Chapitre 6 - Arrivée tumultueuse

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L'eau. De l'eau à perte de vue. C'est ce qui nous entoure depuis qu'on a dépassé le continent européen. Nous sommes seuls. Nous sommes au milieu de nulle part. La direction à prendre est encore floue car il n'est que 6h du matin et le soleil n'est pas encore présent pour nous guider. Cependant, le pégase, lui, sait très bien son itinéraire comme s'il avait un gps intégré à son métabolisme. L'aurore du jour est là. L'air marin me glace particulièrement le sang ce matin et mes poils se hissent sur l'ensemble de mes membres. Le ciel est encore foncé au dessus de nous. L'eau en dessous de nous l'est aussi. Cette atmosphère sombre me replonge dans mes songes et je me mets à pleurer inexplicablement à chaudes larmes sur ma monture volante.

Encore remué par le rêve que j'ai fait cette nuit, ma morale vient s'interposée entre les questions qui trottent toujours dans ma tête. Ai-je fait le bon choix? Est-ce raisonnable de laisser mon père seul, sans nouvelle dans cette baraque délabrée ? Il est promis à une mort prochaine si personne ne s'occupe de lui. C'est mon père quand même. Je peux pas le laisser, même si c'est une ordure vivante. Je dois rentrer. Immédiatement.

Mais comment ? Comment ordonner à un pégase que je veux faire demi-tour ? Alors que je réfléchis à la solution pour rentrer dans mon petit village bulgare, ma pitié envers cet équidé vient soudainement me frapper de plein fouet. C'est vrai. Le pauvre. Il ne s'est pas encore arrêté une seule fois depuis que nous avons décollé hier après-midi. Je sens bien que le pégase a besoin de faire une pause. Le mouvement de ses grandes ailes est sacadé et ses hennissements sont plus graves et sourds comme s'il n'avait plus de souffle.

- Hein, mon brave, tu es fatigué n'est-ce pas? lançais-je de façon rétorique tout en le carressant au niveau du cou avec un léger air de dépis.

- Oui je n'en peux plus, répondit une voix rauque.

- Qu.qu...qu'est-ce que c'est que ce bazar encore ? Tu parles toi aussi ? ajoutai-je en étant tout de même surpris. Après tout ce qui m'est arrivé, je le suis toujours autant.

- D'habitude non. Mais toi, tu me comprends. Je t'entends, et tu m'entends par la même occasion. C'est rare les personnes comme toi, tu sais, mais je l'ai tout de suite senti, dès que tu es monté sur mon dos.

- Je..hein..quoi..? Je peux communiquer avec les chevaux c'est ça ? J'ai un pouvoir ? continuais-je sur le même ton.

- Oui, avec les chevaux, et sûrement avec toutes les autres espèces animales, c'est un pouvoir que t'as donné ta mère, seuls les enfants de Déméter ont ce pouvoir commun, bien que les enfants d'Arthémis et d'Hécate l'ont aussi de manière moins significative.

- Tu en es sûr ?

Un bref moment de silence regna directement suite à cette question.

- Ma..ma..ma..mère ? Déméter ? Une déesse.. woaaaaah..c'est pour ça ! déclarai-je à haute voix tout en semblant être émérveillé.

- Oui, tu dois être le fils de Déméter..bien qu'en général, cette déesse ne possède que des filles dans ces rangs. Et dis moi.. c'est pour ça quoi? J'ai pas suivi ta dernière phrase.

- C'est pour ça qu'Arion m'a dit que j'appartenais au monde des demi-dieux. Mi homme mi-dieu. Une mère déesse et un père humain, c'est bien ça si j'ai compris?

- Tu as tout compris gamin. Mais regarde plutôt, on voit l'orée d'une terre juste devant nous, on est bientôt arrivé à destination, accroche-toi ! lança-t-il en abaissant sa tête vers l'avant pour accélérer.

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