Chapitre 8 - Calme approximatif

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C'était un bureau. Une pièce assez sombre dans l'ensemble, où Chiron et un homme d'un certain âge m'attendaient. Chiron se tenait vers l'entrée de la pièce, accoudé contre le montant de la porte. Il me fixait du regard, et il insistait pour que j'entre dans ce bureau le plus rapidement possible en haussant ses larges sourcils touffus. L'autre homme de la pièce était affalé dans un gros fauteuil rouge moltonné, derrière un large bureau où les piles de documents luttaient pour ne pas s'effondrer au moindre coup de vent. Quand je suis arrivé là, j'ai d'abord cru que c'était mon alcoolique de père qui buvait une cannette de bière blonde tranquillement vautré dans son canapé, mais quand je me suis rapproché, j'ai compris que mon imagination me jouait un tour. Il était assez fin, de longs cheveux poivre et sel retombant sur le derrière de son crâne, une barbe soigneusement taillée de la même teinte, un soda à la main, le regard perdu dans le mien, ne sachant pas trop quoi faire. Maintenant debout devant le bureau de l'homme en question, un silence pesant pris place dans cette pièce. Personne n'osait prendre la parole. Tout le monde se jettait de légers coups d'oeil succincts sans vraiment oser se regarder dans les yeux.

- Voici le directeur de la colonie, balbutia Chiron après un long moment.

- Ah..bonjour monsieur..

- Tu t'appelles comment déjà? Kylian ? Ça m'a pas marqué apparemment, dit-il en ingurgitant une gorgée de sa boisson sucrée en se repositionnant correctement sur son siège usé.

- Il s'appelle Keith. Et il est là maintenant pour aider la colonie, au sujet de vous savez quoi. Il revient de l'Oracle, et sa réponse est primordiale pour la suite des événements, continua rapidement Chiron qui semblait toujours avoir cette hâte dans les veines.

- C'est original comme nom ça ! Mais tu viens d'où toi ? répondit le barbu en paressant complètement inintéressé par le sujet qui tracassait tant Chiron.

- Je suis bulgare. Mais vous me rappelez vaguement quelqu'un que j'ai déjà à la télévision ? Que faites vous-ici ?

L'homme concerné éclata de rire en jettant des rires entrecoupés de larmes qui dégoulinaient petit à petit sur le long de ses joues. Pris dans un élan de rage, Chiron s'approcha rapidement du bureau et frappa ce dernier avec son poing droit ce qui fit violemment virevolter certaines piles de feuilles dans les airs avant de retomber au sol. L'homme se tût instantanément. Son large sourire se referma en une fraction de seconde, son air semblait maintenant craintif et soumis aux ordres du centaure.

- Stop ! Taisez-vous, surtout toi Dionysos. Je sais pas si c'est les bulles de tes boissons gazeuses qui te montent au cerveau et qui te rendent pareil mais on parle de notre survie, de la survie du camp, du camp que tu diriges, donc montre au moins au soupçon d'engouement, merde ! Maintenant Keith, raconte nous la prophétie.

Je pris une grande inspiration tout en tournant mon regard vers Chiron, qui me fixait toujours avec importance, avant de replonger mes prunelles dans celles du directeur. Les deux semblaient stoïques à l'entente de mes mots, enfin des mots que m'avaient récité l'Oracle il y a maintenant une dizaine de minutes. J'écorche quelques phrases. Je recommence à nouveau. Je fais des pauses pour me remémorer les mots exacts qui composent ce monologue. Chiron trépigne. Dionysos quant à lui, adopte une mine contrariée en fronçant les nombreux muscles de son visage.

- Le monde souterrain...bien sûr, Hadès, déclara le vieil homme.

- C'est bien ce que nous pensions, sans vouloir le croire pour autant. Hadès fait des siennes. Tu dois agir vite Keith, et tu sais maintenant où tu dois te rendre. Mais apparemment tu ne vas pas accomplir cette quête seul, renchérrissa Chiron.

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