Errys.

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Tara.

La neige me montait aux genoux, de grands gestes de mes bras m'aidèrent à avancer dans cette mer de poudre blanche.

Nous changions encore d'endroit, je ne comptais plus depuis que j'étais arrivée ici il y a bien longtemps. Je ne ressentais plus ce sentiment d'abandon à force de laisser derrière moi ce qui paraissait être un foyer pour y mener enfin ce que j'avais toujours voulu, une vie.

Loin devant nous, Mance guidait la troupe, quant à nous, nous fermions la marche en faisant attention à ne pas prendre de retard.

Rofl, un des géants qui faisant le voyage avec nous portait l'équivalent de la charge de six hommes à lui tout seul. Il était effrayant certes, mais d'une utilité sans pareil pour de simples hommes et femmes tels que nous.

La bise glaciale prenait plaisir à me givrer le visage, et les peaux de bêtes ne suffisaient plus à vaincre le froid qui s'immisçait partout.

«- Accélère, Hill.

- Accélère accélère, plus facile à dire qu'à faire » pestai-je.

Je me sentais bien ici. Mais malgré tout, j'avais encore en moi cette pensée pleine de nostalgie me ramenant à la petite auberge dans laquelle je courrais entre les clients pour me ruer sur le feu brûlant, dans ma jeunesse.

Les rires rauques, le vin dégoulinant sur les dalles de pierre, les chansons, les histoires toutes plus déformées les unes que les autres, et moi, écoutant, observant.

«- Plus vite.

- Va te faire foutre ! »

Il m'attrapa le bras avec force et me retourna fasse à lui, son regard bleu était encore plus glaçant que ce froid, encore plus effrayant que ce qui se trouvait au-delà du mur.

Il ne dit rien, seul sa respiration tranchait le silence, la mienne aussi.

Il serra un peu plus son emprise sur moi mais je ne cillai pas, je le connaissais trop bien.

Un sourire lui fendit le visage et son rire caverneux résonna si fort que l'idée qu'à Port Réal des gens pouvaient l'entendre me paru plausible.

La douleur dans mon bras s'apaisa et il me prit par la taille pour m'offrir un baiser fougueux.

«- Dépêche-toi, tu vas nous mettre en retard » murmurai-je à son oreille avec un sourire provocateur.

Je regagnai le groupe de devant au petit trot, je traînais toujours avec moi ce vieux sac complètement défoncé par le temps.

J'y gardais précieusement mon carnet aux reliures lâches et certaines au contraire, prêtent à craquer. Je n'écrivais plus depuis longtemps car, tout ce que j'avais écrit n'était que tourments et haine.

Maintenant j'avais des amis, j'avais Tormund. Cette brute que j'avais tant voulu tuer, que j'avais tant détesté, j'en étais tombée amoureuse, moi, Tara Hill la bâtarde de Tywin Lannister j'étais tombée amoureuse d'un sauvageon, ce pourrait être une histoire à raconter aux enfants ça, loin de ces stupides histoires de prince charmant, je haïssais les seigneurs et tout ceux de la sorte, messires, prince, roi, héritier de je-ne-sais quoi.

Calme était la journée, après de longues heures interminables de marche, nous avions pris place dans un lieu semblable à celui d'avant, et celui d'avant le précédent ; neige, banquise.

Je m'affairais un peu partout une fois notre tente installée, j'aidai Errys, une toute jeune femme étonnement douce et innocente. Sa peau de lait et ses boucles blondes lui donnaient une allure de princesse, une Lannister. Elle avait des yeux clairs semblables aux miens, mais sous son apparence de jeune femme faible se cachait une véritable tueuse sanguinaire, elle savait manier l'épée et l'arc et elle m'entraînait régulièrement en échange de cours, ayant vécu près de Castral Roc toute ma vie d'une mère dotée d'une intelligence sans pareil, j'avais appris grâce à elle mais aussi grâce à mon amitié avec l'un des enfants légitime Lannister à me comporter comme une Lady.

Les contraires font paires - Game of ThronesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant