Chapitre 2

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  Cassie venait d'enfiler un autre jean, plus clair, ainsi qu'une blouse blanche aux boutons dorés. Elle était en train de se maquiller légèrement en mettant simplement du blush sur ses joues et un peu de mascara. Elle ne se maquillait que très rarement et ne savait absolument pas comment faire un maquillage de professionnel alors elle se contentait de peu. Lorsqu'elle eut fini, elle se rendit dans l'entrée pour prendre une veste en cuir noir et des bottines à talons. Elles non plus, elle ne les mettait pas souvent. Elle n'était pas très à l'aise sur des talons. Mais si elle voulait se faire accepter à la soirée de ce soir et espérer attirer le regard de Blaise, elle devait bien faire des efforts.

Elle se regarda une dernière fois dans le petit miroir accroché à l'entrée. Elle n'était pas belle mais elle était pas mal. En tout cas, elle trouvait que cela la changeait, en mieux. Elle ébouriffa légèrement ses cheveux blonds mi-longs puis quitta l'appartement en priant pour que Charles et Alessandro ne rentrent pas plus tôt et ne découvrent qu'elle a fait le mur.

Elle dut prendre le tram car la fille en question habitait un peu trop loin pour qu'elle s'y rendre à pied. De plus, il faisait nuit et l'obscurité la mettait mal à l'aise. Le trajet ne dura qu'un quart d'heure. Lorsqu'elle arriva dans la rue, elle n'eut aucun mal à trouver la maison de la jeune fille. La musique s'entendait dans tout le quartier et il y avait des jeunes de partout dans le jardin, qui tournaient autour d'une piscine creusée. Aux yeux de Cassie, la famille de la fille était riche, pour avoir une telle maison seulement à quelques kilomètres du centre ville. Mais peut-être que cela ne demandait pas tant d'argent que ça. Cassie n'avait pas beaucoup d'argent et n'en avait d'ailleurs jamais eu. Elle n'arrivait pas trop à mettre des prix sur les choses, pour elle, tout était bien trop cher.

- Tu es qui toi ? » Questionna soudain une fille qui n'était visiblement déjà plus très fraîche.
- Cassie ... » Murmura à peine la jeune fille, tétanisée.
Quelqu'un l'avait vue et lui parlait !
- Tu es chez moi pour la fête ? Cool ! Viens ! » S'exclama l'autre fille en riant aux éclats.

Elle attrapa le bras de Cassie et l'entraîna dans le jardin, jusqu'à la piscine. La première personne que Cassie reconnut au milieu de tous ces jeunes qui dansaient et buvaient, fut bien sûr Blaise. Il était assis près de la piscine et ses pieds trempaient dans l'eau. Il portait une chemise à carreaux ouverte sur un tee shirt gris foncé et son jean était remonté jusqu'à ses genoux. Il avait toujours son bonnet sur la tête, qui ne le quittait pratiquement jamais et lui donnait un charme fou.

Le temps que Cassie jette un œil à Blaise, la fille qui l'avait amenée jusqu'ici avait disparu. Cassie se sentit de nouveau mal à l'aise et s'éloigna un peu pour se coller contre le mur de la maison et regarder la foule. Elle fut étonnée de reconnaître Élias, dans un autre coin du jardin, un verre à la main, qui examinait les gens qui passaient près de lui. Son regard croisa celui de Cassie et il lui lança un bref sourire avant de se détourner. Cassie se mit à rougir et regretta immédiatement d'être venue ici. C'était de la folie ! Elle n'était jamais allée à une fête de sa vie, elle aurait dû se douter qu'elle ne s'y sentirait pas bien.

Elle allait repartir, rentrer chez elle, son courage s'étant envolé depuis qu'elle était arrivée, mais deux filles lui bloquèrent le chemin. Cassie les reconnut, elles étaient dans sa classe et faisaient partie de l'équipe de volley du lycée. Elles étaient très aimées, très belles, très populaires. A l'opposé de Cassie ! Pourtant, elles lui sourirent.

- C'est Cassie, c'est ça ? » Demanda l'une d'elle en lui tendant un verre.
- Ou...oui .. » Bégaya cette dernière en prenant le verre par réflexe.
Cassie sourit à la fille pour la remercier, incapable de le faire à voix haute.
- Tu es très timide, tu es souvent toute seule, tu devrais rester avec nous ! » Proposa la seconde fille avec un grand sourire en se rapprochant de Cassie.
- C'est gentil ... » Réussit à répondre la jeune fille dont le malaise se dissipait lentement.
- Malheureusement, reprit la première fille, il faut le mériter, il faut faire quelque chose qu'on a toutes fait avant !
- Quoi ? » Questionna Cassie avec innocence.
- Rentrer dans la maison du fou. Tu sais, le mec bizarre qui est sorti de prison il y a pas longtemps pour s'enfermer dans sa maison !
- Tout le monde dit qu'il est dangereux et qu'il faut l'éviter, qu'il pourrait tuer quelqu'un ! » Se rappela soudain Cassie pendant qu'un léger tremblement s'emparait de son corps.
- Nous, on l'a fait et on est vivantes, objecta la fille, et si tu veux rester avec nous, il faut que tu le fasses ! Tiens, on va t'accompagner ! »

Avant que Cassie ne puisse faire quoi que ce soit, l'une des filles lui retira le verre des mains pendant que l'autre l'entraînait hors du jardin. Une autre fille se mêla au petit groupe et elles partirent toutes les quatre. Elles marchèrent plusieurs minutes dans les rues sombres et désertes du quartier avant de s'arrêter devant une vieille et grande maison aux volets fermés. Le jardin était encombrés de détritus en tout genre, de plantes mortes et de branches d'arbres. L'ambiance était vraiment lugubre. Malgré cela, les trois filles poussèrent Cassie jusqu'à la porte et s'éloignèrent.

Cassie prit une grande inspiration. Son cerveau tournait à cent à l'heure. Elle ne devrait pas faire cela, elle le savait. Mais en temps, on lui proposait de mettre fin à sa solitude, comment pouvait-elle refuser ? De plus, ces filles traînaient parfois avec Blaise, c'était le meilleur moyen pour Cassie de l'approcher et peut-être même de lui parler. Grâce à ces filles, peut-être que Blaise la verrait enfin. Elle devait le faire. Elle tenta d'oublier son cœur qui menaçait de sauter de sa poitrine et poussa la porte d'entrée.

A l'intérieur, il faisait tellement sombre que l'espace d'un instant, Cassie ne vit pas ce qui l'entourait. Soudain, elle reconnut une entrée avec une décoration qui devait plutôt dater et dans laquelle le ménage n'avait pas été fait depuis quelques années non plus. Elle eut la chair de poule tant l'endroit était terrifiant. Pourtant, elle savait que si elle ressortait si rapidement, les filles ne la prendraient pas au sérieux et la laisserait tomber. Elle devait aller plus loin.

Lentement, le souffle coupé, elle se dirigea vers l'une des portes, celle de gauche. Elle découvrit alors un imposant bureau encombré de papiers et de dossiers en tout genre. Les murs étaient recouverts de plusieurs bibliothèques pleines à craquer de livres anciens. Pendant un instant, Cassie se dit que l'homme qui vivait ici n'était peut-être pas comme les gens le décrivaient. C'était peut-être un homme très cultivé qui aimait lire et s'instruire mais aussi la solitude, ce qui était son droit, Cassie ne pouvait pas le lui reprocher.

Soudain, alors qu'elle commençait à mieux respirer, des bruits de pas résonnèrent à l'étage. Cassie se crispa et fit demi-tour sur la pointe des pieds. Elle devait quitter cette maison, maintenant ! Elle passa la porte du bureau et leva la tête vers les escaliers. Elle ne put distinguer que l'ombre de l'homme mais cela suffit à la faire hurler. Tremblante, elle se jeta sur la porte pendant que les pas de l'homme devenaient de plus en plus puissants derrière elle. Elle s'acharna sur la poignée, commença à ouvrir légèrement la porte et soudain, la main de l'homme vint pousser la porte jusqu'à ce qu'elle claque.

Cassie hurla de nouveau et se retourna. L'homme était plus jeune que ce qu'elle pensait mais étrangement, cela le rendait encore plus terrifiant. Il avait un teint très pâle, des yeux noirs brillants de folie et un sourire sadique. Il plaqua ses deux mains contre la porte, emprisonnant Cassie entre ses bras et approcha sa tête si près de celle de la jeune fille qu'elle pouvait sentir son souffle alcoolisé lui chatouiller le nez. Cassie avait si peur qu'elle était paralysée. Son cerveau ne fonctionnait plus du tout et elle se voyait seulement mourir ce soir.

- Alors petite souris, tu t'es perdue ? » Susurra l'homme à quelques centimètres de son visage.

Cassie se colla contre la porte et détourna le visage. Soudain, elle vit ... sa mère ... Sa mère morte il y a sept ans. Elle semblait terriblement pâle mais pas seulement son visage. C'était tout son corps qui était translucide jusqu'à ses vêtements. Cassie ne comprenait plus rien. La peur avait dû lui griller le cerveau, il n'y avait pas d'autre explication.

- Tu dois t'enfuir Cassie, maintenant ! Tu es en danger ! » Lui murmura sa mère avant de disparaître.

La jeune fille était si choquée qu'elle en avait oublié la présence de l'homme à quelques centimètres à peine d'elle. Soudain, l'homme l'attrapa par le bras et la tira vers les escaliers. Cassie hurla, espérant que les filles dehors l'entendraient, sans savoir qu'elles n'étaient déjà plus là ...  

C A S S I EOù les histoires vivent. Découvrez maintenant