Le camp des Loups

Chapitre 2

Un cœur

Une âme

Bonheur

Une larme

M.

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Ils marchèrent pendant vingt minutes dans les rues les plus fréquentées sans dire un mot. Lorsqu'ils arrivèrent au carrefour de deux petites rues vides, Inconnue y vit une occasion de s'échapper. Elle profita qu'Alex soit concentré sur la direction à prendre, pour s'enfuir.

-- J'ai besoin d'aller aux toilettes, mentit-elle.

Il ne donna en réponse qu'un hochement de tête. La voleuse dégagea sa main de celle du jeune homme puis fonça dans la petite rue de gauche, se retourna pour voir l'expression de son gardien mais ne vit qu'un lapin qui détalait. La jeune fille tourna la tête pour se concentrer sur sa course. C'est alors qu'elle trébucha sur un grand garçon : il était debout et humait l'air à la recherche d'une odeur précise. C'était trop tard pour qu'elle se rattrape, elle mangea le sol boueux. La fille se releva, le visage sali par la terre et toisa méchamment celui qui l'avait fait trébucher : c'était Alex, il était (comme une minute avant qu'elle parte) habillé avec un T-shirt brun et une veste en cuir noir, des baskets brunes montantes et un pantalon de la même couleur que son T-shirt.

Il ne tourna pas la tête lorsque la fille qui n'avait pas de prénom commença (pour la troisième fois) à le frapper, ce n'est que quelques minutes plus tard qu'elle arrêta.

-- T'as fini ? Demanda-t-il.

-- Non, et t'as encore rien vu, dit la frappeuse avec une pointe de défi, comment sais-tu te déplacer si vite ?

Alex la regarda avec froideur. La jeune fille ne sut quoi répondre de cette menace.

-- Sera...énonça le grand garçon en roulant le "r", je crois que je vais t'appeler comme ça.

-- Et je peux savoir ce que ça veut dire, questionna Sera ?

-- Détermination, c'est en vieux Polimien, dit-il.

-- Tu veux dire que nos ancêtres parlaient cette langue ? Demanda la jeune fille bizarrement intéressée.

Pas de réponse.

-- Hé grand dadais, quand t'auras fini de me laisser parler toute seule, tu me le dis, hein. Histoire que je sois au courant, s'exclame-t-elle, et au fait, je veux bien de ce nom !

-- On y va, dit Alex comme s'il n'avait pas entendu la précédente réflexion.

Sera, à défaut d'être rattrapée le suivit en silence. Cette fois le membre Conseil ne la tenait, pourtant la jeune fille ne tenta pas de s'enfuir, elle regardait le dos du garçon. C'est quand ils arrivèrent à un port que Alex prit la parole:

-- Normalement je devais passer la nuit ici, mais on va directement aller à Pironem, dit-il dans l'air.

-- Pironem ? Demanda Sera apeurée, tu veux dire qu'on va à la capitale ?

-- Mmh, mmh...

-- Et je peux savoir pourquoi on va à la capitale ?

-- Tu vas paraître devant le Conseil que tu détestes tant.

La jeune fille fut effrayée, malgré sa haine envers celui-ci, elle avait entendu durant son enfance beaucoup de rumeurs disant que les membres du Conseil tuaient ceux qui passaient devant eux, à mains nues. Son allusion à son enfance raviva une douleur incontestable et fit vite de l'oublier.

Et puis, se retrouver avec le chef de chaque espèce du continent était assez stressant. Mais elle se posait surtout la question de, pourquoi devrait-elle être jugée par l'assemblée alors qu'elle n'avait fait qu'essayer de voler quelques affaires dans un magasin ? Sera n'osa pas la poser à Alex.

Ils marchèrent encore une centaine de mètres dans le port pour arriver en face d'un bateau. Ce dernier était lisse et gris, quelques cordes pendaient dans l'eau verte. Il était recouvert d'une bâche de la même couleur que le bateau, un petite passerelle en bois tentait vainement de ne pas casser.

-- Tu dormiras ici, imposa Alex.

-- Tu ne dors pas, toi ? S'intrigua Sera.

-- Le bateau ne va pas aller à Pironem tout seul que je sache.

Suite à la réflexion d'Alex, la récente prisonnière ne su quoi répondre. Elle fut donc aidée par le jeune homme pour traverser la passerelle, il la tint par la taille pour la faire passer de l'autre côté. La jeune fille vit bien que cela embêtait ce dernier de la porter. Si bien que arrivée à bon port, elle fit vite de se dégager ses grandes mains. Lorsque celui-ci fut à bort, Sera remarqua une mal-assurance sur le bateau. L'eau n'était visiblement pas l'élément de Alex.

-- Tu sais, on peut marcher...Proposa-t-elle.

Il ne répondit rien et un silence régna sur le l'arrière du bateau pendant quelques minutes.

-- Il y a des chambres au fond, prend celle que tu veux. Dit-il en soulevant la bâche, mais n'oublie pas tu es prisonnière.

Le bateau était très peu meublé mais comportait tout le nécessaire de vie : il y avait une table de un mètre sur un mètre dans le coin gauche, à droite tout ce qu'il fallait pour naviguer et au milieu un petit escalier pour arriver à la soute.

-- Avance, ordonna Alex.

Sera frémit à l'idée d'enfin dormir dans un vrai lit, elle avait passé ces trois dernières semaines à roupiller sur des cartons ou des perrons depuis qu'elle avait quitté la maison.

La maison. D'un coup la jeune fille tomba par terre et se souvint du sang. Beaucoup de sang, beaucoup trop de sang. Elle se souvint des deux corps gisant sur le plancher et de l'homme lui avait dit... Que lui avait-il dit déjà ? Sera ne s'en souvenait pas, elle ne voulait pas s'en souvenir.

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