Après le restaurant, nous décidons de nous rendre sur les quais de Seine. Lorsque je suis arrivée à Paris, j'ai découvert que c'est le rendez-vous incontournable des étudiants et autres jeunes parisiens. A mes yeux, les quais de Seine n'étaient là que pour se promener en journée, l'été. Mais depuis quelques mois, c'est devenu aussi le lieu de recherches intensives du probable-futur-petit-ami de Vanessa. En début d'année, elle nous a raconté son histoire « so romantic », comme elle le dit, avec un garçon prénommé Lucien. A force de rabâchage intensif de sa part, les autres avaient fini par l'écouter d'une oreille voire plus du tout. Seule moi reste aux abois tellement son histoire me passionne.

Ils se sont rencontrés dans le train Bordeaux/Paris, c'était en septembre. Vanessa était, comme à son habitude, en retard et courait sur les quais pour attraper son train. Lorsqu'il la vit courir par la fenêtre, Lucien se leva pour l'aider à monter son énorme valise dans le TGV. C'est ainsi qu'elle flasha totalement sur lui, espérant secrètement avoir le siège qui se trouvait à côté de lui. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Non contente de ne pas être à côté de son brave chevalier, elle se retrouva coincée entre Annabelle, petite blonde de 4 ans et son frère Sacha qui, d'un commun accord, avaient décidés d'être bruyants et exaspérants avec leur maman. Cette dernière ne sachant plus quoi faire pour les calmer avait vite jeté l'éponge et se cachait derrière son Voici. Inutile de préciser que la plupart des usagers étaient mécontents de voir ces enfants chahuteurs, seuls les jeunes pourvus de leur casque et autres écouteurs semblaient de marbre. Alors qu'il devait redescendre à sa place, Lucien se pencha vers Vanessa et lui souffla au creux de l'oreille « Désolé de laisser une si charmante demoiselle en une aussi bruyante compagnie ». Et il partit rejoindre sa place. Vanessa en resta bouche-bée et oublia totalement de s'asseoir, si bien que le démarrage du TGV la fit chanceler. Une fois remise de ses émotions elle s'installa confortablement dans son siège, mis ses écouteurs et pria pour s'endormir vite et rêver du beau et serviable Lucien. Elle n'entendait plus les enfants mais sentait son siège bouger et parfois il semblait que quelqu'un la frôlait, elle se réveilla plusieurs fois, les enfants courraient dans l'allée. Au bout du cinquantième frôlage, elle les avait comptés, elle se décida à dire quelque chose à la mère des enfants. Elle enleva ses oreillettes, ouvrit les yeux et se rendit compte que la main qu'elle avait sentie, insistante, sur son genou n'était autre que celle de Lucien.

- J'espère que je ne vous dérange pas, vous vouliez peut-être dormir ?

- Euh, non, non ... non pas du tout. J'essayais de ne pas entendre, elle fit un geste vers le siège derrière elle.

- Je préfère ça, je ne voulais pas m'imposer mais je trouvais ça dommage que nous ne puissions pas discuter et puis la dame qui était assise là a accepté bien volontiers de changer de place avec moi.

- C'est super, génial, je suis contente de pouvoir discuter avec vous.

- Toi !

- Euh, oui avec toi !

Et la discussion commença comme cela. Elle apprit beaucoup de choses sur lui, étudiant en médecine de 25 ans, Lucien souhaite devenir pédiatre, il habite à Libourne et est à Paris depuis le début de ses études. Passionné d'avion et de natation, il avait un temps espéré devenir nageur professionnel puis pilote de chasse, mais décida finalement de suivre la voie de son père. Vanessa, qui en général faisait des raccourcis sur beaucoup de choses, avait compris les choses à sa façon : grand beau, musclé, plus âgé donc plus expérimenté, qui aime la famille et les enfants, son avenir en tant que médecin lui laissé présager aussi une certaine fortune. Voilà ce que Vanessa appelait l'homme de sa vie. Arrivés à Paris, ils se quittèrent sur le quai de la gare, elle devait prendre le métro, lui le bus. Ils avaient bien pris soin d'échanger leurs numéros de téléphone. Au détour d'une conversation, elle avait appris qu'il aimait se rendre sur les quais de Seine le soir et qu'il y allait souvent avec ses amis lorsqu'il avait du temps.

Dépendance amoureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant