelques mots avec Sally et aucun avec Samantha. Je ne m'en portais pas plus mal.
Mon bandage à la tête m'avait transformée en oeuf de Pâques, et en effet j'aurais bien eu besoin de chocolat: Luke m'ignorait, c'était maintenant parfaitement clair. Il ne m'accompagnait plus avant et après les cours, ne m'adressait plus la parole et avait tout simplement oublié mon existence. Et, même si je ne le connaissais que depuis une semaine, je dois avouer qu'il me manquait beaucoup plus que ce que j'aurais pu imaginer. Tous les soirs, je m'endormais mon nounours serré contre mon coeur en pensant à lui, dans la chambre d'à côté.
L'assistance sociale m'avait appelée le vendredi soir afin de prendre de mes nouvelles, ainsi que mes grand- parents, la famille la plus proche qu'il me restait. Ils avaient semblé ravis de mon intégration, mon bonheur même si quelque chose de mélancolique ressortissait de temps à autre dans leurs paroles. Après l'accident, ils étaient venus habiter avec moi à la maison et avaient tenté de combler le gouffre béant à la place de mon coeur. M'envoyer à l'étranger avait donné lieu à une longue séance de pleurs, embrassades et promesses de retrouvailles.
Une deuxième semaine passa. Je commençais à bien comprendre, dans l'ensemble, ce que racontaient élèves et professeurs.
Jess me surprenait de jours en jours, par sa compréhension de chacun de mes gestes, expression et paroles.
Tous les soirs après les cours, nous nous rendions avec ses amies à un pittoresque petit café - parfait car proche de Seven Dials, où l'on trouvait de super boutiques - dans lequel nous dégustions un matcha latte et des petits biscuits tout en matant les beaux mecs à travers la vitrine.
Mary, apercevant un spécimen masculin au physique assez avantageux, s'écria. " Oh my god I want to marry you!" ( Oh mon Dieu je veux t'épouser!)
A notre grande surprise, la vitre étant ouverte, il se retourna et l'observa avec amusement, pas le moins du monde gêné - les demandes en mariage sont monnaie courante, c'est évident. Cela provoqua un fou rire incontrôlable de notre part pendant que l'étudiant revenait et demandait le numéro de téléphone d'une Mary rouge écrevisse. Le reste de la semaine fut ponctué, chaque soir, d'un bilan sur l'avancée de leur relation: après avoir échangé tellement de sms qu'elle avait dépassé son forfait - mais tout le monde devrait avoir sms illimités! -ils avaient rendez-vous au cinéma vendredi soir. Cela me rappelait cruellement l'absence de relation avec Luke qui me pesait sur le coeur. Mais je faisais bonne figure et me joignis aux multiples séances de maquillage, coiffure, habillage et conseils avant le "grand soir". Je me sentais enfin une lycéenne normale avec ses amis et ses problèmes de coeur, loin de l'orpheline ravagée ou de la haine de Samantha que je n'avais pas revue. Mon rêve prophétique m'était complètement sorti de l'esprit.
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Forever mine #Wattys2016
Teen FictionEffondrée suite à un tragique accident, Lise perd le goût à la vie. Tout lui semble fade. Lorsqu'elle arrive à Londres, elle découvre un monde nouveau et oublie ses remords. Cependant un mystérieux secret lie celui qu'elle aime et celle qui la détes...