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Samedi 5 novembre, suite

LEO :

- Léo !  Hurla sa mère en descendant de sa vielle Clio rouge, sans même prendre le temps de couper le moteur.

Mais quelle mouche avait piqué son fils pour qu'il embrasse un garçon ? Ewen, pressentant le danger, se détacha de son partenaire. Il voulut partir en courant, mais c'était sans compter une Maelys en furie qui le prit par le col.

- Qu'est ce tu étais en train de faire avec mon fils ?  lui demanda-t-elle.

- Je lui roulais une énorme pelle, répondit Ewen avec insolence.

Maelys resserra son emprise sur le jeune homme qui avait à présent du mal à respirer.

- Maman ! Laisse-le, il n'a rien fait !  intervint Léo.

Sa mère lâcha Ewen qui n'osait plus bouger et elle se tourna vers son fils.

- Et toi ? Pourquoi tu es torse-nu ? Et c'est qui lui ?

- C'est Ewen...

- Ewen Spencer, compléta le concerné.

A l'entente du nom complet, Maelys se tourna d'un bloc vers Ewen, et c'est comme si ces yeux virèrent au rouge.

- Mathéo Spencer, dis moi que ce n'est pas ton père...

- Non. (Maelys soupira) C'est mon oncle !

- ALORS TU FAIS AUSSI PARTIE DE CETTE LIGNÉE DE CONNARDS !? (puis, vers son fils) LÉO DÉJÀ TU EMBRASSES UN GARÇON, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT AU FAIT QU'IL SOIT UN SPENCER ! TU LE FAIS EXPRÈS ?

- Mais maman... Je ne vois pas quel est le problème !, murmura-t-il mais sa mère l'ignora royalement.

- TOI, TU NE TOUCHES PLUS A MON FILS ET TU QUITTES MA MAISON IMMMEDIATEMENT, ET NE T'AVISE PAS D'Y REMETTRE LES PIEDS UN JOUR !

Leo jeta un regard désolé à Ewen qui partit en courant. Puis il partit chercher sa sœur qui avait assisté à tout le spectacle depuis la voiture et il descendit les sacs de courses.

EXTERNE :

Ce matin-là, Mathilde, l'assistante sociale du lycée, sortit faire une balade. En ce début de mois d'octobre, la température était basse mais la promenade en restait agréable.
Elle arriva rapidement à Firehall Park, puis elle s'installa sur un banc en chêne. Elle se sentait presque dans une autre dimension par rapport aux gens qui s'agitaient autour d'elle, comme s'ils ne la voyaient pas. Des jeunes parents s'occupaient de leurs enfants, des gens lisaient ou promenaient leur chien, des retraités se baladaient, des adolescents écoutaient de la musique, des couples se tenaient la main, d'autres s'embrassaient.
Mais Mathilde ne se contenait pas d'observer, car elle cherchait aussi à comprendre. Pourquoi cette femme avait l'air si triste ? Pourquoi cet enfant pleurait ? Pourquoi cet homme avait ses habits recouverts de boue ?

Mathilde voulait toujours aider et comprendre les autres, elle en avait d'ailleurs fait son métier. Ce métier lui donnait au moins l'impression d'être utile, ce qui au fond, n'était pas faux.
Mais à force de toujours penser aux autres, elle s'oubliait parfois. Elle vivait seule et avait quelques rares amis avec qui elle n'aimait pas passer trop de temps. Quand elle leur parlait, ils ne l'écoutaient pas vraiment. Ils préféraient l'action et le mouvement, tandis qu'elle préférait  faire travailler son esprit.
Elle passait tout son temps à reflechir. Elle réfléchissait beaucoup trop. Mais peut-on s'en empêcher ?

Elle était justement en train d'y réfléchir quand des gouttes de pluie commencèrent à tomber du ciel pour s'écraser lourdement sur le sol. Ce changement de météo emporta avec lui l'humeur de Mathilde. En voyant des parents crier sur leurs enfants de se dépêcher, des couples s'engeuler, des ados se faire insulter, elle se dit que finalement l'homme n'était qu'un être hostile et égoïste, à l'exception de quelques rares personnes qui étaient hypocrites.
La jeune femme monta dans le bus qui la ramènerait à son petit appartement dans le centre-ville historique. Elle s'assit sur un siège crasseux et planta ses pupilles dans le vague qui défilait sous ses yeux à travers la vitre du bus, tout en laissant ses pensées pessimistes divaguer.
Mais c'est alors que, quelques arrêts plus tard, une jeune fille prit place dans son champ de vision.

UN AMOUR IMPROBABLE [lewen]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant