Chapitre 3

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  L'homme tout juste sorti de prison qui vivait dans cette maison était bel et bien comme on le décrivait. Bien qu'il soit plus jeune que les dires des gens, il était réellement terrifiant et fou. Il serrait les poignets de Cassie si fort qu'elle avait peur qu'il lui les brise. D'un coup sec, elle tira sur ses bras pour se libérer et sauta les quelques marches d'escalier qu'ils avaient déjà grimpé. Elle voulut ouvrir la porte mais l'homme était trop près d'elle alors elle tourna et s'engouffra dans une nouvelle pièce. Elle eut un temps d'arrêt en découvrant que c'était la cuisine.

- Il ne fallait pas rentrer ma belle, maintenant tu es à moi ! » Grogna-t-il dans le dos de la jeune fille.

Cassie frissonna, terrifiée et repensa à la vision de sa mère qu'elle venait d'avoir. Elle devait se sauver, sortir d'ici ou sinon, elle allait mourir ! Instinctivement, elle empoigna un couteau de cuisine qui traînait sur le plan de travail et se retourna vers l'homme. Ce dernier avança avec un sourire narquois sur les lèvres et elle recula jusqu'à ce que son dos cogne le plan de travail.

- Laissez-moi partir ! » Réussit-elle à articuler d'une voix tremblante.
L'homme laissa échapper un petit rire.
- Laisse-toi faire ! » Ricana-t-il en s'approchant encore.

Cassie hurla, ferma les yeux et plongea le couteau dans le ventre de son agresseur. Ce dernier la regarda avec des yeux ronds. Son sourire sadique avait disparu et il était maintenant bouche bée. Cassie le poussa légèrement, enfonçant davantage le couteau dans la chair et l'homme recula, les deux mains autour de sa blessure. Le tee shirt s'imprégna de sang sous les yeux remplis de larmes de Cassie. Soudain, elle vit de nouveau sa mère, plus blanche que jamais. Elle était près de la porte d'entrée et avait posé sa main sur la poignée.

Cassie regarda l'homme s'effondrer et l'enjamba à toute vitesse. Lorsqu'elle arriva dans l'entrée, sa mère n'était bien sûr plus là. Ce n'était qu'une hallucination due à la peur et à l'adrénaline. Elle ouvrit rapidement la porte et se jeta dehors. Elle se mit à courir puis s'arrêta en voyant que deux voitures de police étaient déjà stationnées à l'entrée de la propriété. L'un des policiers se précipita vers elle et elle se serra contre lui sans réfléchir, tremblante. Le policier d'une quarantaine d'années la serra contre lui en lui murmurant que tout était fini, qu'ils étaient là, qu'elle n'avait plus rien à craindre, pendant que ses collègues entraient dans la maison.

Lorsqu'ils ressortirent, il s'arrêtèrent au niveau de Cassie et l'un deux lui prit les mains. C'est alors qu'elle se rendit compte qu'elles étaient pleines de sang. Ses larmes redoublèrent pendant que les jeunes qui étaient à la fête quelques kilomètres plus loin s'attroupaient derrière les voitures de police.

- J'ai ... il ne m'a pas laissé le choix ... il voulait me tuer ... » Bégaya Cassie entre ses larmes.
Les officiers hochèrent la tête avec compassion.
- Qu'est-ce que tu faisais ici ? » Questionna l'un deux.
- J'étais à la fête et puis des filles m'ont dit que si j'entrais dans la maison je pourrais rester avec elles au lycée ... Je ne sais pas à quoi je pensais, c'était stupide ... » Pleurnicha la jeune fille.

Elle voulut essuyer ses larmes mais se rappela juste à temps que ses mains étaient pleines de sang. Un sanglot plus bruyant lui échappa. Comment avait-elle pu se faire avoir à ce point ?! Les policiers lui demandèrent de quelles filles il s'agissait pendant qu'une ambulance se garait à quelques mètres. Les médecins passèrent à côté de Cassie et entrèrent dans la maison. Ils sortirent quelques minutes plus tard avec son agresseur, sur un brancard, toujours vivant mais mal en point.

Cassie croisa le regard de l'homme et put y lire toute sa colère. Elle recula et détourna la tête pendant que le policier qui l'avait réconfortée l'éloignait. L'ambulance partie rapidement et la respiration de Cassie se débloqua soudain comme si elle sentait que toute cette histoire commençait déjà à être derrière elle. Soudain, une voiture freina dans un grand bruit devant l'allée de la maison et Charles en sortit, vite suivi par Alessandro. Cassie grimaça. Finalement, cette histoire n'était peut-être pas encore totalement derrière elle. Elle prit une grande inspiration et quitta le policier qui veillait sur elle pour rejoindre son cousin. Ce dernier accourut et la prit dans ses bras. Il tremblait presque plus qu'elle.

- Je vais bien. » Tenta de le rassurer Cassie.
Mais sa voix était encore trop faible pour être convaincante.
- Tu peux m'expliquer ce que tu fais là ? » S'exclama-t-il d'une voix autoritaire en la repoussant un peu pour planter son regard dans le sien.
Il avait toujours les mains froides de la jeune fille dans les siennes.
- Il y avait une fête et ... je ne sais pas, bégaya Cassie, je sais que ça ne me ressemble pas mais j'ai eu envie d'y aller.
- Et tu n'aurais pas pu m'en parler avant ? On s'est pourtant vu avant que l'on ne parte travailler avec Alessandro. » Rappela Charles, toujours en colère malgré la voix de petite fille de Cassie.
- Je sais, mais ce n'était pas prévu. » Mentit cette dernière.
Elle culpabilisa immédiatement. Ça non plus, ça ne lui ressemblait pas, de mentir. Elle avait pensé à cette fête toute la journée dès qu'elle en avait entendu parler.
- D'accord, si tu veux, mais ça n'explique pas pourquoi tu te trouves ici ! » Fit-il remarquer en tendant une main en direction de la maison.
- Des filles m'ont poussée à le faire. Je n'aurai pas dû, je le sais, je suis vraiment désolée ! » S'exclama Cassie pendant que des larmes perlaient de nouveau à ses yeux.
Charles soupira.
- Ta mère ne doit vraiment pas être fière de toi Cassie. De moi non plus d'ailleurs ...
- Oh, elle n'avait pas l'air d'êt... » Cassie s'arrêta à temps, consciente de son erreur.

Charles la regarda avec des yeux ronds pendant que derrière lui, Alessandro fronçait les sourcils. Heureusement pour elle, un policier vint les couper dans leur conversation. Il semblait assez gêné et Cassie vit que cela ne plaisait pas à son cousin. Bien sûr, il avait raison de se méfier ...

- Excusez-moi, intervint le policier, il faudra que cette jeune fille passe au poste demain pour faire une déposition. Nous avons interrogé les filles qui auraient soit disant poussé votre cousine à entrer dans la maison...
- Soit disant ? » Répéta Charles, incrédule.
- Et bien, elles ne nous ont pas donné la même version des faits. » Reprit le policier.
- Comment ça ? » Le coupa de nouveau le jeune homme avec impatience.
- Et bien, elles nous ont dit que Cassie – c'est ça ?! - avait parié qu'aucune d'elles n'oserait entrer dans cette maison. Alors elles auraient répliqué qu'elle non plus ne pourrait pas le faire et cette jeune fille ridiculement courageuse aurait voulu prouver le contraire.
- Ce n'est pas ce qu'il s'est passé ! » S'indigna Cassie en suppliant son cousin du regard de la croire.
- Ça ne ressemble pas du tout à Cassie, je la connais bien ! » Renchérit Charles.
- Vraiment, reprit le policier avec un sourcil arqué, vous saviez qu'elle était à cette soirée ?! »

Personne ne lui répondit et Alessandro finit par décider qu'il était temps de rentrer. Il prit Charles par la main et fit signe à Cassie de les suivre. La jeune fille regarda une dernière fois la foule de jeunes qui s'était agglutinée dans le jardin. Elle reconnut d'abord Élias qui la fixait avec une étrange expression. Puis Blaise qui ne la quittait pas des yeux non plus. Il la voyait, pour la première fois. Mais son regard était étonnamment triste.

Le trajet du retour se fit dans le silence. Charles était en colère et cela se ressentait dans sa conduite. Cassie n'osait rien dire pour sa défense, elle avait trop peur de l'énerver davantage. Alors, Alessandro avait mis de la musique pour calmer tout le monde, une vaine tentative. Lorsque Charles gara la voiture en bas de l'immeuble, personne n'osa en sortir. Il fallait encore en parler, ils ne pouvaient pas en rester là.

- Tu m'as fait passé pour un idiot ce soir Cassie, reprit enfin Charles d'une voix froide, je croyais te connaître mais tu as fais le mur et tu t'es aventurée dans ces conneries ... Je ne comprends pas ... Est-ce que tu te rends compte au moins de la chance que tu as d'être encore en vie ? Tu aurais pu mourir ce soir Cassie ! Qu'est-ce que j'aurais fait après moi, hein ? Et qu'est-ce que j'aurais dit à ta mère ? Je ne sais pas ce que tu voulais dire à propos d'elle tout à l'heure mais ne te fais pas d'illusion, elle n'est pas fière, ni de toi, ni de moi. Maintenant va te coucher. » Termina-t-il en soupirant.

Il attendit que Cassie lui obéisse et sorte de la voiture avant de se laisser glisser dans son siège. Alessandro lui prit la main et embrassa tendrement ses doigts.

- C'est une ado, Charles. Elle a fait une connerie, c'est bien la première fois, et elle s'en est rendu compte. Cette histoire aurait pu être grave, je sais, mais elle va bien. » Tenta-t-il avec peu de conviction.
- Elle a poignardé un homme qui a tenté de la tuer, Alessandro, elle ne peut pas aller bien. Et pour se faire si facilement manipuler par des garces il ne faut pas aller bien non plus. Elle est terriblement seule depuis la mort de sa mère et je ne sais pas quoi faire pour l'aider. » Soupira Charles en le regardant dans les yeux.
- Elle est grande et forte, elle va s'en sortir. » Murmura Alessandro avant d'embrasser vivement Charles.
Ce dernier lui fit un petit sourire puis se rembrunit.
- Et si ce mec meurt ... »  

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