Chapitre 5 - Plein Ouest

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La silhouette d'Arion rapetisse à mesure que nous nous élevons dans les airs de ce ciel au teint pourpre. L'incompréhension persiste. Me voilà maintenant sur un cheval ailé, après avoir subi les remontrances d'un cheval qui parle. Je ne sais plus où donner de la tête, mais je me laisse guider aveuglément dans les cieux moltonnés par une importante masse de nuages nacrés, par cette créature qui sort tout droit de récits mythologiques. Je suis encore également troublé par la chose qui m'a accueillie au sol avant que je n'enfourche ce pégase il y a de ça une quinzaine de minutes maintenant.

C'était une femme, certes, mais, elle ne devait pas être humaine pour autant.

A mon arrivée vers cette dernière, je me suis senti soudainement faible et en même temps apaisé. Comme tombé subitement dans un sentiment de réconfort, j'ai plongé mon regard dans ses doux yeux verdâtres. Elle ne me quittait plus du regard, une mine joyeuse ancrée sur les traits de son visage. C'était une très belle femme, d'une taille majestueuse, d'un teint coloré et d'une chevelure blonde qui tombait harmonieusement en désordre sur ses épaules.  Vêtue d'une simple robe qui descendait jusque sur ses pieds, elle portait également fièrement sur le haut de sa tête, une espèce de courronne qui semblait être confectionnée avec des épis de céréales entremêlés. C'est tout ce dont je me souviens d'elle, car le départ fut hâtif. Je suis descendu d'Arion pour remonter immédiatement sur ce pégase qui me sert de monture à présent, sans vraiment toucher le sol qui avait repris une teinte brunâtre et dont la couche de glace avait disparu.

J'ai néanmoins pu admirer la beauté et pu apprécier l'aura stimulante et positive de cette inconnue. Je n'avais pas ressenti cette sensation extraordinaire depuis bien des années, et ça m'a troublé l'espace d'un instant.

Elle, cette magnifique créature, semblait muette et devait s'exprimer avec des gestes amples de ses mains. Pourtant, avant que le cheval ne décolle, elle s'est doucement approchée du creux de mon oreille et s'est mis à me murmuer quelques mots que seul mon esprit pouvait entendre.

- On se reverra bientôt Keith. Tu ne me connais pas, mais moi je te connais par coeur. Tu es promis à accomplir de grandes choses, et je serai là pour t'aider, car je suis...

Et le pégase pris soudainement son envol vers les nuages en frappant le sol d'un grand coup de sabot, coupant les derniers mots de cette phrase.

Qui était-elle ?

Suite à ce départ en trombe, je m'accroche tant bien que mal à l'épaisse crinière de ce cheval blanc ailé pour ne pas tomber dans les airs et par la même occasion ne pas m'écraser au sol comme une vulgaire goutte de pluie. Mon esprit ne peut pas réfléchir pour l'instant car je suis crispé dans cette position, à moitié replié sur la nuque du pégase et la sensation de vertige me prend aux tripes. Toutefois, je ferme les yeux instinctivement tout en serrant très fort les poils gris de ma monture.

Comment me connaît-elle ?

D'ailleurs, depuis ma rencontre avec Arion, mes écouteurs se balancent toujours fortement dans le vide derrière ma tête, mais à présent, ils me frappent la crâne à chaque fois que le pégase prend de la vitesse. Je les enlève subitement et les fourre dans la poche droite de ma veste.

Que me veut-elle ?

Je réouvre les yeux. Autour de nous, du blanc, partout. Nous sommes en plein milieu d'une couche de stratus dont l'épaisseur semble démesurée. Pas une once de ciel à l'horizon. Nous sommes bloqués dans un duvet d'or nacré. Ça me rappelle étrangement le moment où j'ai rencontré Arion dans la forêt en début de journée et par ailleurs, un mot trotte toujours dans ma tête depuis que j'ai chevauché ce cheval blanc ailé.

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