Je ne m'habituais définitivement pas à la cadence des pas de Chiron qui avançait hâtivement dans les allées enneigées du camp. J'avais du mal à le suivre mais je me forçais à marcher rapidement pour ne pas le perdre de vue. Les grands pins étaient toujours là. Le démon blanc aussi. Derrière ses longs cheveux brun qui retombait sur ses épaules, l'expression faciale du centaure en disait long, il était partagé. Partagé entre la peur, l'incompréhension et l'immédiateté des événements qui se déroulaient actuellement au camp et à l'avenir incertain de ces derniers. Il semblait vraiment être tendu et crispé. Je ne savais pas si j'avais vraiment envie de savoir pourquoi.
- Du nerf, du nerf demi-dieu, nous sommes pressés ! lança-t-il en pivotant d'un quart de tour sa tête dans ma direction.
- J'arrive, oui..rétorquai-je entre deux souffles saccadés, étant légèrement essoufflé.
Chiron coupa net à droite d'un carrefour où se dressait un énorme panneau, avec des dizaines de flèches dans de multiples sens qui indiquaient toutes une direction différente. Sur ces dernières, étaient rédigées en grec ancien, divers mots que je n'arrivais pas du tout à déchiffrer. Pour moi, c'était comme si vous me lanciez seul en plein milieu d'un désert aride sous un soleil de plomb, j'étais perdu et je ne comprenais rien à ce charabia de lettres inconnues à mes yeux. Heureusement, sur quelques unes de ces planches gravées, on pouvait observer des dessins. C'est quand je me suis approché à quelques mètres de cet important informateur, que j'ai pu descellé où Chiron se dirigeait avec tant de précipitation. J'ai donc continué ma route en direction du panneau sur lequel trônait une sorte de maison bleue dont je ne connaissais pas encore la signification. Dans ma tête, je revois en boucle et avec effroi, le regard des autres demi-dieux qui me dévisageaient il y a de ça une vingtaine de minutes. C'était très perturbant à vivre car je ne savais pas ce que j'avais à faire dans cette histoire de saisons, moi, Keith Forrester, adolescent solitaire bulgare, absent dans mes gestes et surtout dans mes pensées, et ce, depuis plus d'une semaine.
J'avançais toujours à la même cadence quand soudain j'entendis un cri qui semblait venir depuis ma droite.
- COUCHE-TOI ! hurla une voix masculine.
Je n'ai pas eu le temps de réfléchir et j'ai fermé les yeux tout en me recroquevillant rapidement sur moi même en l'espace d'une demi-seconde. J'ai sentis un courant aérien passé à une vitesse incommensurable au-dessus de ma tête et j'ai, dans un mouvement de réflexe, porté mes deux mains sur le sommet de mon crâne pour protéger ce dernier. L'objet qui lévitait dans les airs, s'écrasa à une dizaine de mètres de moi, du moins, c'est ce que j'en ai conclus avec son arrivée bruyante dans la neige. J'étais tétanisé, puis j'entendis des bruits de pas qui s'enfonçaient lourdement dans la neige et qui semblaient venir en ma direction de manière rapide. Je sentis la présence d'une personne à ma droite, mais je daigna bouger de ma position latérale de sécurité, étant donné que mes muscles étaient encore sous le choc de ce mouvement soudain.
- Oh bordel... je suis désolé..tu n'as rien ? ajouta la même voix qui m'avait ordonné de me coucher il y a quelques instants en aposant sa main droite sur mon épaule gauche.
J'ai pensé que c'était le bon moment pour réouvir les yeux afin de rencontrer mon interlocuteur. Mes paupières se levèrent faiblement. Elles se refermèrent subitement, aveuglées par la blancheur éclatante de la neige.
- Eh..tu vas bien ? insista la voix.
- Je crois oui..réplicais-je en fronçant les muscles de mon visage tout en ouvrant cette fois-ci complètement mes deux yeux.
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UNDERGROUND
FantasíaJe n'étais qu'un adolescent solitaire, perdu dans un petit village de Bulgarie avec mon père, absent dans mes gestes et dans mes pensées. Jusqu'au jour où au milieu de l'hiver j'ai découvert en moi un invincible été qui a rallumé la flamme éteinte d...