3. Douleur, pleurs, cris, oubli

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Étonnée, ou plutôt éberluée, je regarde le corps sans vie de la bête avant de tourner la tête à droite et à gauche, comme pour vérifier une présence quelconque.
N'apercevant rien, seulement le vent agitant doucement la végétation, je cherche un endroit vers lequel je pourrai m'enfuir.
Tout n'est qu'instinct de survie.
Je me retourne donc pour courir le plus loin possible d'ici, du lion, de l'homme, de tout.
Je marche, puis cours avant de cogner quelque chose de dur brutalement.
Je lève la tête et aperçois mon ennemi.
Par réflexe, je recule le plus vite que je peux. Mais il s'en fiche, il s'avance vers moi. Il ne court pas, il a l'air calme. Tout en approchant, il sort de sa poche une dague, ou un poignard.
J'essaie de reculer, pétrifiée par la peur je n'y arrive pas. Je reste bloquée dans cette position pendant qu'il s'approche dangereusement.
Il m'attrape par le col et me fait un sourire sadique avant d'enfoncer son arme dans mon corps.
Je sens une douleur fulgurante dans le haut de mon ventre, un goût métallique envahit ma bouche, puis plus rien, le vide.

Noir complet.

Puis des flashs assaillent mon esprit, c'est atroce, l'arrière de mon crâne semble exploser, je tousse, tiens ma tête, et là ce fut pire.
J'hurle à n'en plus pouvoir, je souffre comme il n'est pas possible.
Mes pleurs se calment, apaisent ma douleur.

Noir complet.

Une gazelle.
Paisible, elle boit de l'eau.
Soudain alertée, elle lève brusquement la tête.
Un lion apparaît, comme celui qui s'est effondré.
Elle le voit , le regarde avec dédain.
Il s'approche, elle fuit.
L'animal retrousse les mâchoires, montre ses crocs avant de sauter sur la gorge de sa victime.
Un dernier regard vers moi.

Noir complet.

Douleur, pleurs, cris, oubli.

••••

J'ai l'impression de recevoir un choc, comme si de l'électricité parcourait tout mon corps.
Puis je ressombre dans une brume épaisse, qui apaise mes muscles endoloris.
Nouveau choc, beaucoup plus fort, je grimace de douleur, je sens mon coeur cogner dans ma poitrine, comme s'il essayait de s'enfuir de manière désordonnée, précipitée.
Je recommence à respirer, je ne m'étais même pas rendue compte que j'avais coupé ma respiration.
Puis je sens mes bras se détendre, je ne sens plus rien, je ne contrôle plus mon corps.

Noir complet.

Douleur, pleurs, cris, oubli.

••••

J'attrape mon plateau, le peu de nourriture qu'il y a a l'air dégueulasse.
Je souffle de mécontentement en espérant qu'à l'université, ça sera meilleur.
Quoique. Tout le pays manque d'argent et de nourriture.
Soyons déjà heureux de pouvoir manger et de ne pas mourir à cause de la radioactivité.
Je me tourne et repère directement ma soeur qui me sourit chaleureusement en me faisant signe d'approcher, sourire que je lui rends.
Elle est seule à sa table, ce qui m'attriste légèrement.
J'entends soudain quelqu'un hurler mon prénom, je me retourne et vois Léopold et la bande m'attendant à une table.
Je m'approche d'Athèna en lui disant de venir manger avec nous.
Plus j'avance plus j'ai l'impression que mes amis sont bizarres.
Je pose mon plateau à leur table pendant qu'Athèna semble vouloir s'asseoir, en tentant en vain de combattre une force invisible qui l'empêche d'approcher.
Je ne comprends pas ce qu'elle fait, elle est chiante sur ce coup là.
Je décide de la ramener sur terre.

《- Tu fous quoi Ath' ? Allez, arrête de faire la gamine et approche.》
Elle ouvre la bouche et semble bloquée, n'arrivant pas à parler.
Je me demande encord à quoi elle joue mais mes pensées sont interrompues par la voix de Léopold.
《- Non mais te fatigue pas, elle en vaut pas la peine. Et on veut pas d'elle à notre table, dit platement ce dernier.
- Pardon ? T'es pas sérieux là ?  Tu te fous de moi, c'est une blague c'est ça ? M'exclame-je, un rire nerveux m'échappant.
- Mademoiselle !  Venez donc à notre table, plutôt que de manger avec ces gamins ! Voyons, ils ne vous méritent pas.》

Je me retourne en soufflant, énervée par celui qui vient de nous interrompre. Mais je me stoppe dans mon élan lorsque je vois qui est en train de me parler.
Dites moi que je rêve.
Face à moi se trouve le premier ministre et le directeur du lycée.
Le premier ministre m'a parlé.
Il veut que je mange avec lui.
Au mon dieu.

《- Uhm, excusez moi, j'ai dû mal comprendre. Que souhaitez vous que je fasse ?
- Et bien, venez avec nous ! Je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire ! Vous êtes brillante et passionnante, sachez le.
- Oh, et bien merci ! Cela me touche. Et je dis cela sincèrement.》 Lâche-je, plus que ravie.

Je jette un dernier regard à ma soeur et mes amis, et réfléchis aux options qui s'offrent à moi :
Manger avec des gens que j'apprécie ou bien avec ceux qui m'offrent un avenir. Le choix est simple.

Je murmure un 《désolé》rapide à mes amis, leur sourit simplement puis suit le Premier ministre, fière et la tête haute.

Nous nous asseyons avant d'entamer une conversation très intéressante. J'essaie d'oublier qu'à cause de lui des gens vont devoir partir dans l'espace. Et aussi de moins le détester, car à un simple claquement de ses doigts je peux mourir ou bien être quelqu'un dans ce monde. Nous parlons économie et écologie, deux sujets qui me passionnent.
Il me demande ce que je pense de ce lycée et des professeurs et je commence à faire un discours faisant l'éloge de mes professeurs -comme on nous l'a appris.
J'allais ajouter quelque chose lorsque j'entends un cri strident derrière moi.

Je me retourne et vois une gamine, 12 ans je dirais, au sol.
À ses côtés, 2 autres filles de son âge,  sûrement ses amies.
Elles sont en pleurs, elles hurlent qu'elle est en train de mourir.
Et personne ne bouge, tout le monde s'en fiche.
Je plante là ces hommes politiques et accours auprès d'elles.
《- Qu'est ce qui s'est passé ?  Demande-je en panique
- Je.. Ne.. j'en.. sais rien.. Au mon dieu elle va mourir. S'exclame la petite brune.
- Mais non ne dit pas ça !》
Je tente de la rassurer mais je ne suis pas mieux, mes mains tremblent.
Je souffle un coup et essaye d'appliquer ce qu'on nous apprend depuis tous petits.
《- Vous deux, dégagez, laissez lui de l'air !  Allez chercher un défibrillateur !
- Tu sais t'en servir au moins hein ? Demande prudemment son autre amie.
- Oui bien sûr ! Allez, ouste !》
Je souffle, me concentre et prie intérieurement pour que cette gamine s'en sorte.
Les deux autres sont parties, c'est à moi de jouer.
《- Hey, tu m'entends ? Si tu m'entends serre mes mains ou bouge un doigt.》

Aucun signe.

Je commence à écouter son souffle et à rechercher un signe de vie, ils sont inexistants.
Aussitôt,  je la déshabille et commence un massage cardiaque.

1,2,3,4.
1,2,3,4.
1,2,3,4.

Et je recommence, encore et encore.

1,2,3,4.
2 soufflées de bouche à bouche.

Et je continue. N'attendant qu'une chose, qu'elle se réveille.
Je ne sais pas qui c'est, ni ce qu'elle a fait, mais elle ne mérite pas ça.
Elle mérite de vivre, de respirer.
Même si la vie ici n'est pas idyllique, il ne faut jamais désespérer.

Allez, il faut qu'elle se réveille.

《- Mademoiselle, mademoiselle arrêtez, c'est trop tard, s'en est fini pour elle.
- Non, non, non c'est impossible.
- Mademoiselle arrêtez de suite.》

Je jette un regard mauvais au professeur qui m'a parlé. Quel sans coeur... il peut laisser une enfant mourir sans la moindre pitié.

J'allais rétorquer, mais mes paroles se bloquent dans ma gorge, et une larme silencieuse roule sur ma joue.

C'est impossible.
Non je n'y crois pas, elle est si jeune et puis...

《- Simulation de l'épreuve numéro 3 réussie. Passage à l'épreuve numéro 4.》
Me coupe une voix robotique.

Mais qu'est ce qu'elle raconte je ne comprends pas.

Non. Ils n'oseraient pas.

Je sens une douleur assez superficielle dans mon avant bras, comme si on me piquait.
Puis des étoiles dansent autour de moi, et je m'effondre au sol.

Noir complet.

Douleur, pleurs, cris, oubli.

••••
Heeeey ! Ça va ?

Voilà le chapitre 3 ! J'espère qu'il vous plaît.

Il est super étrange et vous devez avoir l'esprit embrouillé mais c'est fait exprès, je suis diabolique 😈
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Enfin, je vous dis bonne nuit, à bientôt pour la suite ♡ #Séréna

Espace, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant