Chapitre 4 - Vérité cachée

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Nous allions vite. Arion fonçait à vive allure en appuyant avec ferveur sur ses quatre sabots en fer. Il cavalait fièrement dans cette neige qui s'écartait si facilement à son passage. Quant à moi, je restait fermement aggripé à sa longue crinière noire tout en étant à moitié courbé sur sa nuque. Mes mains se crispaient à cause du froid. Mes écouteurs, balançaient encore comme deux lampions derrière ma tête. Mes yeux étaient quasiment fermés. Tandis que mon esprit lui, était complètement réveillé et ouvert, voir trop. Je ne cessais de repenser à ce que m'avait dit Arion il y a de cela quelques minutes. Troublé, j'essayais de réfléchir à la personne qui pouvait m'attendre plus loin, mais je n'en avais vraiment aucune idée.

- Dis moi Arion.. Tu m'expliques maintenant ce qui se passe là ? Car tu t'éloignes vraiment de mon village en avançant si rapidement et j'aimerai bien savoir où tu m'emmènes, rétorquai-je en serrant sa crinière noirâtre un peu plus fort.

- Tout ce que tu as à savoir c'est que...dit-il en marquant une brève pause dans sa voix. Tu n'es pas celui que tu crois être. Tu es différent des autres personnes dont tu avais l'habitude de partager le quotidien dans ton village minable. Et que nous avons besoin de toi, donc c'est pour ça que je n'arrête pas de galoper...

Pendant qu'Arion parlait rapidement entre deux râles successifs qui montraient qu'il arrivait au bout de ses forces, je laissais pour ma part mon esprit se perdre encore plus dans l'incompréhension de la situation. En quoi pouvais-je être utile ? Pourquoi moi déjà ? Je suis qu'un bon à rien de toute façon, c'est bien connu.

- .. on va t'emmener dans un endroit qui est à priori sûr et sans danger où d'autres personnes comme toi résident en communauté soudée, ajouta-t-il en ralentissant infiniment la cadence de ses pas.

Une nouvelle brèche de silence règna subitement autour et en nous. Arion continuait, tant bien que mal, à avancer sur ce sol givré qui rendait son avancée encore plus éprouvante que ce qu'elle n'était déjà. L'atmosphère semblait avoir quelque peu changée. Les arbres se dressaient fièrement malgrè la couche de neige qui ne portait apparement plus aucun préjudice à la résistance de leurs branches. Grâce à ces derniers, on arrivait enfin à déceler à nouveau l'endroit où le soleil se tenait au-dessus de nous. La présence de la neige était moins importante ici. Le sentier glacé sur lequel nous dévalions à toute vitesse semblait progressivement laisser place à un tapis bariolé de feuilles mortes. La température, elle, n'avait pas bougée d'un poil. Il faisait toujours affreusement froid.

- Des gens comme moi ? C'est-à-dire ? le questionnai-je quand nous arrivions à un croisement de trois sentiers.

Pour une raison inconnue, Arion planta soudainement ses quatre sabots sur le sol afin de se stopper brusquement. Mon corps fut éjecté vers l'avant de sa tête dû à l'arrêt hâtif de l'équidé. Je repris difficilement ma place initiale sur son dos en plaçant rapidement ma main droite sur mon front tout en plissant ce dernier.

- Ça t'arracherait la gueule de prévenir quand tu t'arrêtes aussi brusquement Arion? lançai-je furieusement en ne quittant plus ma mine boudeuse.

- Cesse donc de te plaindre Keith, ce n'est pas digne de toi. Maintenant lève tes yeux et observe ces trois sentiers qui partent dans des directions différentes devant toi, marmonna-t-il doucement avant d'augmenter le ton de sa voix. Le premier, tout à gauche, il symbolise les humains, les mortels. Celui, à l'opposé, tout à droite, représente les dieux, les immortels. Tu vois où je veux en venir ? ajouta-t-il avec un brin de cynisme dans la voix.

- Franchement...non. Des humains, d'accord.. Des dieux, je vois pas .. Celui du milieu il signifie quoi alors ? répliquai-je en essayant de cacher légèrement mon petit rire narquois.

- C'est là que nous allons, au milieu, chez toi, proclama Arion avec sa voix grave.

- Chez moi? Pourquoi on prend pas le sentier que tu qualifies pour les humains, hein ?

- Car tu n'es pas humain.

A ces mots, j'éclate soudainement de rire en gloussant comme une dinde. Je me plis littéralement en deux, tellement ce qu'Arion vient de dire me fait mourir de rire. Lui, semble ne pas broncher d'un côté, un léger rictus se fait voir sur son front. Il est sérieux. J'essaie de reprendre petit à petit mon calme, et je me redresse doucement devant Arion qui reste stoïque et muet.

- Je suis quoi alors, monsieur je sais-tout ? Un extraterrestre ?

- Tu vois ces deux sentiers, de part et d'autres, les humains d'un côté, les dieux de l'autre. Toi, tu es au milieu. Un savant mélange des deux. Tu es un demi-dieu.

- Un quoi ? m'écriai-je soudainement à l'annonce d'Arion tout en restant bouche-bée, ayant repris mon sérieux à présent.

-Un demi-dieu Keith, ajouta-t-il distinctement en faisant bouger ses babines.

Un dieu moi ? Enfin un espèce de demi portion de dieu, ça rime à quoi ça franchement ? Genre j'ai des pouvoirs magiques? Poalala, ce cheval a du fumé quelque chose de pas commode, pour arriver à me sortir des trucs pareils. Un dieu quoi, on est plus à l'heure de la Grèce Antique, quand même, la mythologie c'est finie ! Je me remets à rire de plus belle en observant Arion qui me regardait froidement du coin de l'oeil.

- Et ça te fait rire, pauvre idiot ? Faut pas prendre ça à la légère crois moi bien. Oui tu es un demi-dieu, qui de plus va rejoindre dans un peu moins de 2 jours, une colonie où résident d'autres demi-dieux et demi-déesse, comme je te l'ai déjà dit. Ton avenir est prometteur, nous avons besoin de toi..

Je ne savais plus quoi penser, comme depuis que j'ai rencontré cet animal qui parle. Ce charabia est incommensurable pour moi. Je suis partagé par l'incompréhension totale de la situation et la hâte de voir ce que résèrve cette vie donc je suis apparement le propriétaire mais qui m'est complètement inconnue.

-.. Remonte sur mon dos maintenant, on est bientôt arrivé au point de collecte. Prépare-toi à débuter ta nouvelle vie, remplie de risques, comme la mort, étant donné que c'est la principale que les gens comme toi rencontre.

La mort. Je crois que je n'avais pas mesurer l'ampleur de ce que pouvait être la vie d'un demi-dieu, et apparemment c'est pas joyeux tous les jours comme le souligne Arion. Mais tant qu'à faire, je veux en avoir le cœur net, et j'ai pas peur de la mort moi, je vais me battre et tout faire pour sauver ma peau.

Je grimpe à nouveau sur le dos de ce cheval. Il repart au quart de tour dans ce paysage tétanisé et grelottant, et fonce vers le sentier du milieu qui correspond d'après son image, au monde des demi-dieux. Nous arrivons, après une quinzaine de minutes dans une clairière, très aérée, dépourvue de toute végétation trop abondantes. Le calme règne ici. Nous sommes comme dans un micro-climat, pour la première fois depuis maintenant 6 mois, il fait chaud. Pas une chaleur de pleine été sous un soleil de plomb, mais l'air est tiède et réconfortant. Cette sensation m'émoustille soudainement alors que j'aperçois un peu plus loin dans la clairière, un espèce de deuxième cheval, mais qui me semble bien différent d'Arion. A force que l'on se rapproche de cette silouhette, j'en observe une deuxième, plus petite à côté de l'autre. Arrivés à une vingtaine de mètres de ces individus, mon cœur se serre soudainement, et Arion déclare solennellement avec une touche d'entrain dans sa voix:

- Voici ta monture Keith, bon voyage et j'espère que l'on se reverra un jour, si tu n'es pas encore mort d'ici là.

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