Chapitre 5

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           Les yeux rivés au plafond, le corps enseveli sous les couvertures, je savourais le calme avant la tempête. Je n'avais presque pas dormi de la nuit, ma hanche douloureuse n'avait eu de cesse de me faire grincer des dents, il m'avait été impossible de trouver une position confortable.

Il m'était arrivé, au cours des longues heures qui m'avaient séparée du lever du soleil, de regretter d'avoir refusé l'aide Teller. La coupure au-dessus de mon sourcil n'avait pas une belle allure, je pouvais le savoir simplement aux élancements qui pulsaient à mon front. J'avais une bosse de la taille d'un œuf et probablement une tête à faire peur. Je ne savais pas quelle heure il était, pas plus que je n'avais une idée du temps que j'avais passé à fixer le placo de ma chambre à coucher. Les rideaux tirés ne laissaient qu'à peine entrer la lumière du matin, j'avais pourtant la sensation que chaque rayon de soleil éveillait la douleur d'une migraine affreuse.

Je ne voulais pas me lever ni remuer le moindre membre. Je devais cependant récupérer Noopie chez ma voisine Suzanne, qui me gardait la chienne lorsque je travaillais de nuit, et évidemment, me rendre chez Nick Teller afin qu'il me remette la liste de ses ennemis. Toute motivation avait quitté mon corps, et je me sentais comme la pire des chasseuses de l'univers. Flemmardise et devoir ne rimaient pas ensemble, je devais trouver la force de repousser les couvertures pour m'extirper du lit.

Mais il faisait si chaud ici...

Mon portable se mit à vibrer. La sonnerie de l'appel résonna dans la pièce, insupportable et entêtante. Pulvériser l'appareil me traversa l'esprit, faire taire ce monstre de la technologie était indispensable pour ma santé mentale. Je n'avais pas envie de répondre, parler me paraissait infaisable, pourtant, j'extirpai un bras des draps et attrapai le smartphone. Avant de changer d'avis, je décrochai, sans même avoir pris la peine de m'informer du nom de celui ou celle qui cherchait à me joindre. Maudit soit-il.

— Tu peux m'expliquer ce que c'est cette histoire, Poppy Evans ? hurla la voix furieuse de ma patronne à l'autre bout du fil.

Ses cris agressèrent mes tympans, je fis la moue et fronçai les sourcils. Je me passai une main sur le visage avant de me pincer l'arête du nez.

— Ne crie pas si fort, Arlène ! Je ne suis pas prête pour ça.

— C'est quoi cette histoire d'attaque, Evans ? Parle avant que je ne rapplique chez toi ! insista-t-elle.

Je soupirai.

Aux alentours de 3 h du matin, après avoir nettoyé le sang sur le parquet du Teddy's et être rentrée chez moi, j'avais pris soin d'envoyer un message à ma patronne pour la prévenir de ce qui était arrivé au sein de son établissement. C'était la moindre des choses. Une table et quelques chaises avaient été cassées, lui expliquer la raison de ces dégâts m'avait semblé obligatoire. Je savais que la rouquine ne lirait pas le texto avant ce matin. La veille, elle avait quitté les lieux tellement ivre qu'il était évident qu'elle n'émergerait pas avant un moment. J'avais espéré qu'elle se lèverait plus tard que ça...

— Un imprévu, marmonnai-je, c'était juste un imprévu.

Alpha : La guerre des LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant