Chapitre 7

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Il est huit heures. le sommeil me quitte déjà. A peine le temps d'avaler une barre de céréale que tout me reviens. Une nuit ne fait pas perdre l'esprit, la connaissance et la raison. C'est juste une pause, une fichue parenthèse apparemment méliorative de l'état du corps.
Mon esprit fuse. Sans cesse.

J'ai ressorti le paquet de clopes oublié par la voisine, venue pleurer quelques mois plus tôt son désespoir de rupture au milieu de mon salon. J'ai décidé d'en allumer une.
Pourquoi ? pourquoi.
Une légère impression d'arriver mieux à penser me soulève soudain de ma passivité. Je vais sortir de là. Je dois parler à Axelle. Non pas tout de suite. Je dois aller voir Sarah. C'est donc quelques minutes plus tard que je me retrouve quelques étages plus bas, dans la rue, à marcher vers le café.

-Je t'aurai jamais vu aussi tôt, que t'arrive-t-il ? lança-t-elle.
-T'as un moment ? Répondis-je
-Bien-sûr, je vais prendre ma pause maintenant. Je reviens dans deux minutes, je pose ça, je m'occupe de la table trente-deux et je suis à toi.

Après l'avoir regardée finir, elle s'est approchée de moi en me faisait signe de la suivre à une table un peu plus isolée.

-Alors explique moi tout, commença-t-elle.
Le sourire perplexe, le regard hésitant, les doigts tendus, je racontais la suite de mon histoire, la rendant au courant des moindres détails.
Il le fallait un plan pour aborder Axelle, un plan pour l'aider. Il me fallait un plan.

C'est alors qu'une heure plus tard je repartais les idées en têtes, en direction du parc des plantes, le marqueur noir que Sarah m'avait donné à la main.

Le pas rapide, j'avance en direction du troisième banc sur la droite , la fontaine dans mon dos et les souvenirs dans la tête. C'est la dernière fois que je viendrai ici. Après, ça ne servira plus à rien de venir ici...

J'ai commencé par écrire "AXELLE '' suivi d'une flèche qui indiquait le banc d'en face. Le miens, entre autres. Le début du chemin que je voulait pour lui changer la vie. Il fallait attirer son attention, il fallait l'atteindre directement sans lui faire peur, la rendre curieuse et faire en sorte qu'elle se laisse aider.
Chaque étape se devait d'être précise. J'avançai et le plan se construisait au fur et à mesure dans ma tête.

Comment aider une femme dans cette situation?
Cette phrase résonnait dans ma tête encore et encore. Surtout si elle refuse de se faire aider.
La convaincre, il faut la convaincre.

Je déroulais paisiblement mon jeu de piste, en espérant qu'elle y soit réceptive. Je me rappelle alors qu'il y avait un moment qu'elle n'était pas venue au parc. Peut-être n'avait elle plus l'intention de revenir. Peut-être alors que rien ne changera, et moi me trouvant à attendre bêtement je n'aurai été que plus inutile que je n'arrive déjà à l'être.
Et si c'était la bonne solution quand même ? Il fallait que je m'obstine.

Je me reconcentrai, et continuai ce que j'entreprenais depuis bientôt une heure et demie.

En fin de journée, mon plan était suffisamment construit, il n'y aurait plus qu'a attendre que ça marche, en espérant que ça marche. Et que personne ne parte à la quête à la place de la principale intéressée.

Je remontai l'allée longeant le parc pour finir ma route juste devant la café ou sarah travaille.
Elle avait apparemment pris sa pause pour aller dîner, alors j'ai demander à lui laisser un petit mot, accompagné du marqueur qu'elle m'avait prêté.
"tout est en place, sois prête. Merci." que je signai de mon nom.

Je réfléchissais encore et encore à la situation, aussi grave soit elle. Axelle souffrait physiquement, mais surtout mentalement. Elle acceptait la douleur pour un amour que les autres ne pouvaient comprendre.

Il faut la sortir de là en lui permettant d'abord de prendre conscience de la gravité des faits. Il faut lui montrer que le problème ne vient pas d'elle, qu'elle est un phénomène global qui ne lui est pas propre.

Il faut l'aider à reprendre de l'estime de soi, lui faire comprendre que ce n'est pas normal, qu'on n'a pas le droit de faire ça. Son mari fait en sorte qu'elle ne regarde qu'elle-même : c'est de sa faute, elle est une plaie qui ne vaut rien... Incapable d'obéir et d'agir comme bon lui semble. Lui. Elle se regarde elle et pas lui.

On est aidé que si on le veut bien. Il va falloir qu'Axelle se laisse emporter. Si on impose des choses, on lui rappelle qu'elle n'est pas capable de réagir seule, alors qu'il faut justement lui redonner confiance. L'aider simplement.

Elle ne doit pas continuer à croire qu'elle est seule. Cette inconscience lui fait oublier qu'elle pourrait être heureuse, réellement.

Alors j'ai continué ma route jusqu'à chez moi. J'ai poussé la porte puis après deux tours de clefs, je suis parti ouvrir la fenêtre. Le soleil avait presque disparu. J'ai récupéré le paquet de cigarettes, puis je m'en suis allumé une. Elle se consumait plus vite que le temps, ou alors c'est le temps qui passait trop vite. Trop pour certaines choses et pas assez pour d'autres.

Je regardai les nuages assombrir doucement le ciel rose et bleu, les mains appuyées sur la rambarde de métal, froide, pendant que le léger vent qui accompagnait la soirée venait caresser mon visage.
Comment tout pouvait être aussi doux et calme ici. Comment et pourquoi tant de choses peuvent n'être que des fatalités que le monde doit subir ou accepter.

Je repoussais​ les draps frais et les remontai sur mon corps. La lumière éteinte, le monde des pensées m'appartient. Il finit par m'emporter comme pour chaque nuit, juqu'aux abords d'un nouveau matin, d'une nouvelle journée toujours plus inconsécante.

Le renouveau se fera sentir. Peut être laissera-t-il des possibilitées que nous verrons comme une chance. Peut être qu'au contraire devrons nous faire avec.
Les rêves sont fourbes et illusoires.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 06, 2017 ⏰

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Axelle (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant