Devant les locaux de Publifashion, je n'ai jamais été aussi sûre de moi. J'ai hâte de passer ce deuxième entretien et de savoir enfin si je suis acceptée comme stagiaire.

J'entre dans la salle de conférence que m'a montrée la réceptionniste et qui, aujourd'hui, fait office de salle d'attente. Je suis très étonnée de voir toutes ces personnes si différentes de moi. Nous avons probablement tous les mêmes compétences mais je me sens un peu seule au milieu de toutes ces excentricités. Les crânes rasés rencontrent les cheveux hérissés maintenus par de la laque pailletée, les robes rouges jusqu'aux pieds fréquentent les minishorts et bas résilles. Tous et toutes ont probablement sorti les habits les plus excentriques qui se trouvent dans leur garde-robe. Ma première pensée est que je ne pourrais me permettre d'aller à un entretien dans un accoutrement pareil. Après plusieurs minutes à attendre et autant de temps de réflexion je me dis que ma robe noire achetée pour le mariage de ma cousine Mila était peut-être trop strict et trop classique pour un entretien dans une boîte de communication réputée pour ses publicités chocs ! Quinze minutes après cette réflexion je finis par me persuader que moi aussi, finalement, je suis rebelle à ma façon et que je détonne par rapport aux autres candidats.

C'est donc pleine de confiance que je suis la secrétaire des ressources humaines, habillée en mode « arc-en-ciel », dans ce long, très long couloir qui mène à une deuxième salle de conférence où m'attendent mes tortionnaires du jour. Avant d'entrer dans la salle, j'observe un autre couloir donnant sur une dizaine d'autres pièces. Depuis l'une d'entre elle, j'ai cru entendre la voix de celui que j'ai surnommé le « punk qui adore le bleu» et qui est passé juste avant moi, il y a 15 minutes de cela. C'est donc pour ça qu'aucun d'entre eux ne revenait dans la « salle d'attente » !

La salle dans laquelle se passe l'entretien, est beaucoup plus grande que la précédente, elle peut accueillir au moins une cinquantaine de personnes et dispose d'un équipement d'une qualité certaine. Tout en suivant la secrétaire, j'avance vers le fond de la pièce, où se trouve six personnes assises à une table de plus de 5 mètres de long. La secrétaire m'indique la chaise la plus en face. Je me retrouve donc avec près de 50 chaises vides derrière moi.

- Bonjour Mademoiselle Voulay, je suis Henri DeMont, directeur des ressources humaines, mais ça je pense que vous le savez déjà. Voici mes collègues du service ressources humaines, communication et création. Vous devez probablement les connaître n'est-ce pas ?

- Eh bien, non, désolée.

Tous ont l'air interloqués, sauf la petite femme, à la robe de velours qui se trouve sur la gauche et qui semble être dans les nuages.

Il n'y a que deux femmes, non pas que je sois féministe mais je me dit que mes chances sont peut-être réduites. D'autant que la plus vieille des deux, n'a pas l'air de m'apprécier, à sa façon de me regarder il semblerait qu'elle pense que ma robe n'est pas à son goût. Finalement, mes concurrents avaient peut-être raison, chacun des employés de cette entreprise semble être original, à côté d'eux je passe pour une fille coincée et mal habillée. Quant à la deuxième femme, qui se trouve sur la droite, elle porte une minuscule jupe en flanelle, bleu turquoise, un haut transparent rose qui laisse entrevoir un soutien-gorge à grosses fleurs bleues, sous ses collants noirs on devine des genoux cagneux et ses chaussures datent des années 1970. Elle porte un vernis rouge qui commence à s'écailler et un serre-tête en velours rouge lui aussi.

- Cela m'aurait étonné ! Lança-t-elle, je suis Elisabeth Mignon, responsable du pôle Communication de l'entreprise et voici mes subordonnés : Jules Henri et Simon Grandjean qui travaillent avec moi sur tous les dossiers de l'entreprise.

Dépendance amoureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant