Mort dans l'âme

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Je tiens tout d'abord à vous avertir : l'auteure de cette lettre est une femme ! Ne cherchez pas de suite logique à toutes mes lettres, il n'y en aura pas. La seule évolution perceptible sera la mienne...

Chère France,

On me fait des promesses, on me dit que la douleur finira par passer et que mon sourire renaitra un jour. Mon sourire est bien là mais je ne ressens pas la douce chaleur du vrai bonheur se répandre dans mon coeur. Les jours sont tous semblables et je désespère de trouver la joie quelque part.

Les gens sont si doux avec moi, comme si sa mort m'avait transformée en petite chose fragile. Les premiers jours, j'aurais voulu leur hurler à la figure que je n'avais pas besoin de leur pitié ! Mais maintenant que je suis seule, dans cette chambre trop grande, je supplie le ciel de m'envoyer un peu de douceur. Si seulement je pouvais sentir ses mains contre ma peau, ses lèvres contre les miennes... Chaque jour un peu plus, son odeur disparait. Bientôt, elle ne sera plus qu'un vague souvenir auquel je ne pourrais plus me raccrocher.
Mais peut-être qu'au fond, c'est mieux ainsi. Tu n'imagines pas les sanglots déchirant qui m'ont été arrachés quand, la première nuit, j'ai du dormir seule, dans notre lit, avec la sensation de sa douce présence partout autour de moi. Je pleure encore bien sûr, mais mes larmes sont silencieuses. En ce moment même je m'inquiète de tâcher ma lettre et de devoir la réécrire. Je n'en aurais sûrement pas la force.

Oh mon amie j'ai tellement besoin de toi ! Je n'arrive pas à passer à autre chose, je n'y arriverai sans doute jamais. Je sens que je perds peu à peu tous mes amis. Je ne leur en veux pas, qui voudrait trainer avec une pauvre âme en peine comme moi ? Je ne sais plus rire aux blagues, je ne comprends plus celles des autres, c'est comme si mon coeur m'interdisait de fréquenter d'autres personnes que lui.

Les hommes ? N'en parlons même pas. Ils m'effraient par leurs grossièretés. Penses-tu qu'il ait été tendre avec moi ? Ils ne pensent qu'à une chose, France, et moi, comment pourrais-je seulement en évoquer l'idée ? Je lui appartiens encore corps et âme, il a emporté mes désirs dans sa tombe.

Il me manque et j'attend encore son retour le soir. Je veux revoir ce doux sourire qui n'appartenait qu'à moi. Je veux sentir son étreinte et retrouver la joie d'être à lui.

Pardonne-moi si je t'ennuie ou si je t'attriste. Je veux qu'une fois cette lettre fermée, tu oublies tout mes tourments pour te consacrer uniquement à ton bonheur. Profite de la vie car elle ne dure qu'un instant.

Ton amie.

Lettres à FranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant