Chapitre 4

13.6K 996 210
                                    


         Mon visage n'avait pas trop morflé. Bon, j'avais une belle coupure au-dessus de l'arcade sourcilière gauche qui saignait encore malgré mes efforts pour faire cesser l'écoulement d'hémoglobine, ainsi qu'un bleu qui s'étendait déjà sur mon front accompagné d'une bosse douloureuse. Mais dans l'ensemble, je me portais bien. J'avais la migraine, certes, mais je ne me sentais ni nauséeuse ni à deux doigts de l'évanouissement. C'était plutôt bon signe ! J'avais de grandes chances de m'en tirer sans traumatisme crânien ! Ma hanche, en revanche, me faisait un mal de chien et m'obligeait à boiter à chaque fois que je me déplaçais. Malgré tout, je pouvais m'estimer heureuse d'être encore en vie. Les chances de survie face à un loup-garou étaient particulièrement minces lorsqu'on était humain et je l'étais irrémédiablement.

Nick Teller poussa la porte du Teddy's et entra dans le bar d'un pas décidé. Il arborait une mine si renfrognée que ses deux accompagnants préféraient rester à distance respectueuse de lui et des émanations de fureur qu'il diffusait dans l'air. Ses pas résonnèrent lourdement sur le parquet alors qu'il avançait dans ma direction, les poings si serrés que ses doigts avaient blanchi. Lorsque ses yeux gris rencontrèrent les miens, j'y vis toute la rage qu'il ne s'autorisait pas à extérioriser, celle qui paraissait le consumer intérieurement. Remuer les lèvres pour me parler lui coutait, il s'immobilisa à quelques centimètres de moi.

— Pour l'amour du ciel, dis-moi que tu vas bien, fulmina-t-il.

Je haussai un sourcil et regrettai immédiatement de ne pas m'en être abstenue. Ce simple geste éveilla le mal de tête qui se muait à la vitesse de la lumière en une migraine carabinée, je ne pus retenir la moue qui se dessina sur mon visage.

— Ça baigne, lui assurai-je, j'en ai vu d'autres.

Cette réponse ne sembla pas le satisfaire, il serra davantage ses mains ce qui eut pour effet de bander les muscles puissants de ses bras. Ses traits étaient si crispés qu'ils paraissaient taillés dans du granit.

Il m'avait semblé évident de téléphoner au loup-garou pour le prévenir de l'attaque qui avait eu lieu ici. Je n'aurais pas pu lui cacher cette agression indéfiniment et cela ne m'aurait avancée à rien. Nous devions travailler main dans la main pour réussir notre objectif commun : retrouver le meurtrier de Steven. De plus, je n'avais découvert aucun papier sur le lycan qui m'avait attaquée, rien qui ne puisse l'identifier.

L'homme n'avait rien emporté qui aurait pu le trahir, et je n'avais déniché aucune clé de voiture dans ses poches. J'étais sortie du bar pour tenter de trouver une caisse qui n'appartenait pas au voisinage, un véhicule qui aurait pu lui être attribué, mais j'avais fait chou blanc. J'en avais déduit que quelqu'un avait dû le déposer ici. Comme il n'avait pas de portable sur lui, et que l'idée était sans doute de ne rien égarer ici afin de ne laisser aucune preuve dont les chasseurs auraient pu se servir pour venger ma mort, il avait probablement prévu de passer un coup de fil depuis une cabine téléphonique pour avertir son complice que le sale boulot avait été fait. Mais les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu, puisqu'in fine, c'était lui qui avait cassé sa pipe. Pas moi. Humain ne voulait pas dire sans défense.

Je n'avais pas grand-chose sur le cadavre étendu sur le sol, j'avais espéré qu'en téléphonant à un Alpha reconnu, à un puissant chef lycan, j'obtiendrais plus d'informations sur l'intéressé. J'avais donc composé son numéro et il avait décroché aussitôt. Je lui avais rapidement conté la situation, l'intrusion d'un lycanthrope ici même l'avait mis dans une colère noire, il avait rappliqué en moins de 15 minutes, accompagné de son Bêta et d'un de ses Gammas : un grand tatoué au regard sombre que je n'avais jamais vu auparavant.

Alpha : La guerre des LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant