La première fois

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C'est gravé dans ma mémoire. La première fois.

La première fois de quoi me direz vous?

La première fois où j'ai décidé que ma place n'était plus dans ce monde. Plus dans la vie. La première fois où je me suis dis que la mort paraissait plus douce, plus simple. Je n'en pouvais plus, tout simplement.

Je n'en pouvais plus de les entendre se hurler dessus à cause moi. Mes parents. L'un me défendait, l'autre me rabaissait. Moi j'étais là à écouter aux portes, ravalant mes larmes. Les entendre se déchirer parce que j'ai fais ceci ou n'est pas fais cela.

Ma mère a sans cesse tenté de me convaincre que je n'y étais pour rien. Que ce n'était que des problèmes d'adultes. Mais je ne la croyais pas. Je ne l'ai jamais cru.

Si je n'avais pas été là, jamais il n'y aurait eu de dispute à mon sujet.

Je prenais déjà des antidépresseurs à ce moment là. Ma mère savait que je souffrais; mais elle n'en savait pas suffisamment.

Ce soir là après une de leur dispute, dans laquelle j'étais intervenue, j'avais décidé que tout était fini.

Je revoyais mon père soûl, et je l'imaginais boire encore. Je revoyais ma mère pleurer devant les atrocités que mon père me sortait. J'imaginais ma petite soeur, attendre en silence dans sa chambre, des larmes coulant sur ses joues, suppliant que ces cris incessants s'arrêtent.

Je ne voulais plus faire souffrir personne. Je ne voulais plus de larmes.

Ce soir là j'avais pris soin de verrouiller ma porte. J'avais pris mes ciseaux et zébré mon bras de milles et une coupures qui ruisselait de sang. Plus un millimètre de peau nette n'y apparaissait. Seulement du sang et des cicatrices.
Puis j'avais pris la planche d'antidépresseurs. J'avais retiré un à un les cachets, j'en avait une dizaine. Comme ça me semblait insuffisant, j'ai pris d'autres médicaments, prenant un ou deux cachets dans chaque plaquette que je trouvais.

J'en avait maintenant une vingtaine. Je sang coulait toujours. J'avalais les médicaments deux par deux.
2,
4,
6...

Quand j'eus avaler les derniers, j'étais assommée par la fatigue. Je laissais enfin un sommeil, que je pensais éternel, m'emporter.

Mais les rayons du soleil me réveillèrent le lendemain. J'avais échoué...

Soit la mort de voulait pas de moi soit la vie m'offrait une seconde chance.

Et je ne voulais accepter aucune de ses deux solutions.

Écrits D'une Enfant Fatiguée Par La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant