Castleblack.

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Tara.

Des années plus tôt.


Castral Roc, Vivesaigues, la Route Royale, tel fut mon périple.

Déshydratée, fatiguée, à bout de force je me laissai tomber dans la masse de neige. La bise glaciale me couvrait de son manteau froid, blanchissant mon visage jusqu'à me congeler le sang à travers la chair.

La rudesse du Nord m'entourait de toute part, me privant de repaire et c'est ainsi que je quittai la réalité pour m'endormir sur le matelas de neige blanche, espérant trouver une paix dans les fins fonds de mon esprit.

Des voix caverneuses grommelaient dans un bruit lointain, le vent soufflait fort contre le carreau. J'entrouvris les yeux, un plafond de pierre imbriquées me faisait face dans cette sinistre chambre où seule la lumière du jour passait à travers une petite fenêtre de la taille d'une meurtrière.

Comment décrire la peur qui m'envahit à ce moment là, je tirai le mince tissu me servant de drap et fouillai la minuscule pièce de fond en comble à la recherche de mes précieuses affaires ; un vieux carnet dont les feuilles rongées par les années et mes multiples escales servait à y rédiger mes aventures folles. Mais avant de mettre la main sur mon carnet,j'étais dans l'urgence de trouver mon poignard, arme à cause de laquelle j'ai failli périr.

«- Mestre, faites attention à elle, fit une voix de l'autre côté de la porte.

- Ne vous en faites pas mon petit, j'en ai vu du monde depuis que je suis là, répondit l'homme d'une voix chevrotante. Elle est affaiblie par son voyage. »

L'un des deux repartit dans un claquement de métal.

Je m'entourai du fin tissu dans lequel j'avais dormi pour m'en recouvrir le corps, tout mes effectifs personnels avaient disparu. Je m'écartai au maximum de la porte, le dos collé contre la pierre froide et humide de la pièce.

«- N'ayez pas peur jeune fille. »

Un vieil homme aux cheveux blancs, marqué par le temps rentra, tout de noir vêtu. Affaissé, aveugle de plus car il eut du mal à avancer dans le lieu.

«- Déclinez votre identité, ordonnai-je malgré ma position de faiblesse.

- Il y a longtemps que j'ai abandonné l'idée d'une identité lors de mon entrée dans la garde de nuit,débuta-t-il. Ici, marchands, voleurs, violeurs, seigneurs et j'en passe se mélangent, ne faisant qu'un, une fraternité. Tu es ici à Châteaunoir mais les femmes, quelles qu'elles soient ne sont pas autorisées à entrer dans la garde de nuit.

- Je ne viens pas pour ça. »

Le vieil homme ne répondit pas directement, s'attendant à une explication de ma part mais je préférai dériver sur un autre sujet :

«- Quand pourrais-je partir ?

- Vous êtes bien courageuse pour prendre la route malgré votre état de santé, vous alliez mourir lorsque les hommes vous ont trouvé là, ensevelie dans la neige, le corps glacé par le blizzard. »

Et pour cause, j'avais perdu la notion du temps, les lieux me paraissaient inconnus, j'étais livrée à moi-même sur ce vaste continent.

J'avais donc réussi à trouver refuge à Châteaunoir la nuit précédente.

«- Vous viendrez récupérer vos affaires à la bibliothèque dès que vous en aurez le temps, allez-y, découvrez le château tant que vous le pouvez, suggéra le mestre. Mais quel est votre nom ?

Les contraires font paires - Game of ThronesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant